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L’armée suisse irait bien faire sa pub dans les écoles secondaires

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L’armée suisse irait bien faire sa pub dans les écoles

Faire entrer l’armée suisse dans les classes du secondaire II, c’est une des idées du Conseil fédéral pour pallier au manque d’effectif, notamment féminin, dans les écoles de recrues. Bon plan?
10.07.2021, 11:4010.08.2021, 17:20
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Et pourquoi l’armée n’irait-elle pas directement dans les salles de classe pour faire sa tournée promotionnelle? Pour mettre en avant son utilité, elle qui souffre d’une image vieillotte, voire parfois carrément négative… Elle qui risque surtout d’être en sous-effectif d’ici une dizaine d’années et qui tente d'augmenter la part de femmes dans ses rangs (0,9% des
140 000 recrues aujourd’hui).

Le Conseil fédéral voit cette idée d’un bon oeil, alors que les journées de présentation de l’armée pour les femmes sont, encore aujourd’hui, volontaires. Pour nos élus fédéraux, il serait bien que, d’une façon ou d’une autre, l’armée débarque dans les écoles du niveau secondaire II (collèges, gymnases, écoles professionnelles, etc.), dans le cadre d’événements ponctuels de sensibilisation. Une envie parmi d’autres exprimée dans un rapport sur les effectifs de l’armée publié il y a quelques jours. On parle concrètement de «Journées» ou des «Semaines de la sécurité».

Ce serait une première en Suisse romande, selon nos recherches, bien que l’idée n’en est qu’à ses débuts. «L'impulsion a été donnée par un rapport du groupe de travail «Femmes à l’armée», dans lequel il était suggéré de compenser le déficit de connaissances des femmes sur l'armée par une journée d'information», nous apprend Daniel Reist, porte-parole de l’armée.

Daniel Reist
Daniel Reistkeystone

Dans ce document de mars 2021, le concept va en fait encore plus loin et parle d’une intégration d’aspects de la politique de sécurité dans la liste des sujets enseignés au secondaire II, aux côtés de l’économie, de l’environnement, de la société ou de la culture. Des aspects qui pourraient être présentés non seulement par l’armée, mais aussi par la protection civile, le service civil, la police ou les pompiers.

Mais tout ça, «c’est l'affaire des cantons», relève Daniel Reist. En priorité, les conférences intercantonales qui devront être parties prenantes.

Pas si simple à organiser

Justement, de leur côté, on assure ne rien savoir de ce projet. Pierre-Antoine Preti, secrétaire général adjoint au Département de l’instruction publique (DIP) du canton de Genève, souligne quand même qu’il n’y a pas de procédure ou critères particuliers pour décider d'une journée ou d'une semaine à thème.

Il nous donne un exemple récent: dans le canton, ont été organisées quelques journées thématiques à la suite des grèves du climat. «Mais cela venait d’une mobilisation des élèves eux-mêmes, et nous sentions qu’il y avait matière et intérêt à parler de ce sujet. Si l’idée vient de l’armée directement, d’«en haut», c’est différent…», abonde Pierre-Antoine Preti.

Johanna Gapany s’interroge

Chez les politiques, l’idée est accueillie avec un enthousiasme modéré. «C’est une bonne chose que l’armée et le DDPS reconnaissent qu’il y a non seulement un problème d’effectif, mais aussi un problème d’image», réagit en préambule Johanna Gapany, conseillère aux Etats (PLR/FR). De ce point de vue, l’idée d’aller dans les écoles est saluée.

Johanna Gapany
Johanna GapanyKeystone

Mais quand même:

«Depuis plusieurs années, tout le monde essaye d’amener dans les écoles différentes thématiques, que ce soit les questions liées aux déchets, à l'alimentation, au climat ou autres.... Ce sont des thématiques essentielles mais elles ne doivent pas impacter la mission de base et la qualité de l'enseignement»
Johanna Gapany, conseillère aux Etats et membre de la commission de l’éducation.

Du côté de Fabien Fivaz, conseiller national écologiste neuchâtelois, donner mandat à l’armée, d’enseigner les enjeux de sécurité aux étudiants, ne sert strictement à rien. «Tous les rapports le montrent: les menaces les plus importantes qui pèsent sur le pays sont les pandémies, les catastrophes naturelles et les problèmes d’approvisionnement électrique. Ces menaces demandent des réponses civiles plutôt que militaires», estime-t-il. Face aux élèves, l’armée ne serait donc pas neutre pour aborder ces thématiques.

«Ce n’est pas à l’armée de donner ce type d’enseignement. Sur le sujet des menaces actuelles, elle n’est tout simplement par crédible»
Fabien Fivaz, conseiller national membre des commissions de l’éducation et de la politique de sécurité.

De bords opposés, les deux parlementaires se rejoignent sur un point: l’armée a besoin d’être réformée en profondeur, et la réflexion ne peut se limiter à la recherche de moyens pour remplir les garnisons.

Fabien Fivaz
Fabien Fivazkeystone

Il est grand temps que le Conseil fédéral s’interroge sur le rôle de l’armée et sa capacité à répondre aux menaces actuelles. «Et pour cela, elle n’a pas besoin d’aller dans les écoles…», souffle Fabien Fivaz.

Vers un service citoyen

Pour Johanna Gapany aussi, le moment est venu d’élargir la réflexion. Elle renvoie ainsi vers l’initiative populaire pour un service citoyen, dont l’objectif, en substance, est de réinventer l’obligation de service. En gros, on remplacerait cette obligation «masculine et militaire», comme l’écrit Heidi.news, par un engagement de milice pour tous dont les options seraient élargies à toutes les tâches d’intérêt public.

De là, l’information, notamment sur l’armée, pourrait être améliorée. Et pourquoi pas permettre d’augmenter son attrait et, partant, ses effectifs. Pas encore lancé, le texte dispose d’un large soutien dans la classe politique et séduit même dans les rangs de l’armée. Aux dernières nouvelles, l’initiative devrait être lancée dans le courant de l’année.

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