Sport
Hockey sur glace

Le capitaine de Gottéron Julien Sprunger a aimé l'ambiance à Berne

Julien Sprunger a aimé l'ambiance à Berne mardi soir.
Image: keystone

Comme Julien Sprunger, la haine des fans adverses les dope

Le capitaine de Fribourg-Gottéron a beaucoup apprécié retrouver du public, mardi soir à Berne, même si le climat était hostile à son équipe. Avant lui, d'autres athlètes se sont délectés de l'animosité à leur égard. Parmi eux, l'ex-footballeur Carlos Varela, qui nous explique ce paradoxe.
08.09.2021, 17:2808.09.2021, 18:14
Suivez-moi
Plus de «Sport»

Elles peuvent tétaniser ou, au contraire, motiver les joueurs adverses. Les ambiances dans les stades ou patinoires jouent souvent un rôle dans le déroulement d'un match. Comme beaucoup avant lui, le capitaine de Fribourg-Gottéron Julien Sprunger n'y est pas resté insensible, mardi soir, à Berne.

«Franchement, se faire siffler par 12 000 fans était presque jouissif. Je ne pensais pas dire ça un jour»
Julien Sprunger, dans La Liberté

Le contexte explique cet enthousiasme: ce premier match de la saison de National League coïncide avec le retour du public dans les enceintes, après un dernier exercice joué quasiment en entier à huis clos.

D'autres sportifs n'ont pas eu besoin d'attendre ce contraste post-pandémie pour se délecter de l'hostilité du public adverse et la retourner en avantage.

Grand respect pour ses détracteurs

Carlos Varela en fait partie. Dans tous les stades où il a joué, l'ancien milieu de terrain de Servette, Young Boys et Xamax, entre autres, n'a laissé personne indifférent. Hargneux sur le rectangle vert, parfois provocateur, l'actuel consultant de Blue était autant adoré par ses propres supporters que détesté par ceux des autres équipes.

Carlos Varela (en jaune) apprécie revenir à Sion, là-même où il était souvent conspué quand il était joueur.
Carlos Varela (en jaune) apprécie revenir à Sion, là-même où il était souvent conspué quand il était joueur. image: keystone

Mais cette hostilité ne l'a jamais blessé. Bien au contraire. Il la comprend totalement. «J'ai toujours été convaincu que le foot professionnel ne vit qu'à travers le public. Quand je jouais, je pensais à la famille pour qui venir au stade est l'excursion du week-end, pour le mec qui trime au boulot pour se payer un billet. J'étais obsédé par la victoire pour eux, mon but c'était de finir carbonisé sur le terrain», s'exalte l'ex-pro.

Alors forcément, une telle rage de vaincre entraîne parfois des excès d'engagement sur la pelouse. Qui ne manquent pas de chauffer les fans adverses. Mais Carlos Varela, défenseur acharné d'un football populaire, leur pardonne entièrement:

«Quand je retourne commenter des matchs à Sion, les supporters valaisans me disent "On adorait te détester!". Et c'est normal, ils ont raison! Parce que quand tu es un vrai fan d'une équipe, tu détestes le mec sur le terrain qui se défonce contre la tienne. Payer un billet, ça te donne aussi le droit de siffler et de te défouler sur les adversaires»
Carlos Varela, ancien footballeur professionnel et désormais consultant

Le quarantenaire avoue avoir du respect pour ceux qui, jadis, l'insultaient depuis les tribunes, parce que c'est justement le signe qu'ils sont des amoureux de leur club. Peu importe lequel.

Pour certains, des raclettes...

Si le Genevois a autant de recul sur sa carrière et l'environnement du football, c'est aussi et surtout parce qu'il sait depuis le début que ce sport est avant tout un spectacle. Un jeu. «Pendant une heure trente, je me mettais dans un rôle. Mais dès la fin du match, je redevenais moi-même, toute ma rage disparaissait», rembobine-t-il.

C'est aussi ça qui lui permet aujourd'hui de retourner manger des raclettes avec les fans du FC Sion avant les matchs à Tourbillon, là-même où le public s'acharnait sur lui il y a une dizaine d'années. «A Saint-Gall, je me faisais insulter par les supporters pendant 90 minutes, Mais je restais souvent en ville après les matchs, et ces mêmes personnes venaient vers moi pour faire des selfies!», rigole l'ancien trublion.

