Les années 2000, c'était super. Encore plus comparé à aujourd'hui. Voici la preuve avec sept chapitres qui manquent parfois d'objectivité (mais seulement parfois).
Douce époque où on pouvait porter une cravate autour du cou comme Avril Lavigne et être cool. Alors OK, c'était pas élégant. Mais l'élégance était une notion toute relative: les mecs se faisaient des pics de gel, les filles s'étalaient du fard à paupières blanc avec les doigts (pas la peine de nier les meufs, on l'a toutes fait), on portait des casquettes Von Dutch (pas moi) et on trouvait Paris Hilton trop cute. Alors que maintenant, Avril Lavigne, plus personne ne sait qui c'est, et même les traders ne mettent plus de cravates (sauf ceux qui n'ont rien compris, alors ne leur confiez pas votre argent).
On se rappelle avec tendresse des compil' qu'on se faisait en téléchargeant les tubes de Britney. L'interface de LimeWire était dégueulasse, souvent, on tombait sur une qualité pourrie après 27 minutes de téléchargement, mais c'était une aventure en soi. La fermeture du site a eu lieu en 2010, comme pour symboliser l'arrivée d'une autre décennie qui s'annonçait déjà moins cool. En 2021, la Gen Z ne sait même pas ce qu'est LimeWire et squatte la version gratos de Spotify en s'énervant quand il y a des pubs.
On était des artistes-peintres, à badigeonner nos trousses et nos sacs Eastpak de Tipp-Ex, à écrire le nom de notre crush ou de notre groupe préféré. Et surtout, à afficher nos valeurs. Car il n'y avait que deux teams: Les Yos qui écoutaient du Eminem ou les Skaters qui écrivaient «FLY» sur leurs sacs, pour Fuck Les Yos. C'était une manière d'être rebelle sans se faire démonter par ses parents. «FLY, ça veut dire quoi sur ton sac ma chérie?» «Ça veut dire vole, en anglais, c'est la liberté». J'en reviens pas que ma mère ait gobé ça.
Cette vieille phrase qui sonnait un peu comme un «pitié, aimez-moi», l'équivalent actuel du «donnez des likes à ma photo, je souffre du manque d'attention». La belle époque des Skyblogs façon xXx-kyliie08-xXx où on publiait des horreurs prises avec notre appareil photo numérique, sur lesquelles on rajoutait du glitter à outrance grâce à Blingee. Avec le recul, c'était moche, mais c'était quand même plus créatif que ce qu'on trouve sur Instagram (et dans 20 ans, j'écrirai la même chose avec la nostalgie des merdes qu'on postait en 2021 sur Instagram, oui).
Après avoir passé une journée entière avec nos camarades à écrire «Vive le skate» sur nos sacs, on se retrouvait sur MSN pour continuer nos conversations d'une profondeur abyssale: «Cc sa va tu fé koi?» «ri1 é toi?». Ça enchaînait sur l'invariable «va sur mon blog, lâche tes comms stp». Et quand l'autre ne réagissait pas assez vite... Wiiizzz! Tout l'écran se mettait à trembler, on sentait presque les murs vibrer aussi. Insupportable. Ça me manque.
«Ta mère est tellement grosse qu'elle saute à la corde avec des chapelets de saucisses!» Alors ça fait moins rire aujourd'hui, mais à l'époque, si. C'était dans l'émission Yo Momma, où des petites frappes de la répartie se balançaient des horreurs sur les mamans. On passait des heures devant Pimp My Ride avec Xzibit qui retapait des épaves, Made qui retapait des ados pas populaires, Next, Room Raiders, My Super Sweet 16... Avec des présentateurs sympas, comme Ashton Kutcher dans Punk'd. Aujourd'hui, MTV recycle ses émissions avec notamment 17 ans et maman, façon «que sont-elles devenues?». Bah vieilles, comme nous.
Christina Aguilera et le mythique clip de Dirrty qu'on regardait en cachette tellement c'était chaud, JLo et son tube Jenny From The Block sur lequel on s'enjaille encore aujourd'hui, Yeah de Usher qui rend tout le monde fou en boîte (enfin, quand il y avait des boîtes)... Des clips dans lesquels on portait un baggy et une casquette de livreur de journaux avec une élégante nonchalance, des sons qui chatouillaient notre âme, des artistes qui avaient la fame. Depuis, les tubes d'Usher sont portés disparus, JLo a sorti en 2015 Ain't Your Mama (en français «j'suis pas ta mère», ça sonne moins glamour qu'avant) et Christina... Christina who?