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Cannes: Palme d'or à «Titane» de Julia Ducournau, la soirée en 4 points

Le film de Julia Ducournau avait choqué certains spectateurs lors de sa diffusion.
Le film de Julia Ducournau avait choqué certains spectateurs lors de sa diffusion.source: dr/keystone

Palme d'or pour un film qui provoque des malaises, une soirée à Cannes en 4 points

«Titane», un film clivant de Julia Ducournau a été couronné au festival de Cannes. C'est la deuxième réalisatrice à être récompensée. Quatre points pour résumer cette soirée de samedi.
18.07.2021, 09:5218.07.2021, 17:50
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Un film osé récompensé

Le Festival de Cannes a couronné Julia Ducournau pour une oeuvre furieusement contemporaine, «Titane». La Française est devenue la deuxième réalisatrice de l'histoire du festival à recevoir la Palme d'or 👇.

Vingt-huit ans après «La leçon de Piano» de Jane Campion, première réalisatrice primée, le jury présidé par Spike Lee, premier artiste afro-américain à ce poste, vient récompenser la benjamine de la compétition, 37 ans. Le cinéaste new-yorkais a gaffé, faisant cette annonce d'emblée, alors qu'il était censé annoncer le prix d'interprétation masculine.

Cannes envoie ainsi un signal majeur dans une industrie qui s'interroge plus que jamais depuis quatre ans sur la place des femmes, et l'égalité entre les genres, dans le sillage de l'affaire Weinstein puis du mouvement #MeToo.

Seules quatre réalisatrices étaient en compétition cette année, pour 24 films au total. Le prix le plus prestigieux, attribué à «Titane», récompense un cinéma transgressif et défricheur, empreint de féminisme.

«Titane», un film clivant

«Titane», qui n'est pas destiné à tous les publics, mêle hybridation femme/machine, d'amour pour les voitures et de quête de paternité. C'était le film le plus violent et trash de la compétition, loin de faire l'unanimité parmi les critiques. Il met en scène une nouvelle venue bluffante, Agathe Rousselle, et l'acteur français Vincent Lindon, en pompier sous stéroïdes. Lors de sa diffusion des gens ont dû être évacués, pour en savoir plus 👇.

La réalisatrice avait déjà laissé un souvenir mémorable à Cannes avec son premier long-métrage, «Grave», une histoire brute de décoffrage d'étudiante en médecine vétérinaire qui devient cannibale, qui lui permettait de devenir la cheffe de file d'un renouveau du film de genre tricolore. De l'autre côté de l'Atlantique, elle a été adoubée par un maître de l'épouvante, Night Shyamalan.

Jeunes acteurs sacrés

Autre signe en direction de la jeunesse, les prix d'interprétation vont également à deux trentenaires.

Côté féminin, c'est la Norvégienne Renate Reinsve 👇, 33 ans, qui l'emporte pour sa performance dans «Julie en 12 chapitres» de Joachim Trier, dans lequel elle incarne une jeune femme en quête d'elle-même.

Le désir, la fidélité, la maternité, la relation aux parents, les différences générationnelles... toutes les questions qui agitent Julie sont explorées dans de film, à l'aune des grands sujets contemporains: place des femmes dans la société, écologie, invasion numérique.

Côté masculin, le jury a couronné un Américain, Caleb Landry Jones 👇, 31 ans pour sa performance dans «Nitram», où il incarne un jeune homme borderline qui s'apprête à commettre l'une des pires tueries de l'histoire de l'Australie. Le film offre une plongée dans la tête du tueur, qu'il incarne magistralement: Martin Bryant, condamné à la perpétuité.

Grand Prix du festival

Le cinéaste iranien Asghar Farhadi (à droite 👇) a lui appelé à «éveiller les consciences» en Iran en recevant le Grand Prix du festival, le deuxième prix le plus prestigieux après la Palme d'or, ex-aequo avec le Finlandais Juho Kuosmanen (à gauche 👇).

Le bilan? un vent frais

Plus largement, à l'image d'une industrie travaillée par les évolutions sociétales, les films cannois, dans la compétition et au-delà, ont fait souffler un vent frais: le féminisme est omniprésent. Des réalisateurs s'en sont emparés, et les relations lesbiennes par exemple ont désormais toute leur place.

Le climat aussi a occupé une place plus importante que jamais, avec une sélection spéciale de films sur l'environnement, allant au-delà du manifeste, comme avec Aïssa Maïga qui s'est connectée à son histoire familiale dans «Marcher sur l'eau», pour aborder la question de l'accessibilité de cette ressource. Le sujet reste une grosse question pour le festival, qui a encore du chemin à faire pour continuer de réduire son empreinte écologique.

La soirée a aussi été l'occasion de remettre une Palme d'or d'honneur au cinéaste italien Marco Bellocchio 👆, qui après cinq décennies de carrière engagée, n'épargnant ni l'armée ni la religion, a présenté un documentaire très personnel, «Marx peut attendre».

Et pour finir 👇

Vidéo: watson

(jah/ats)

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