«Un procès qualifié d'historique». Six ans après les événements qui ont traumatisé la France, voilà les premières paroles énoncées par l’un des magistrats. Des mots forts, lourds de sens, qui marquent l’ouverture officielle des audiences des attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
Cette première journée au sein du Palais de justice de l’Ile de la Cité se consacre principalement sur des questions de procédure: Enoncer le déroulé du procès, présenter les parties civiles ainsi que les 20 suspects.
Parmi eux, l'accusé principal Salah Abdeslam. Il est le seul survivant des commandos terroristes. Lorsque le président du tribunal lui donne la parole, celui-ci réitère sa position: «J'ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'Etat islamique (EI)». Des déclarations jugées provocantes et qui ravivent d'emblée le débat médiatique.
Les premiers témoins passent à la barre pour faire leur déposition. Un responsable de la sous-direction de l'antiterrorisme ouvre le bal. Le policier était chargé de coordonner l’enquête sur les attentats du Stade de France, des terrasses et du Bataclan. Jamais il n'avait été confronté à une situation d'une telle ampleur sur Paris.
Il énumère ensuite les différents indices réunis par les enquêteurs pour identifier les accusés jugés dans ce procès.
Après avoir levé les doutes qui pesaient sur la diffusion d'enregistrements des attentats de Paris, le président de la cour d'assises Jean-Louis Périès a, le 13 septembre, confirmé que ceux-ci seront bel et bien diffusés sur plusieurs jours:
Dans la salle d'audience et à l'extérieur, certains jugent «inconcevable» le fait d’assister à de telle enregistrements. D’autres, en revanche, estiment «devoir» cela à leurs proches décédés, rapporte France culture.
Cette fois, ce sont des vidéos de propagande terroriste de l'EI qui sont diffusées. L'une d'elle met en scène neuf auteurs des attentats devant le Stade de France et au Bataclan. Le fichier, datant du 24 janvier 2016 et qui une quinzaine de minutes, s’intitule «Tuez-les où que vous les rencontriez».
Un messages audio retransmet, quant à lui, les revendications de l'Etat islamique enregistré le lendemain matin des attentats du 13 novembre:
C'est au tour des survivants des attentats terroristes du 13 novembre ainsi que les proches des victimes décédés de passer à la barre pour auditionner.
Pour la grande majorité d’entre eux, les traumatismes tant physiques que psychiques sont toujours présents. Malgré cela, certains clament vouloir continuer à vivre, comme l'un des rescapés l'explique le 28 septembre: «Moi, je crois en l'amour, en l'amitié, au rock et en la fête. Je suis assez fier qu’on me traite de mécréant».
D'autres, témoignent des conséquences néfastes de ces attentats dont ils ne parviennent toujours pas à se sortir. Le 8 octobre, une victime explique même regretter d'être encore en vie:
Au total, 350 personnes ayant vécu les attentats au Stade de France, sur les terrasses et au Bataclan le soir du 13 novembre 2015 sont attendues à la barre pour témoigner.
La cour d’assises spéciale de Paris a annoncé prévoir pas moins de cinq semaines à partir du 28 septembre pour toutes les entendre. Une quinzaine de dépositions est réalisée quotidiennement. Le procès devrait se terminer en mai 2022. (mndl)