Au Centre hospitalier régional et universitaire (CHRU) de Strasbourg, les professionnels de santé observent, «inquiets», la progression de la quatrième vague de contamination au Covid-19. Les bras manquent en cette période estivale.
Début juillet, pendant douze jours, aucun nouveau malade du Covid-19 n'avait été admis à l'hôpital, pour la première fois depuis 18 mois. Mais depuis, les «patients Covid» sont revenus, forçant les soignants, une fois de plus, à s'organiser pour libérer des lits:
Au CHRU, à une exception près, aucun des patients de la quatrième vague n'avait été vacciné. Et ils présentent, comparé aux vagues précédentes, une moyenne d'âge moins élevée.
«C'est cohérent avec les chiffres de l'épidémie: la tranche 20-30 ans est celle qui présente le plus fort taux d'incidence», souligne le professeur Lefebvre, chef du service d'infectiologie: «Pour citer deux exemples, ces derniers jours, nous avons hospitalisé deux personnes, âgées de 30 et 40 ans.»
«Le grand public imagine qu'une fois sorti de réanimation, le patient est sauvé, mais c'est beaucoup de rééducation», explique Florie-Anne Hofmans, une infirmière. «On a des malades qui reviennent, des personnes qui étaient complètement autonomes et qui ne peuvent plus se laver seuls, ni même tenir leur téléphone».
Face à la virulence du variant Delta et à la perte de vigilance quant aux gestes barrières, les médecins alertent sur le risque de contamination intra-familiale:
Malgré l'expérience accumulée depuis le début de la crise sanitaire, cette vague inquiète les soignants, notamment parce qu'elle arrive «à un très mauvais moment».
Depuis le 6 juillet, l'établissement est classé «hôpital en tension», confronté, comme chaque été, à un important déséquilibre: aux urgences, le flux de patients augmente, en raison notamment de la fermeture estivale de certains cabinets de médecine de ville, mais les services ne disposent pas de renforts, bien au contraire.
Ainsi, le service d'infectiologie affiche une capacité d'accueil réduite de moitié:
Trois étages plus bas, le professeur Ferhat Meziani, chef du service de réanimation, n'hésite pas à évoquer «le découragement et la démotivation» qui touchent certains professionnels. «Je n'arrive plus à dire aux équipes 'ça va bien se passer'».
Symptôme de cette situation dégradée, les arrêts maladie au sein du pôle sont aussi nombreux en juillet que sur l'ensemble du premier semestre. Alors, comme l'ensemble de ses collègues, il espère que la vague sera «la moins haute possible». «La solution, c'est de continuer à respecter les gestes barrières, et d'aller se faire vacciner», conclut-il. (ats)