Logique donc que l'hostilité d'un public ne soit que positive quand on arrive autant à faire la part des choses que Carlos Varela. D'autant qu'elle boostait sa confiance en lui: «On ne te siffle que si tu es un bon joueur, parce que le public adverse a peur de toi», argumente-t-il.

... Et pour d'autres, des bières et des chewing-gums

Une autre figure du football suisse a aussi su profiter de cet acharnement contre lui. Luca Ferro, ancien portier de Neuchâtel Xamax (2008-2011), puis entraîneur des gardiens, savait y faire. Son poste était particulièrement exposé, avec les fans adverses juste derrière la cage.

Plusieurs fois arrosé de bière, il n'avait pas résisté à l'envie de tester le breuvage offert par les fans de Sion et de Lucerne. Lors de ces deux parties, l'Italien avait étanché sa soif en buvant une gorgée dans l'un des gobelets lancés à ses pieds. Face à Young Boys, c'est avec un paquet de chewing-gum qu'il avait nargué de la même façon ceux qui tentaient de le perturber, non sans les remercier après s'être servi.

Le gardien neuchatelois Luca Ferro, est content apres un arret, lors de la rencontre de football de Super League entre le FC Sion et le FC Neuchatel Xamax, ce dimanche 21 fevrier 2010 au Stade de Tour ...
Charismatique et extraverti, Luca Ferro laissait très souvent éclater sa joie après des arrêts décisifs. Image: KEYSTONE

Son confrère Lionel Letizi, ancien dernier rempart du PSG notamment, avouait à So Foot en 2012 opter, lui, pour l'indifférence. Mais il reconnaissait qu'un public hostile, «ça fait plus rire qu’autre chose, d’autant que ça amène une certaine forme de motivation.»

Un défi supplémentaire

Oui, les sportifs de haut niveau adorent la compétition. Alors quand de nouveaux adversaires en tribune s'ajoutent à ceux sur le terrain, ils voient un nouveau challenge. L'ancien footballeur international français Sydney Govou avait apprécié celui proposé par les fans de Fenerbahçe, en 2004, dans le bouillant stade Şükrü Saracoğlu d'Istanbul. Il s'y était imposé avec Lyon. «On a eu la chance de calmer tout le monde assez rapidement. On s’était servi de cette ambiance en se disant: "On va les éteindre!" C’était un challenge pour nous», confiait l'ex-attaquant à Radio Scoop.

La ferveur des fans de Fenerbahçe, en vidéo

La gestion mentale d'un match en lien avec le public est toujours subtile: savoir profiter de l'environnement, avec ou contre soi, sans être déconcentré, au risque de sortir de la partie. Ou ne pas craquer nerveusement et se faire expulser, par exemple. Mardi soir, les hockeyeurs de Fribourg-Gottéron ont trouvé le bon dosage: ils se sont imposés 6-3 dans la capitale face au CP Berne et ont parfaitement lancé leur saison 2021-2022.

Rhubarbe, le chien qui adore la moto
1 / 10
Rhubarbe, le chien qui adore la moto
Rhubarbe a plus d'une corde à son arc.
partager sur Facebookpartager sur X
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«Le gardien de Davos est entré dans la tête des Lausannois»
Sandro Aeschlimann dégoûte les attaquants du LHC depuis cinq matchs. L'acte VI est prévu ce mercredi et c'est celui de la dernière chance pour les Vaudois. Doivent-ils changer leur manière de jouer?

Depuis le début du quart de finale des play-offs entre Lausanne et Davos, le scénario est toujours le même: les Vaudois s'épuisent en multipliant les shoots en direction d'un Sandro Aeschlimann exceptionnel, tandis que les Grisons opèrent en contre de façon redoutable. Résultat: le LHC est mené 3-2 dans la série par un adversaire bien moins fort que lui. Toute la question, à l'aube du 6e acte ce mercredi (20h), est de savoir si Lausanne doit continuer à jouer de la même manière s'il veut avoir une chance de se qualifier pour les demi-finales.

L’article