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Personnel de la RTS formé à l'écriture inclusive. Va-t-on vers un flop?

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image: shutterstock, watson

Personnel de la RTS formé à l'écriture inclusive. Va-t-on vers un flop?

A la RTS, la première session de formation à l'écriture inclusive, qui fait tant débat, n'a réuni qu'une soixantaine de collaborateurs sur les près de 2000 employés de la chaîne publique romande. La deuxième session a lieu ce vendredi.
25.06.2021, 15:22
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«Nous étions une trentaine.» «Je dirais une soixantaine.» Les estimations varient. Elles renvoient au nombre de participants à la visioconférence donnée le 15 juin par le psycholinguiste Pascal Gygax. Cette dernière portait sur l’écriture inclusive et s’adressait au personnel de la Radio Télévision Suisse, la RTS. Une participation plutôt modeste, rapportée au nombre total d’employés de la chaîne publique, près de 2000. Rapportée, ensuite, à l’importance que semble accorder la direction de la RTS à la formation de ses collaborateurs à l’écriture inclusive, qui fait débat et polémique.

«Base scientifique»

La conférence en ligne de Pascal Gygax n’avait pas de caractère obligatoire. Il s’agissait d’«une présentation des tenants et aboutissants de l’écriture inclusive sur une base scientifique», précise Pascal Gygax, joint pas watson. L’exercice sera répété ce vendredi matin, comme prévu.

Le nombre de participants à la présentation du 15 juin, plutôt bas, «peut s’expliquer par l’horaire choisi ce jour-là, dans l’après-midi, à un moment où il est parfois difficile de se libérer», argue-t-on au sein de l’équipe chargée d’organiser la formation du personnel de la RTS à l’écriture inclusive. «Les prochaines fois, peut-être devrions-nous fixer les séances durant la pause de midi», ajoute-t-on.

Assez de gens pour remplir les «ateliers interactifs»?

Problème: cette présentation en deux sessions des enjeux de l’écriture inclusive, les 15 et 25 juin, par Pascal Gygax, est censée poser les bases des «ateliers interactifs», qui seront proposés dès l’automne au personnel de la RTS, dans le but d’approfondir la formation à ce sujet. Il se peut donc qu’il faille prévoir d’autres sessions introductives, après les vacances d’été, afin qu’un nombre suffisant de collaborateurs possède les bases théoriques de l’écriture inclusive, leur permettant d’enchaîner avec les «ateliers interactifs». Trop tôt, sans doute, pour parler de «flop», mais la participation ne semble pour l’heure pas au top, en termes quantitatifs.

Les absents auraient-ils eu tort? Une participante à la session du 15 juin a trouvé la présentation de Pascal Gygax «très intéressante». «C’est une histoire du langage qui nous était proposée, du Moyen Âge à nos jours, avec un biais masculin-féminin. Il y a eu une masculinisation de la langue au XVIIe siècle, sous l’influence de la bourgeoisie et de l’aristocratie.» Elle ajoute:

«Nous nous apercevons aujourd'hui que des mots au masculin, censés représenter les deux sexes, n'en évoquent en réalité qu'un seul, très majoritairement masculin»

Les collaborateurs inscrits à la session du 15 ont ainsi planché sur l'exemple suivant: « Les médecins ont été très éprouvés au cours de cette journée.» Que voit-on, en entendant le mot «médecins», des hommes ou des femmes ? Etc.

Psycholinguiste à l’Université de Fribourg, coauteur du livre «Le cerveau pense-t-il au masculin? Cerveau, langage et représentations sexistes» (éditions Le Robert), Pascal Gygax bénéficie d’une large couverture médiatique en Suisse romande, en symbiose avec la cause féministe, particulièrement active à la RTS. «J’ai rédigé une tribune qui doit prochainement paraître dans le journal Le Monde», indique-t-il.

«Les présentations de mon travail auprès de publics variés, dernièrement chez l’entreprise Logitech, ne se veulent pas prescriptives, assure-t-il. Je présente aux gens les effets de certaines pratiques langagières. L’écriture inclusive est une réponse à la masculinisation du langage. Elle regroupe l’ensemble des usages langagiers permettant de démasculiniser la langue. Elle ne se réduit de loin pas à la seule contraction des doublets, par exemple "employé.e.s", pour "employés" et "employées", avec ici recours au point médian.»

Côté RTS, la direction le jure: cette formation à l’écriture inclusive est purement volontaire. «On n’oblige personne, il n’y aura pas de sanctions.» Les (nombreux?) récalcitrants seront peut-être rassurés. Parmi eux, certains se sont inquiétés en haut lieu de ce qu'ils ont perçu comme un virage inclusif de la grande maison qui les emploie.

La Chancellerie fédérale dit «Nein»

En Suisse alémanique aussi, l’écriture inclusive nourrit la polémique. La Chancellerie fédérale, qui chapeaute l’administration, a mis le holà au «Genderstern», l’astérisque qui, ajouté à certains mots, signale le genre neutre, ni masculin, ni féminin, par égard pour les personnes transgenres. Exemple dans «Bürger*innen»: citoyens, citoyennes et neutre. En termes choisis, la Confédération refuse de céder à ce qu’elle considère visiblement comme une entreprise idéologique. Comme le relate le quotidien 24 Heures, «l’usage de l’astérisque exprime un positionnement sur un thème sociétal, à savoir la non-binarité. Ce que la Confédération ne peut pas se permettre de faire avant que "les discussions sociales, politiques et juridiques pertinentes aient eu lieu et que les décisions correspondantes aient été prises"». «Les publications officielles dans la langue de Molière sont soumises à des règles différentes. En vigueur depuis l’année 2000, le "Guide de formulation non sexiste" formule plusieurs recommandations, mais il ne dit rien sur les traits d’union ou points médians destinés à féminiser la langue », ajoute le quotidien vaudois.
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