«Les enfants pleurent, se débattent, hurlent à la mort, sont maintenus de force par leurs parents, eux aussi, à bout.» Les mots de Lara, préparatrice en pharmacie à Toulouse, sont forts pour décrire son quotidien dans un centre de dépistage de Covid-19, relayé lundi par BFMTV.
Depuis la rentrée et le retour des vacances de Noël, en effet, un nouveau protocole applicable dans les établissements scolaires est en vigueur. Il prévoit de garder les écoles ouvertes coûte que coûte. Et pour ce faire, il impose à chaque cas positif au Covid-19 détecté dans une classe, que tous les élèves se fassent tester trois fois:
Cette exigence met les centres de tests français fortement sous pression. «On ne peut pas tester une classe entière à 19 heures car il y a un cas positif», déplore la préparatrice dans un post Instagram, adressé directement au gouvernement français.
Dans sa lettre, Lara met surtout en avant les conséquences de cette nouvelle stratégie sur les écoliers.
Elle constate chez certains parents une volonté de faire tester leur progéniture à tout prix, et qui sont dans l'incapacité de les faire garder en cas de test positif: «Parfois, je refuse de tester un enfant dans ces conditions, et c'est alors que le parent me supplie en pleurant de tester et d'infliger cette souffrance à son enfant».
«Parfois l'enfant est positif, et je vois alors des parents paniquer, pleurer, gronder punir et menacer l'enfant qui "n'a pas fait assez attention à l'école". Parfois, je dois refuser de tester, parce que je n'ai pas le temps», écrit-elle encore.
Le témoignage de la soignante est révélateur du climat difficile auquel le personnel des centres de dépistage se retrouve fréquemment confronté:
«Les patients sont fatigués, anxieux, en colère, énervés, et moi aussi», soulève la jeune femme. «Alors quand je sors du travail, je pleure. Je pleure d'être celle qui martyrise les enfants, celle qui fait pleurer les enfants et leurs parents, celle qui doit tester de force des dizaines d'enfants à la sortie de l'école. Ces enfants qui n'ont rien demandé à personne», achève-t-elle en conclusion.
Le post de la préparatrice en pharmacie n'a pas laissé indifférent: lundi soir, il a récolté plus de 235 000 likes. Reste à voir si les principaux interpellés, à savoir Emmanuel Macron, le ministre de la Santé Olivier Véran et celui de l'Education Jean-Michel Blanquer, réagiront à leur tour.