«Bonjour, je vous appelle pour cette histoire de lion à Epalinges». Si cette entrée en matière est improbable, elle est monnaie courante depuis jeudi soir, 31 mars 2022. Du moins en Suisse romande. Et oui, la présence supposée d'un fauve en liberté dans la région lausannoise a enflammé les médias jusqu'à ce qu'un communiqué de la police cantonale dégonfle, vendredi à la mi-journée, la piste folle du gros félin.
Qu'en est-il de l'unique photo dévoilée sur les réseaux? Quels indices ont été retrouvés sur les lieux? Le félin ne serait finalement qu'un (très) gros chien? Est-ce qu'un privé peut véritablement posséder un lion dans son jardin? Voici ce que l'on sait.
On ne va pas faire durer le suspense. Oui, vous avez le droit de posséder un grand félin à domicile, en Suisse, mais sous conditions. L'une des premières questions qui se posaient sur la présence de ce supposé lion dans nos contrées était de savoir s'il pouvait s'être échappé d'une résidence privée.
Ces autorisations doivent remplir trois conditions, selon le vétérinaire cantonal. La personne détentrice doit être au bénéfice d'une formation spécifique, mais aussi suivie par un expert et être en mesure de prodiguer des aménagements adéquats. Si vous souhaitez élever un lion, un guépard ou un tigre, jetez un coup d'oeil sur l'article 92 de l'ordonnance sur la protection des animaux ci-dessous.
Dans le cas qui nous intéresse, il n'y a actuellement pas de lion enregistré chez un privé dans le canton de Vaud, nous confirme le vétérinaire cantonal.
L'histoire du fauve qui se balade en liberté dans la région reste donc tout à fait plausible. Mais qu'est-ce qui exclut finalement l'hypothèse de la lionne? Et bien, c'est une histoire d'anatomie.
Giovanni Peduto explique que les traces découvertes sur les lieux par les autorités sont compatibles avec celles d'un canidé. Un autre détail, qui n'en est pas un dans cette affaire, se cache dans sa queue.
Les premiers indices, tels que les traces et la forme de la queue, laissent donc penser qu'il s'agit bien d'un canidé. Contacté par watson, le directeur du zoo de Servion, Roland Buillard, avoue qu'il doute encore de l'identité du fugitif.
Et la queue dans tout ça? Roland Buillard explique qu'il est extrêmement difficile de se baser sur une seule photographie, qui plus est, de mauvaise qualité. «Les autorités ont les outils et l'expertise nécessaires pour enquêter sur ce genre de cas. Si leurs indices montrent que c'est un canidé, je ne vais pas les mettre en doute, mais c'est une drôle d'histoire», nous glisse encore Roland Buillard.
La queue et les traces suffisent-elles pour tirer les conclusions actuelles? Selon le vétérinaire cantonal, il faut aussi prendre en compte le fait que l'on n'a pas retrouvé l'animal. En clair, si on met tout en oeuvre pour le traquer et qu'on ne le trouve pas, cela pourrait aussi vouloir dire que le fauve n'existe pas.
Car oui, c'est bel et bien un faisceau d'indices qui est pris en compte dans ce type d'enquête. Et, pour l'heure, aucun autre témoignage n'a été jugé pertinent dans cette affaire.
De son côté, la police vaudoise confirme que la photographie de l'animal est authentique et qu'elle provient directement du témoin principal.
Le vétérinaire cantonal ajoute que dans l'hypothèse où l'animal s'est échappé d'une résidence privée, le fait qu'il soit habitué à la présence d'êtres humains l'aurait vraisemblablement amené à se rapprocher des habitations. Ne serait-ce que pour chercher de la nourriture. Dans cette histoire, notre «lionne» se montre au contraire extrêmement discrète, voire «peut-être un peu trop», selon le vétérinaire cantonal.
Patrouilles de gendarmerie, police municipale lausannoise, brigade canine, détachement d'action rapide et de dissuasion (DARD), hélicoptère de l'armée (un Super Puma, qui plus est), gardes faunes, de nombreuses équipes se sont rendues sur le terrain à la recherche du supposé fauve. Lorsqu'on demande à la police vaudoise si les moyens n'étaient pas disproportionnés, la réponse est tranchée.
L'histoire de la lionne de Epalinges, qui avait si bien commencé le soir du 31 mars, a (pour l'heure) accouché d'une souris qui ressemble étrangement à un chien errant. Si les autorités semblent convaincues que ce n'est pas un canular, les jours prochains vont peut-être nous réserver quelques nouvelles surprises sur l'identité de notre fugitif.