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La Suisse devra-t-elle imposer la vaccination sans le dire?

Philippe Nantermod (PLR/VS), à gauche, et Vincent Maitre (Le Centre/GE) ont un avis sur la question.
Philippe Nantermod (PLR/VS), à gauche, et Vincent Maitre (Le Centre/GE) ont un avis sur la question.Image: keystone / shutterstock

La Suisse devra-t-elle imposer la vaccination sans le dire?

De plus en plus d'élus suisses estiment, à plus ou moins haute voix, qu’il est temps de serrer la vis au sujet des Suisses toujours réticents à se faire vacciner. Plusieurs possibilités sont déjà évoquées, en voici quelques-unes.
22.07.2021, 05:5122.07.2021, 07:23
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Les indices se multiplient depuis plusieurs jours, à coup d’interviews et de conférences de presse: prochainement, la Suisse pourrait bien devoir faire un move significatif pour inciter la population encore hésitante à se faire vacciner.

Si l’augmentation des cas se poursuit et qu’elle finit par mettre sous pression les hôpitaux, la question ne sera plus de savoir si le Conseil fédéral prendra des dispositions, mais quand. On fait le point sur ce qui est envisageable, avec l'avis de nos élus au Parlement fédéral.

Extension du certificat

Les appels à étendre l’utilisation du certificat sanitaire se multiplient. On parle de l’exiger pour les restaurants ou pour diverses activités culturelles ou sportives. La Suisse n’irait toutefois pas aussi loin que la France, en garantissant l’accès à toute une palette d’activités et aux commerces.

Autre possibilité: limiter l’accès au certificat sanitaire aux seules personnes vaccinées (voire guéries). Un test négatif ne serait plus une alternative pour obtenir un certificat, même provisoire. Ce qui devrait significativement restreindre l’accès aux activités ou lieux qui l’exigent.

Il est pour (mais pas tout de suite):

«Si la situation sanitaire s’aggrave, c’est indispensable. Nous n’allons pas tout fermer pour la minorité de la population qui refuse de se faire vacciner. Il s’agirait de la mesure la moins coercitive, et c’est ce que nous cherchons. Il ne faudrait pas mettre en oeuvre cette mesure tout de suite, mais pas non plus attendre que nos hôpitaux explosent.»
Philippe Nantermod, conseiller national PLR valaisan.

Il est contre:

«Une extension du certificat Covid aux activités quotidiennes, comme aller au restaurant, est hors de question. Si cela devait arriver, nous ne pourrons plus nous déplacer librement. Le Conseil fédéral serait bien inspiré d'impliquer le Parlement avant d’étendre l’utilisation du certificat. Quand on voit que plus de 180 000 signatures ont été récoltées très rapidement pour le deuxième référendum contre la loi Covid, les voix critiques de la population doivent être prises au sérieux.»
Albert Rösti, conseiller national UDC bernois, sur watson alémanique.
Albert Rösti.
Albert Rösti.keystone
Le levier du certificat pour favoriser la vaccination, une bonne idée?

Tests payants

Pour l’heure, la Confédération prend à sa charge différents types de tests. Le Conseil fédéral a d’ailleurs demandé près de 300 millions de francs pour assumer cette charge. Sauf que cette gratuité peut dissuader certains de se faire vacciner. On pense notamment aux centres de dépistage situés à deux pas des quartiers festifs des villes, prisés des jeunes. Or, ces derniers sont les moins vaccinés du pays.

Il est pour:

«Il n’y a aujourd’hui plus aucune raison pour que ces tests ne soient gratuits pour les personnes asymptomatiques. La Confédération a le devoir de favoriser la voie de la vaccination. On peut tirer un parallèle avec les écoles: si l’on choisit d’aller dans le privé, on paye en conséquence. Si on choisit la voie du système public, c’est gratuit.»
Philippe Nantermod, conseiller national PLR valaisan.

