Dimanche dernier, l'équipe de Geneva Futsal a accueilli son adversaire argovien à 231 km (!) de chez elle, soit chez la formation qui était censée jouer à l'extérieur ce jour-là. La raison: «Aucun terrain ne nous a été alloué par la Ville ou le Canton», selon le président Jose Rodrigues, fâché par le manque de soutien des autorités.
Surtout quand, comme dimanche, la camionnette du club tombe en panne. «On a dû aller avec nos propres moyens jusqu'en Argovie», râle Davide, joueur d'une équipe qu'il décrit comme exemplaire. «À Genève, on a le talent. On se débrouille!» Et plutôt bien: la formation du bout du lac est la meilleure de Suisse romande. Elle pointe au 3e rang du classement de première division (après 11 journées) derrière deux formations alémaniques.
Ses résultats se font au prix d'une gymnastique perpétuelle, selon le coach. «On ne peut s'entraîner que deux fois par semaine dont une fois, le vendredi, sur une seule moitié de terrain, pose Manolo Pagani. Il est très difficile de travailler dans ces conditions. Comment voulez-vous préparer votre équipe tactiquement sur une moitié de salle?»
Président, entraîneur et joueurs suspectent une forme de mépris de la part des autorités.
Le président Jose Rodrigues dit souffrir de cette réputation, et estime en subir les conséquences: «On aime bien jouer au Centre sportif du Bout-du-Monde, mais on nous a dit qu'il n'y avait pas de place pour nous là-bas, que d'autres équipes y évoluaient depuis des années et qu'ils avaient la priorité. On a quand même quatre joueurs en équipe de Suisse, on a disputé la Coupe d'Europe! J'ai l'impression qu'on n'est pas pris au sérieux. C'est frustrant d'avoir du potentiel mais de ne pas pouvoir l'exploiter», résume le coach.
Contactés, le Canton et la Ville accueillent les plaintes de ces cracks du futsal avec une incompréhension teintée d'agacement.
Nos interlocuteurs envisagent deux solutions pour le club. La première, à moyen terme, consiste à patienter jusqu'au réaménagement du Bout-du-Monde, qui proposera plus de salles d'ici 2026/28. La seconde, à court terme, réside dans une approche moins frontale de la situation. Jérôme Blanc résume en deux phrases: «La balle est dans le camp de Geneva Futsal. Ou plutôt, les 50 balles que nous lui avons déjà envoyées».