En Allemagne, les semaines de négociations ont pris fin. Mardi après-midi, les dirigeants du parti social-démocrate (SPD), des Verts et du parti libéral (FDP) ont présenté leur contrat de coalition. «Les feux de signalisation sont en place», a annoncé Olaf Scholz (SPD), qui souhaite succéder à Angela Merkel à la chancellerie en décembre. En effet, la coalition reprend les couleurs des feux de signalisation: rouge, vert et orange.
Quel parti a le plus imposé ses idées dans le contrat de coalition? Un coup d'œil sur le document permet de deviner où se situaient les lignes de conflit entre les partis lors des négociations. Dans un document de neuf chapitres et 177 pages, les trois partis esquissent comment ils veulent «oser plus de progrès». Mais que sont devenues les principales promesses électorales des différents partis? Tour d’horizon.
Lors de leur campagne électorale, les sociaux-démocrates ont misé sur les thèmes centraux du social et du travail. «Respect» était le mot qu'Olaf Scholz répétait comme un mantra à chaque réunion électorale.
Pour le parti de centre gauche, plus de respect signifiait, en premier lieu, l'augmentation du salaire minimum. Le salaire horaire devrait, à l'avenir, s'élever à douze euros, «afin que tous puissent vivre de leur rente à la retraite».
Le parti souhaite, en outre, transformer la réforme Hartz IV qui a fusionné le chômage et l’aide sociale en un revenu citoyen. Au cours des deux premières années de chômage, la fortune et la taille du logement ne devraient plus être contrôlées. De plus, les personnes qui cotisent plus longtemps à l'assurance chômage devraient, à l'avenir, percevoir l'allocation chômage plus longtemps.
Le futur chancelier a parlé d'une «garantie des retraites» au journal t-online pendant sa campagne électorale.
Comme à l'époque où il était maire de Hambourg, Olaf Scholz a promis d'investir dans le domaine de la construction. Il veut garantir davantage de logements abordables. Chaque année, le SPD annonce dans son programme électoral 400 000 nouveaux logements pour l’Allemagne, dont un quart subventionné par l’Etat.
Si l'on considère la répartition des domaines de prédilection, le SPD est présent dans les enjeux qu'il considère comme centraux. En effet, le ministère du Travail et des Affaires sociales continuera d'être dirigé par un social-démocrate, en la personne de Hubertus Heil. Avec le nouveau gouvernement, le ministère fédéral de la Construction et du Logement sera également dirigé par un membre du parti social-démocrate. Jusqu’à maintenant, ces tâches étaient encore attribuées au ministère de l’Intérieur dirigé par Horst Seehofer (CSU).
En revanche, une allocation de chômage de plus longue durée n’a pas été prise en compte dans le contrat de coalition.
Sans surprise, les principales promesses électorales des Verts concernent la situation climatique. Pour respecter la trajectoire de 1,5 degré de réchauffement climatique fixé par le G20, des objectifs stricts devaient être fixés. Pour le parti écologiste, il faut:
Ces objectifs devraient être atteints grâce à un «programme d'urgence pour la protection du climat» qui déclencherait des mesures immédiates. Ces dernières concernent notamment les transports, la construction de logements et le développement des énergies renouvelables. La diminution de la «taxe énergétique» devrait avant tout soulager les familles et les personnes à faibles revenus.
Outre le charbon, les Verts souhaitent également que les moteurs à combustion soient abandonnés d'ici 2030. A partir de cette date, seules les voitures sans émission devraient être autorisées à circuler. Pour ce faire, les Verts souhaitaient développer considérablement le réseau ferroviaire et réactiver les trains de nuit qui avaient été supprimés.
Pour remettre l’Allemagne sur une bonne voie économique à la suite de la pandémie, les Verts ont annoncé 50 milliards d'euros de crédits supplémentaires par an. Ils souhaitent investir dans:
Pour cela, il faudrait, toutefois, réformer la loi sur le frein à l'endettement inscrite dans la Constitution allemande.
Le «Programme d’urgence pour la protection du climat» apparaît, en effet, dans le contrat. Mais la forme exacte de ce projet n'a pas encore été définie. Les trois partis allemands ont annoncé que ce programme climatique serait mis en place d'ici la fin de l'année prochaine avec toutes les «lois, ordonnances et mesures nécessaires».
