Souvenez-vous: à la fin du printemps 2021, les délégations suisses qui devaient se décider pour le choix du futur avion de combat de l'armée avaient fait miroiter à Paris la possibilité d'acheter des avions de combat Rafale, tout en sachant pertinemment que le choix helvétique se porterait sur les F-35 américains.
D'autres détails de cette manœuvre remontent désormais à la surface. Selon la SRF, qui assure détenir ses informations de quatre sources solides, les négociateurs suisses ont tenu la France en haleine jusqu'au dernier moment, quelques jours à peine avant de prendre la décision de se tourner vers les avions américains.
Une lettre signée de la main de Ueli Maurer, conseiller fédéral en charge des Finances, aurait été envoyée à son homologue français Bruno Le Maire le 23 juin 2021. Elle affirmait que la Suisse était prête à acheter des avions français... si l'Hexagone se décidait à faire quelques gestes politiques en notre faveur. Le document a été classé secret.
Le deal? Paris devait verser aux huit cantons limitrophes de la France une part supplémentaire des recettes fiscales tirées sur le salaire des frontaliers franco-suisses, soit une somme de 3,5 milliards de francs sur dix ans.
La lettre indiquait également que la diplomatie française soutiendrait la Suisse en termes de politique européenne. Une sacrée promesse, d'autant plus que celle-ci a été formulée un mois après l'abandon de l'accord-cadre Suisse-UE par Berne.
Bruno Le Maire a répondu favorablement à la lettre de Maurer, dans une réponse arrivée sur le bureau du Conseil fédéral le 28 juin, soit cinq jours plus tard. Le ministre français lui-même aurait qualifié cet accord d'«historique». Le 30 juin, les Sept sages se décident pourtant pour le F-35 américain.
Les autorités françaises ont appris par la suite, via la presse, que Berne n'avait jamais prévu d'acheter les Rafales. Paris, vert de rage après avoir découvert la supercherie, est en froid avec la diplomatie suisse depuis.
Le département de Viola Amherd a préféré faire porter la faute sur Ueli Maurer et le Département fédéral des Affaires étrangères d'Ignazio Cassis et ne désire pas faire d'autre commentaire. Elégant. (acu)