Ce 14 juin 2021 est déjà symbolique. Ne serait-ce que par sa date. Il y a 30 ans jour pour jour, les Suissesses foulaient le pavé dans leur toute première grève. Il y a 40 ans, l'article sur l'égalité des sexes entrait dans la Constitution. Il y a 50 ans, le suffrage féminin était introduit au niveau fédéral.
Aujourd'hui, deux ans après la grève historique de 2019, les femmes s'apprêtent à redescendre dans la rue pour se faire entendre. Au cœur de la manifestation, trois revendications sont prioritaires, même si la liste complète établie par les collectifs féministes est longue.
Dans la loi suisse, l'égalité salariale existe depuis 25 ans tout juste. Dans la réalité, les femmes gagnent toujours moins que les hommes. L'écart salarial moyen s'est même creusé encore entre 2014 et 2018, selon les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS). Il est passé de 18,1% à 19%. Pour les collectifs féministes et les syndicalistes, c'est inacceptable.
La «partie inexpliquée» de l'inégalité de salaire - celle qu'on ne peut pas expliquer par une différence de formation, d'expérience ou de compétences - a grimpé. Entre 2014 et 2018, elle a augmenté de 42,4% (2014) à 45,4% (2018). En gros, si l'on suit les chiffres de 2018, les femmes auraient gagné 684 francs (bruts) de moins par mois dans le secteur privé selon l'OFS.
Le plafond de verre est aussi très épais en Suisse: les femmes peinent à accéder aux postes à responsabilités. Notre pays serait même celui où les femmes ont le moins de chance d'être promues, selon le dernier rapport d'Equileap.
Enfin, la pandémie a, selon les syndicalistes, montré d'autant plus que le travail des femmes n'était pas reconnu et rétribué à sa juste valeur.
Qui dit salaires des femmes plus bas que ceux des hommes, dit rentes plus basses à la retraite. Alors quand, mercredi dernier, le Conseil national a voté le relèvement de l'âge de la retraite à 65 ans pour les Suissesses, les féministes et syndicalistes ont bondi.
Le combat contre la réforme AVS21 sera au centre de la manifestation de ce 14 juin. Les collectifs de la grève sont en colère:
La reconnaissance du travail non rémunéré et de meilleurs salaires permettraient, selon les militantes, d'éviter des inégalités à la retraite.
Ce 14 juin, les femmes lèveront aussi le poing contre les violences sexistes, domestiques et sexuelles. Alors que la parole s'est libérée dans le sillage du mouvement #Metoo, le thème fait aussi l'objet d'importantes discussions dans la sphère politique.
Dans le cadre d'une révision du droit en matière d'infractions sexuelles, le viol va être redéfini. Les collectifs féministes se battent pour y introduire la notion de (non-)consentement comme critère décisif pour savoir s'il y a eu viol ou pas.
A droite, la conseillère nationale UDC Nathalie Rickli avait aussi déposé (en 2016) une initiative parlementaire pour durcir les peines des violeurs. Le texte est sur la table du Conseil des Etats ce mardi 15 juin.
Enfin, la Suisse veut donner un coup d'accélérateur dans la prévention des violences domestiques. Le mois dernier, la Confédération et les cantons ont signé une feuille de route pour lutter contre ce fléau. En 2020, une femme a perdu la vie toutes les cinq semaines, neuf enfants sont décédés et 20 000 infractions ont été déclarées.
Avec l'ATS