Une autre promesse est également en bonne voie pour les Verts: le contrat de coalition prévoit une part d'énergie renouvelable de 80% pour 2030. Les Verts, eux-mêmes, n’avaient parlé que d’au moins 70% dans leur programme électoral de cette année. Pour atteindre cet objectif, les membres de la coalition veulent accélérer considérablement le développement et supprimer «tous les obstacles et entraves». Ils s’engagent, en outre, à accélérer la sortie de la production d'électricité à partir du charbon. Celle-ci devrait «idéalement» avoir lieu d'ici 2030.
La notion de «taxe énergétique» n'apparaît pas dans l'accord. Toutefois, les membres de la coalition promettent:
En ce qui concerne la fin des moteurs à combustion, 2030 n'est pas considéré comme une limite stricte. «Selon les propositions de la Commission européenne, seuls les véhicules neutres en CO₂ seront autorisés à circuler en Europe en 2035. Cela aura des répercussions en Allemagne les années auparavant» peut-on lire dans le contrat.
D'ici 2030, l'Allemagne doit en outre devenir le marché leader de l'électromobilité avec au moins 15 millions de voitures électriques. Un million de bornes devront être accessibles au public d’ici là.
Les Verts ont essuyé un revers en ce qui concerne la réforme du frein à l'endettement. Celui-ci est ancré dans la Constitution allemande et impose à l'Etat des limites strictes en matière de nouvel endettement. Selon l'accord de coalition, le frein à l’endettement demeurera une fois la crise du Covid surmontée, contrairement à ce que voulaient les Verts.
Les trois partis promettent une «décennie d'investissements». Ils veulent augmenter sensiblement les investissements publics et privés, par exemple pour:
Le respect du frein à l'endettement doit, néanmoins, être assuré en supprimant les subventions et les dépenses superflues et nuisibles au climat. L’accord ne contient, toutefois, pas de chiffres concrets à ce sujet.
L'importance de la protection du climat pour les Verts se reflète également dans la répartition des ministères. Le parti n’obtient pas moins de trois ministères qui s'occupent entre autres de la nature, de l'environnement et du climat. La protection du climat fait partie du ministère de l’Economie, très probablement confié au politicien vert Robert Habeck. De plus, les Verts obtiennent également le ministère de l'Environnement ainsi que celui de l'Alimentation et de l'Agriculture. Seul le ministère des Transports, qui a longtemps été dirigé par un politicien vert, revient au parti libéral et plus précisément à Volker Wissing.
Le thème principal des libéraux était avant tout une politique fiscale allégée et la relance de l'économie affaiblie par la pandémie de Covid-19. «Alléger, déclencher, investir», tel était les mots d'ordre du parti. Le président du FDP, Christian Lindner, a donc annoncé que son parti n'entrerait en aucun cas dans un gouvernement qui prévoit d'augmenter les impôts.
Au contraire, il a promis que l’impôt sur les sociétés devrait, par exemple, tomber à 25% et la «taxe de solidarité» devrait être complètement supprimée. Le niveau du taux d'imposition maximal devrait progressivement augmenter, de sorte qu'il ne soit appliqué qu'à partir de 90 000 euros de revenus.
En ce qui concerne la politique des retraites, le parti a fait la promotion d'une plus grande flexibilité. Les citoyens devraient être libres de travailler aussi longtemps qu'ils le souhaitent à partir de l'âge de 60 ans. Plus on travaille longtemps, plus la pension devrait être élevée.
En outre, le FDP a fait la promotion de l'entrée de la caisse de pension de l'Etat sur le marché des actions. Une partie de la cotisation mensuelle pour les rentes devrait à l'avenir être investie sur le marché des capitaux.
Les questions monétaires et financières seront à l'avenir la mission de Christian Lindner. Le président du FDP devient le ministre des Finances. Dans le contrat de coalition, le parti libéral s'est notamment imposé sur le thème du frein à l'endettement.
Lors de la campagne électorale, le parti social-démocrate (SPD) avait justement annoncé vouloir taxer davantage les hauts revenus à l'avenir. Au lieu de cela, l'accord de coalition est désormais exempt d'augmentations d'impôts: une solution de compromis et déjà un succès pour les libéraux.
Bien que les plans de retraite soient fortement influencés par le parti de centre gauche, l'entrée des rentes sur le marché financier, voulue par le FDP, est également prévue. Dans le document, on peut lire:
L'âge de départ à la retraite ne sera pas relevé, comme le souhaitait le SPD. Cependant, il y aura plus de liberté dans ce domaine également. La coalition «feu tricolore» veut faire davantage de publicité pour la «flexi-retraite». Elle aimerait s'engager dans «un processus de dialogue social afin de soutenir les personnes qui souhaitent rester plus longtemps dans la vie active».
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz