«C’est un scandale, c’est une honte! Je n'ai pas envie de dire de vilains mots ou de m’énerver. Mais là, je ne comprends pas!». Le journaliste de la RTS Matthieu Juttens était dépité, à l'antenne, juste après que les juges ont retiré à Fanny Smith sa médaille de bronze en ski cross.
Une consternation partagée par beaucoup, sur les réseaux sociaux et sur place, à Pékin. «Tout le monde est aussi déçu ici, c'est dommage pour notre sport», déplore Guillaume Nantermod, ex-coach de Fanny Smith et présent aux JO avec l'équipe de Grande-Bretagne. Le Valaisan, joint par watson juste après la course, fait lui aussi la grimace. Et pourtant, il comprend la décision des juges:
Le Chablaisien valide, mais n'applaudit pas. Il regrette le manque de psychologie des trois membres du jury. «Si j'étais juge, je n'aurais pas retiré sa médaille à Fanny», tranche-t-il. «Ils ont appliqué les règles trop à la lettre et ont oublié l'esprit du sport, la réalité de la course.» L'expert enchaîne:
Directement après la course, une réunion de crise a eu lieu: les trois juges ont été débriefés par quatre entraîneurs (d'athlètes qui ne participaient pas à la finale). «L'objectif est de les sensibiliser à l'esprit de la course, à son mouvement, parce qu'ils se focalisent parfois trop sur le moment litigieux en question», explique Guillaume Nantermod.
L'actuel coach des équipes de ski cross et boardercross britanniques s'étonne aussi de la durée qu'ont mis les juges à visionner les images, avant de retirer la médaille. «10 minutes aux JO, c'est extrêmement long!»
L'observation est la même chez Fabio Burgener, avocat genevois et grand amateur de sport, particulièrement actif sur Twitter après la course. «L'un des principes fondamentaux du règlement applicable est que le doute doit profiter à l'athlète accusé d'une faute», rappelle-t-il.
En suivant ce raisonnement, la Villardoue aurait dû conserver sa breloque.
A en croire Fabio Burgener, la justice ne pourra rien faire pour que Fanny Smith puisse récupérer sa médaille. «Swiss Ski veut déposer un recours, mais ça ne changera rien», appuie Guillaume Nantermod.
Une fin de Jeux olympiques bien cruelle pour Fanny Smith, qui avait livré une véritable course contre-la-montre pour être présente à Pékin, après une blessure lors d'une chute en compétition il y a un mois.