Il est pour (aussi):

«Chacun est libre de se vacciner ou pas. Ceux qui ne le font pas doivent en supporter les responsabilités. Il est donc injuste que la collectivité supporte le poids financier de ceux qui ont refusé l’effort de solidarité en ne se vaccinant pas.»
Vincent Maitre, conseiller national Le Centre (ex-PDC) genevois.

Il est contre:

«Si l’on rend les tests payants, cela aura un effet contreproductif. Car si nous réalisons moins de tests, il y aura moins de traçage et, partant, moins de contrôle sur l’évolution de la pandémie. Il faut jouer la carte de la persuasion. Pour toucher les jeunes notamment, il faut leur dire qu’il y a un risque de devoir à nouveau suivre les enseignements à distance à la rentrée si la situation se péjore.»
Roger Nordmann, conseiller national socialiste vaudois.
Roger Nordmann, Fraktionspraesident SP, spricht waehrend einer Medienkonferenz der SP Schweiz zum Coronavirus, am Dienstag, 24. November 2020, in Bern. Die SP fordert eine Gesamtstrategie zur Bekaempf ...
Roger NordmannKeystone
Rendre les tests payants pour favoriser la vaccination, une bonne idée?

Frais médicaux non remboursés

C’est l’idée forte du conseiller national PLR Kurt Fluri: ne plus prendre en charge les frais médicaux liés au Covid pour les personnes non-vaccinées, afin de les forcer à se faire piquer. «Sinon, nous devrons tous attendre une éternité pour retrouver nos libertés», dit le Soleurois chez nos collègues alémaniques de watson à Zurich.

Il est pour (philosophiquement):

«Suivre l’idée qu’il faut assumer les conséquences de ses choix est juste philosophiquement. De ce point de vue, Kurt Fluri a raison. Mais en pratique, c’est impensable. En Suisse, on ne laisse pas la population souffrir ou mourir sans aide. Kurt Fluri a jeté un pavé dans la marre, et si ça peut faire réfléchir les sceptiques de la vaccination, tant mieux.»
Philippe Nantermod, conseiller national PLR valaisan.

Il est contre:

«Cette idée va beaucoup trop loin. Le système de santé suisse est basé sur la solidarité, et ne pas rembourser ces frais médicaux serait un coup de canif dans ce système. Si on tombe dans ce jeu là, on devrait alors systématiquement faire payer tous les frais médicaux à celui qui les provoque. Le fumeur, celui qui mange trop gras, le conducteur imprudent qui cause un accident, etc.»
Vincent Maitre, conseiller national Le Centre (ex-PDC) genevois.

Il est contre (aussi)

«C’est une idiotie. Ici, c’est une question de dignité humaine. Encore une fois, il s’agit de dire à la population hésitante ou réticente que nous avons les deux meilleurs vaccins du monde, qui ne provoquent quasiment pas de complications. Bien sûr qu’il n’y a pas tout le recul voulu avec ces vaccins, mais il est prouvé qu’ils provoquent moins de problèmes que le coronavirus.»
Roger Nordmann, conseiller national socialiste vaudois.
Ne plus rembourser les non-vaccinés malades du Covid, une bonne idée?

Et maintenant?

Le Conseil fédéral n’a pas prévu de réunion officielle avant la mi-août. Mais il peut très bien prendre des décisions d’ici là sans que ses membres doivent se rencontrer physiquement. Ce qu’il risque bien de faire si la situation se dégrade rapidement. En attendant, l'OFSP continue de présenter ses chiffres et analyses en conférence de presse toutes les deux semaines.

Mardi, la task force s'est d'ailleurs montrée inquiète: «de rassurante, la situation est devenue préoccupante», a-t-elle affirmé. Estimant que – cette semaine ou la suivante – le nombre de nouveaux cas par jour allait passer sur la barre symbolique des 1000. Bonne nouvelle toutefois: la pression sur les hôpitaux est pour l’instant quasi nulle.

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