C’est un appel à la mobilisation que lancent ces jours certains défenseurs de la loi CO2. Leur crainte: que la votation de dimanche ne tourne au cauchemar pour eux, un «non» représentant une échec de toute la classe politique, sauf UDC qui combat le texte.
A moins de dix jours de cette votation, l’issue du scrutin est pour le moins indécise. Les sondages publiés récemment montrent que le oui et le non sont au coude à coude. Surtout, ils montrent un «non» qui gagne du terrain un peu partout, même dans les zones urbaines.
Justement, c’est dans les agglomérations que tout va se jouer. Mais il y a un problème: selon des recherches de watson, le taux de participation est étonnamment bas dans plusieurs grandes villes du pays. Elles qui pèsent très lourd dans la balance politique suisse avec plus de 80% de la population. Elles qui restent aujourd’hui le plus grand réservoir de voix des défenseurs de la loi CO2.
Le cas de la ville de Zurich est particulièrement frappant. A quatre jours de la votation, le taux de participation est de 13 points inférieurs au scrutin fédéral de septembre 2020, où l’on votait, certes, sur des thèmes mobilisateurs comme les avions de combat. Il est aussi inférieur à celui de novembre dernier.
Le constat est similaire dans bien d’autres grandes villes du pays. A Genève, Lausanne et Saint-Gall, la mobilisation se montre plus faible que lors des derniers scrutins. Neuchâtel fait figure d’exception, mais le taux de participation actuelle – proche des votations précédentes – est «certainement quelque peu surévalué par rapport à la réalité» en raison d’une votation communale, nous dit-on à la chancellerie.
«Les données montrent qu'il y a une forte mobilisation dans les régions conservatrices, mais pas encore dans les régions urbaines», reconnaît Marie Seidel, porte-parole du WWF Suisse, qui lutte pour le «oui» à la loi CO2.
En parallèle, plusieurs signaux tendent à penser qu’une partie de l’électorat votera cinq fois «non» dimanche. Pour différentes raisons, comme l’expliquait watson à la fin du mois de mai.
Aussi, tel que l’écrit Le Temps ce mercredi, les deux initiatives agricoles soumises au peuple poussent l’électorat des régions rurales à se mobiliser pour un rejet de l’ensemble des textes en votations le 13 juin. Le quotidien y voit un réflexe de «neinsager», qui illustre une profonde colère contre ces initiatives «phytos».
En Suisse, peu de communes rurales fournissent toutefois des chiffres sur l’évolution de la participation, ce qui permettrait une comparaison. Nous en avons toutefois trouvé une, dans le canton de Berne. A Signau im Emmental, les autorités locales enregistrent une participation particulièrement élevée de 38,9% à cinq jours du scrutin. Là-bas, on explique notamment cette mobilisation – là encore – par les thématiques agricoles qui touchent particulièrement la communauté locale.
Le différence entre ville et campagne est aussi observée du côté de l’institut de recherche gfs.bern. «En majorité, les citadins soutiennent la loi CO2. Mais il manque une dimension affective ou personnelle qui pousserait à devoir absolument aller voter», estime ainsi Cloé Jans, directrice des activités opérationnelles et porte-parole.
Selon elle, les villes ne se sentent finalement pas tant concernées par les votations de dimanche. Tout le contraire des importantes mobilisations lors des campagnes «émotives» pour l’initiative pour des multinationales responsables, pour le congé paternité ou encore pour l’interdiction de la discrimination en raison de l'orientation sexuelle. Des thématiques probablement plus «urbaines».
Les choses sont bien différentes dans les communautés rurales, où la voiture et le chauffage individuel font partie de la vie quotidienne. «Les arguments du ''non'' à la loi CO2, selon lesquels elle conduira à une hausse des prix, sont plus susceptibles d'être entendus par les électeurs des régions rurales. A la fin du processus de formation de l’opinion, ils devraient se prononcer contre la loi», analyse encore Cloé Jans. Elle conclut: dans un sens ou dans l’autre, c’est bien la mobilisation qui déterminera du sort de la Loi CO2. Et pour l’instant, c’est le «non» qui gagne cette bataille.