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Ukraine: l'impressionnant bilan de la guerre

L'impressionnant bilan de la guerre en Ukraine en 8 graphiques

Image: AP
Un pays dévasté, des millions de réfugiés, des dizaines de milliers de soldats morts et énormément de victimes civiles: après une année de guerre en Ukraine, le bilan est impressionnant. Le point en graphiques.
22.02.2023, 08:2126.04.2023, 11:39
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Le 24 février 2022, l'Ukraine se réveillait au son des explosions et des sirènes antiaériennes: le début d'un conflit qui continue de faire rage, 365 jours plus tard. Après une année de combats, quel est le bilan chiffré de cette guerre? C'est compliqué.

Enormément d'estimations existent, mais elles sont souvent fragmentaires, incomplètes, parfois trompeuses et non vérifiées. Pour cette raison, nous avons décidé de nous baser sur des sources globalement reconnues comme fiables. Voici les derniers chiffres connus, en huit points.

100 000 soldats tués

L'artillerie ukrainienne en action dans la région de Kharkiv.Image: sda

Les pertes militaires

Evaluer le nombre des soldats tombés au combat est très difficile, mais une chose est sûre: la guerre en Ukraine est très, très sanglante. Et pour cause, son intensité n'a presque jamais baissé pendant une année, nous expliquait le spécialiste Alexandre Vautravers. A ce rythme, elle est en passe de devenir l'un des conflits les plus meurtriers de ces 200 dernières années.

Après une année de guerre, le bilan humain estimé est le suivant:

Ces chiffres proviennent de différentes estimations formulées par les services secrets américains, britanniques et norvégiens entre fin janvier et mi-février 2023. Selon ces trois bilans, les pertes russes oscillent entre 175 et 200 000 victimes. Ce chiffre comprend les morts, les blessés et les déserteurs. Le nombre d'hommes tués oscille, lui, entre 40 et 60 000. A cela on peut ajouter les pertes subies par le groupe Wagner: sur les 30 000 mercenaires neutralisés, 9000 sont morts, estimait récemment la Maison-Blanche.

Concernant les pertes ukrainiennes, les puissances occidentales deviennent plus évasives, les bilans sont communiqués de manière plus floue. Il ressort des estimations américaines et norvégiennes que les pertes ukrainiennes dépassent les 100 000 unités, mais on n'a pas d'informations concernant les morts.

Kiev avait parlé de 13 000 soldats tués en décembre, mais ce chiffre pourrait en réalité se monter à 30 000. Historiquement, les blessés sont le double du nombre de morts, nous expliquait Alexandre Vautravers. Les pertes russes et du groupe Wagner respectent ce ratio.

Les belligérants diffusent des chiffres considérés généralement peu fiables, ayant tendance à minimiser le nombre de leurs victimes et à gonfler les pertes ennemies. Moscou et Kiev ont tout de même reconnu avoir subi des pertes «importantes» et «considérables», respectivement.

12 000 véhicules perdus

Plus de 1000 tanks russes ont été détruits en Ukraine.Image: sda

Les pertes en équipement

Les intenses combats n'ont pas uniquement coûté un grand nombre de vies, mais ont également transformé l'Ukraine en une immense déchetterie à ciel ouvert: les belligérants ont perdu plus de 12 000 véhicules; au moins 7700 d'entre eux ont été détruits.

Le graphique suivant donne un aperçu des pertes, qui comprennent les véhicules détruits, endommagés, capturés ou abandonnés:

Ces chiffres ont été élaborés par le blog spécialisé Oryx, dont l'équipe ne considère que les pertes qu'elle a été en mesure de confirmer visuellement, à l'aide d'images open sources. Il s'agit donc d'un bilan fiable, mais, par sa nature même, minimisé. Une analyse de l'Institut international d'études stratégiques (IISS) a confirmé les évaluations d'Oryx, en présentant des nombres relativement plus élevés.

