En séance de rédaction ce matin, je demande à ma collègue: «Tsitsipas, on en pense quoi?». «Très joli match», me répond-elle. J'insiste sur un point qui me paraît bien plus concernant: «Non mais Tsitsipas, on en pense quoi? «Ahh il est sublime!». Oui parce que l'aspect sportif, on s'en fout, on laisse ça à la rubrique Sport.
Dimanche 13 juin, 15 heures, court Philipe Chatrier à Paris. Le dieu grec entre dans l'arène, prêt à en découdre face à Novak Djokovic, tel Achille contre le Minotaure (ou un truc du genre, je sais plus). Stefanos Tsitsipas, ce sont 193 centimètres de muscles taillés dans le marbre, des boucles brunes délicatement dorées par le soleil et la mer Égée et un sourire sponsorisé par Signal White Now. L'Apollon est venu pour faire trembler ses admiratrices gagner cette finale de Roland Garros.
Moi, je suis là pour admirer le spectacle. Enfin, «là», derrière mon écran, quoi. J'ai pas le loisir de respirer le même air que lui dans le stade #jalousie. En plus, ça joue au tennis, c'est sympa de la part des organisateurs d'avoir pensé à le faire déployer son envergure d'aigle royal.
Cet Hercule de 22 ans qui peut râper du parmesan sur ses abdos nous régale, ma BFF et moi. On s'écrit, fébriles, pendant tout le match, en commentant chaque action.
Le pathétisme se poursuit en même temps que le match se corse pour le Grec.
Après un match où le jeune Zeus a couru pendant plus de 4 heures, le verdict tombe. Le héros que la Grèce attend depuis Ménélas, hélas, s'effondre. Son talon d'Achille, Novak Djokovic, met un frein à son ascension de l'Olympe. Le géant d'un mètre 93 est prostré sur son banc, il pleure sous sa serviette. Et moi dans mon salon.
Sur Instagram, ce matin, je tombe sur son dernier post. Café et émotions pour bien débuter la journée. Le jeune dieu grec dédie sa finale à sa grand-mère. «La vie ne consiste pas à gagner ou à perdre. Il s'agit de profiter de chaque moment de la vie. (...) Cinq minutes avant d'entrer sur le court, ma grand-mère bien-aimée a perdu son combat contre la vie. Une femme sage dont la foi en la vie et la volonté de donner et d'offrir ne peuvent être comparées à aucun autre être humain.» Je déteste encore plus Djokovic de l'avoir battu.
Mais on ne renvoie pas une victoire parisienne de Tsitsipas aux calendes grecques: le rendez-vous est pris pour le prochain Roland Garros. Pour l'instant, Stefanos (que j'appelle par son prénom, et alors?) m'a donné envie de me remettre à suivre le tennis. Pour des raisons tennistiques, évidemment.