Avant la pandémie, le HC Davos réalisait un chiffre d'affaires d'environ 29 millions de francs, dont 11 grâce à la Coupe Spengler. L'année passée, le tournoi a dû être annulé. Le club grison a survécu. Mais avec une perte d'exploitation de 3,8 millions. «Nous avons entamé la nouvelle saison sans réserve», avoue son président Gaudenz Domenig.
Une nouvelle annulation cette année frapperait donc beaucoup plus durement que l'an passé un HCD sans réserve. «Nous n'avons pas d'actionnaire qui puisse injecter quatorze millions», déplore Gaudenz Domenig. Petit clin d'œil sans doute au président des Zurich Lions, Walter Frey, sans toutefois le nommer.
Un point en particulier a fait mal au portefeuille davosien: la saison dernière, l'argent de la Confédération n'a servi qu'à compenser 50% du manque à gagner sur les billets des matchs de championnat. La Coupe Spengler n'était pas concernée par cette mesure.
Quid de cette édition 2021? Pour Gaudenz Domenig, une annulation n'est plus d'actualité. Tout est désormais mis en œuvre pour organiser le tournoi. Mais la question de sa forme reste ouverte. «Nous sommes flexibles», clame le boss grison. En fait, tout est possible, d'une Coupe Spengler classique comme prévu initialement à une annulation pure et simple. «Entre les deux, tout est spéculation», complète Domenig.
Actuellement, la question la plus urgente est la suivante: les Tchèques du Sparta Prague, touchés par les nouvelles mesures de la Confédération, pourront-ils venir à Davos avec la quarantaine obligatoire? ««Le Sparta veut absolument venir», se réjouit le directeur de la Coupe Spengler, Marc Gianola. «Mais cette possibilité dépendra de circonstances sur lesquelles nous n'avons aucune influence.»
Les organisateurs planchent donc sur des solutions alternatives. Marc Gianola les détaille:
Bolzano, le CP Berne du hockey italien, pourrait par exemple faire l'affaire. «Cela nous ferait naturellement plaisir», sourit le président et propriétaire du club transalpin, Dieter Knoll. Cependant, il y a un gros «mais»: «Une participation à si court terme est presque irréalisable pour nous», avoue le patron de Bolzano.
A part Davos et Ambri, déjà certains de participer, quelles équipes de National League pourraient jouer ce tournoi? La réponse – digne de l'avocat qu'il est – de Gaudenz Domenig: «Nous avons onze autres équipes en plus du HCD et d'Ambri qui entrent en ligne de compte». Puis, plus concret:
Il s'agirait donc de Lugano, Fribourg-Gottéron et Genève-Servette. Le président davosien ajoute: «N'oubliez pas que le président de Langnau a dit un jour qu'une participation à la Coupe Spengler serait un rêve». Et ça semble toujours l'être: Langnau a déjà libéré ses deux meilleurs marqueurs, Harri Pesonen et Jesper Olofsson, pour renforcer le HCD lors du mythique tournoi à la fin du mois.
Serait-il aussi possible d'organiser la Coupe Spengler avec seulement quatre équipes? «Plutôt non», s'avance Gaudenz Domenig. En fin de compte, la tenue de cette Coupe Spengler 2021 dépend des dispositions d'entrée (quarantaine) pour les équipes de Suède, de République tchèque et de Finlande. Et le HC Davos n'a aucune influence. En cas d'urgence, la Team Canada pourrait être formée avec des joueurs et coachs de National League et de Swiss League.
En revanche, les mesures prises par les autorités pour l'organisation, qui sont déjà en vigueur ou en cours de discussion, ne devraient pas poser de problème. Il s'agit de l'obligation de porter un masque dans la patinoire et de s'asseoir dans les endroits de restauration. Elles sont tout à fait conciliables avec l'événement et ne devraient pas avoir beaucoup d'influence sur l'affluence du public.
Si la Coupe Spengler peut avoir lieu, Gaudenz Domenig s'attend à un bon déroulement et à des recettes similaires à celles d'avant la crise du coronavirus. «La pré-vente a très bien démarré», se réjouit-il.
En fait, le HC Davos ne peut pas se permettre une annulation. Il toucherait très durement le club économiquement et pourrait entraîner un redimensionnement sportif (réduction du budget pour les prochaines années). Mais le HCD ne disparaîtrait pas pour autant.
Parce que ce club, qui fête cette année son 100e anniversaire, n'est pas seulement financé par l'économie grisonne et ses fidèles supporters. Il l'est encore davantage par des personnalités fortunées de la région de Zurich, l'une des plus riches du monde.
Et le président davosien Gaudenz Domenig y dispose d'un réseau de relations plus dense et plus étendu que les racines d'un chêne millénaire. Il a sans doute raison quand il dit ne pas avoir d'actionnaire capable d'injecter quatorze millions dans le club. Mais Gaudenz Domenig trouvera à coup sûr plus de quatorze actionnaires qui pourront investir un million en cas de besoin.
Adaptation en français: Yoann Graber