Ces deux évaluations montrent la même chose: Moscou a très probablement perdu la moitié des chars d'assaut déployés au début de la guerre. 1000 à 2300 tanks russes ont été détruits, sur 3000 au total. Les pertes ont été nettement plus faibles du côté ukrainien. Kiev a même réussi à inverser la tendance, en capturant plus de chars ennemis qu'elle en a perdus.

8000 civils tués

Quelque 400 civils ont été exécutés à Boutcha, près de Kiev, en mars 2022.Image: EPA

Les pertes civiles

La population ukrainienne a également payé un très lourd tribut de vies humaines. 21 293 civils ont été tués ou blessés, 8006 ont perdu la vie, selon la dernière mise à jour du bilan dressé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, diffusée le 21 février 2023. L'ONU dénonce «une catastrophe humanitaire» d'une ampleur «stupéfiante».

Un peu plus de la moitié des victimes (10 167) ont été enregistrées dans le Donbass, la région située à l'est du pays où les combats se concentrent depuis le printemps 2022. Quelque 8700 civils ont été tués ou blessés dans des villes qui ont été théâtre de combats ou de bombardements, comme Kiev, Kharkiv, Kherson ou Odessa.

Les Nations unies imputent la plupart des pertes aux «armes explosives à large impact»: les tirs d'artillerie lourde, les lance-roquettes multiples, les missiles et les frappes aériennes.

Comme souvent dans ces cas, le bilan réel est probablement plus élevé, alerte l'ONU. En novembre dernier, le général américain Mark Milley estimait à 40 000 le nombre de civils ukrainiens morts ou blessés, soit le double des considérations onusiennes.

636 crimes de guerre potentiels

Le 9 mars, une frappe russe touchait une maternité à Marioupol.Image: sda

Les crimes de guerre

Quand on parle de victimes civiles, le spectre des crimes de guerre n'est jamais loin. Et en Ukraine, des crimes de guerre ont été commis, a déclaré la Commission internationale indépendante d’enquête de l'ONU.

Attaques contre la population, hôpitaux bombardés, tortures et exécutions sommaires, les incidents sont nombreux.

Les chiffes ci-dessus ont été formulés par l'Agence de presse Associated Press et l'émission d'investigation Frontline, qui rassemblent, vérifient et documentent les preuves de crimes de guerre potentiels en Ukraine. Il s'agit d'une estimation très prudente - l'Ukraine parle d'au moins 34 000 crimes de guerre possibles - mais qui a le mérite de fournir une liste par catégorie.

Plusieurs ONG travaillent à la collecte de preuves. Human Rights Watch ou Amnesty International ont par exemple accusé la Russie d'avoir commis des crimes de guerre à Marioupol ou à Kramatorsk, où une attaque russe menée avec une arme à sous-munitions a tué des dizaines de civils en avril 2022.

8 millions de réfugiés

Plus de 8 millions d'Ukrainiens ont fui en Europe.Image: sda

La crise humanitaire

Le conflit n'était commencé que depuis quelques heures qu'une longue file de voitures s'ébranlait de la capitale ukrainienne. C'était le début de la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis les guerres de Yougoslavie: plus de huit millions de personnes fuyant l'Ukraine ont été recensées en Europe, selon les dernières données de l'ONU, datant du 15 février. Leur répartition actuelle est la suivante:

Plus de la moitié d'entre eux, à savoir 4,85 millions, bénéficient actuellement d'un statut de protection temporaire. En Suisse, quelque 75 000 personnes ont obtenu le statut de protection S, selon les chiffres diffusés par le Secrétariat d’Etat aux migrations.

L'écrasante majorité des réfugiés ukrainiens, soit 90%, sont des femmes et des enfants. La plupart des hommes âgés de 18 à 60 ans sont interdits de quitter le pays.

149 000 maisons détruites ou endommagées

Un immeuble d'habitation touché par une frappe russe à Marioupol, en mars 2022.Image: sda

Les dommages à l'infrastructure

Les combats, les sièges, les frappes aériennes et l'usage intensif de l'artillerie ont réduit en ruines plusieurs villes et localités ukrainiennes. Le montant total des dommages documentés causés aux infrastructures est estimé à 137,8 milliards de dollars, selon la Kyiv School of Economics (KSE)

Les habitations ont particulièrement souffert: 131 400 maisons privées et 17 500 immeubles d'appartements ont été endommagés ou détruits, pour un coût total de 54 milliards de dollars. Près de 195 000 voitures privées, 14 400 transports publics et 84 300 machines agricoles ont connu le même sort.

En outre, indique l'Institute for Religious Freedom, près de 500 bâtiments religieux ont été détruits ou endommagés.

16,6% de territoire occupé

Une affiche de propagande dans les rues de Lougansk.Image: AP

Les avancées territoriales

Quatre territoires ukrainiens appartiennent de facto à la Russie: en septembre dernier, Moscou annexait les régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijia suite à des référendums que Kiev et l'Occident ont qualifiés de fantoches.

Malgré les déclarations officielles, l'armée russe est loin de contrôler totalement ces territoires: dans les régions de Donetsk et Lougansk, les combats continuent de faire rage, tandis que les soldats de Moscou ont quitté le nord de la région de Kherson en novembre.

La surface aux mains russes continue de reculer depuis le mois d'août, moment où l'Ukraine a lancé deux vastes contre-offensives dans le nord et le sud du pays.

Selon les données élaborées par les cartographes bénévoles de War Mapper, à la fin du mois de janvier 2023, la Russie contrôlait 16,65% du territoire ukrainien, soit 100 490 km2, ce qui correspond à plus de deux fois la taille de la Suisse. Ce chiffre comprend également quelque 38 900 km2 de territoire occupé depuis 2015, soit la Crimée et une partie du Donbass.

Au sommet de son expansion, en mars 2022, la Russie contrôlait près d'un quart du pays (24,4%). Depuis l'automne, les fronts se sont figés et la situation stagne.

37 milliards de dollars d'aide militaire

Les chars allemands Leopard 2 font partie des dernières livraisons d'armes occidentales.Image: sda

L'aide militaire internationale

Deux jours à peine après le début de l'invasion, Washington approuve un premier paquet d'aide militaire destiné à l'Ukraine, d'une valeur de 350 millions de dollars. Les envois d'armes et d'équipements n'ont cessé de grandir depuis, tout comme la liste des pays supportant l'Ukraine de cette manière.

Les livraisons d'armes et d'équipements militaires ont atteint une valeur de 37,87 milliards de dollars, selon les données recueillies par le Kiel Institute for the World Economy. L'écrasante majorité des aides provient des Etats-Unis.

Si l'on considère pourtant l'argent investi en fonction du PIB de chaque pays, ce sont les Etats d'Europe de l'Est qui se révèlent être les plus dévoués: les aides livrées par l'Estonie, la Lettonie et la Pologne correspondent, respectivement, à 1,1%, 0,9% et 0,5% de leur PIB.

Tout cet argent se traduit par une avalanche d'armes. Depuis le début de la guerre, Kiev a reçu plus de 640 chars d'assaut, près de 2000 véhicules blindés, plus de 600 pièces d'artillerie, plus de 100 lance-roquettes multiples, 18 avions et 40 hélicoptères, selon les données recueillies par Oryx. Pour ne pas parler des milliers de munitions et armes légères livrées depuis les premiers jours du conflit.

Le bilan de la guerre est en somme dévastateur, et va sans doute encore grimper: le travail d'enquête mené au niveau international va compléter des estimations encore fragmentaires. Au-delà de cela, le conflit n'a surtout pas fini de réclamer son tribut humain, car il n'y a aucun espoir que les armes se taisent de sitôt.

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