«Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.» Le ministère lituanien des Affaires étrangères avait peut-être en tête cette citation célèbre de Camus lorsqu’il a conçu son guide Twitter des termes appropriés pour parler de la guerre en Ukraine. Oups! Il ne faut pas dire «la guerre en Ukraine», mais «la guerre contre l’Ukraine». Et même, pour être tout à fait juste: «la guerre de la Russie contre l’Ukraine».
Pour le pays balte, les expressions suivantes sont «incorrectes» et par conséquent à bannir: «crise ukrainienne», «guerre d’Ukraine», «conflit ukrainien» ou, donc, «guerre en Ukraine».
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Tout ce qui pourrait laisser penser que l'Ukraine a une part de responsabilité dans ce qui lui arrive doit être évité. «La Russie est l’agresseur», tiennent à rappeler les Lituaniens, un an après le début du conflit. Du conflit? De la guerre de Poutine contre l’Ukraine.
«Une terminologie incorrecte crée de l’incompréhension et risque de faire passer les victimes pour les auteurs» de leur propre malheur, insiste le ministère lituanien des Affaires étrangères. Mal nommer la guerre, c’est servir la «désinformation russe», affirme-t-il.
A la rédaction lausannoise de watson, nous n’avons pas toujours suivi ces conseils aujourd’hui promulgués, et certainement commettrons-nous à l’avenir d’autres entorses au vocabulaire guerrier conseillé. A watson Zurich, nos confrères alémaniques font plus attention: ils parlent toujours de Angriffskrieg, de guerre d’agression.
Excès de politiquement correct? Sans doute faut-il entendre autre chose: le rappel dramatique d’une situation tragique créée par la Russie, il y a exactement un an. Voisine directe de la Russie (l’enclave de Kaliningrad), la Lituanie sonne la mobilisation des consciences contre un seul coupable. Car la «guerre», on nous autorisera à la nommer ici d'un seul mot, évocateur sans être réducteur, risque d'être longue. (amn)