La Chine pourra-t-elle disputer le tournoi masculin de hockey sur glace des prochains Jeux olympiques de Pékin (4 au 20 février 2022)?
La raison de ce questionnement? Le niveau de l'équipe, jugé trop faible actuellement.
Il émane de Luc Tardif, nouveau président de la fédération internationale (IIHF). Le Franco-Canadien n'y est pas allé par quatre chemins lundi dans les médias:
Sa crainte? Que les hockeyeurs chinois, 32e au classement mondial (sur 52 nations) et juste devant l'Australie et Israël, soient ridiculisés par leurs adversaires de groupe – le Canada, les Etats-Unis et l'Allemagne, sacré tirage!
Paul-André Cadieux partage le scepticisme du président de l'IIHF. L'ex-joueur et entraîneur légendaire du hockey helvétique redoute une perte de crédibilité pour son sport et les Jeux olympiques.
«C'est dans l'intérêt des organisateurs d'offrir au public du bon hockey en évitant des matches comme l'écrasante victoire suisse 8-0 contre la Corée du Sud à 2018 à Pyeongchang», rembobine le résident de Villars-sur-Glâne (FR). «En plus, cette année il y aura exceptionnellement les meilleurs joueurs de NHL. Ils veulent du challenge. Alors si le niveau du tournoi est trop faible, ils pourraient décider de ne pas revenir pour les prochains Jeux.»
Félicitations à Luc Tardif, élu ce matin à la présidence de l’@IIHFHockey ! Une belle nouvelle pour la Famille du hockey ! pic.twitter.com/9UlWNhKIbM
— FranceOlympique (@FranceOlympique) September 25, 2021
Les hockeyeurs chinois disposent de quatre mois pour préparer ces JO de Pékin, sans même savoir, donc, s'ils y participeront. Reprendre l'équipe maintenant pour tenter de la rendre compétitive, un challenge qu'accepterait le très expérimenté Paul-André Cadieux? «Non, il faut quelqu'un qui connaisse mieux le contexte chinois», répond-il avec humilité.
Mais s'il était sur le banc, il saurait quelles consignes crier à ses joueurs sur la glace:
Aucun doute, ces mots sont ceux d'un entraîneur dont la seule mission est d'éviter une correction. L'ex-coach de Servette et Gottéron, entre autres, pense que c'est le seul objectif réalisable des Chinois contre les Canadiens, Américains et Allemands. Comment y arriver, concrètement? «En trouvant un gardien capable de faire des miracles... En fait, il faudrait un sumo dans la cage», rigole Paul-André Cadieux.
Pourtant, la fédération chinoise de hockey sur glace a essayé de monter un contingent compétitif pour l'événement. Le technicien rappelle qu'elle «a fait de la prospection dans l'Ouest du Canada et des Etats-Unis pour enrôler dans l'équipe nationale des hockeyeurs d'origine chinoise».
Elle a aussi engagé dans sa formation un entraîneur suisse, Köbi Kölliker, qui a remporté les Mondiaux M20 de troisième division avec la Chine en janvier 2019. Mais ses protégés ne sont pas encore assez mûrs pour se frotter au tout haut niveau.
Third time is a charm: China's U20 national team wins the Division III and earns promotion! https://t.co/tsRKc9xIu1
— IIHF (@IIHFHockey) January 21, 2019
Photo: Gunnar Jonatansson pic.twitter.com/IxZmL1O44v
Pas plus que les pensionnaires du HC Red Star Kunlun, club de Pékin intégré dès sa création en 2016 à la prestigieuse KHL (Ligue continentale de hockey, soit l'ex-première division russe). L'équipe, fondée pour développer ce sport dans le pays, compte quelques jeunes talents locaux et des joueurs canadiens et américains naturalisés chinois grâce à leurs origines de l'Empire du Milieu.
Malgré ce vivier de hockeyeurs avec un potentiel intéressant, la Chine n'a donc pas réussi à dénicher ceux qui lui assureraient sa place dans le tournoi olympique. Si elle devait ne pas y participer, elle serait remplacée par la Norvège, première nation non qualifiée pour Pékin au classement mondial.