Les partis de gauche sont bel et bien en train de s'unir: La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont conclu dans la nuit de dimanche à lundi un accord historique pour les législatives de juin. Les négociations avancent avec le PS et le PCF.
Le Conseil fédéral d'EELV a validé l'accord négocié au cours des deux dernières semaines, par 84 voix pour, 10 contre, 8 bulletins blancs et une personne qui n'a pas participé au vote. Cet accord attribue notamment 100 circonscriptions pour le pôle écologiste, selon des sources proches des négociations.
Si l'on excepte le petit mouvement Générations qui a signé un accord avec LFI dès jeudi, les négociations entre LFI et EELV étaient les plus avancées des discussions bilatérales engagées par les Insoumis avec chacune des forces de gauche, après les 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
Le weekend a permis de faire les derniers compromis, autour du rapport à l'Europe («désobéissance» mais seulement à certaines règles économiques et budgétaires si besoin), du label commun («Nouvelle Union populaire écologique et sociale») ou encore sur le partage des circonscriptions, sujets les plus âprement débattus.
Car les négociations n'ont pas été un long fleuve tranquille. Encore mercredi, le chef des écologistes Julien Bayou taclait les négociateurs insoumis jugés trop durs en affaires en conférence de presse. De leur côté, les Insoumis pointaient les «divergences internes» supposées d'EELV.
L'aboutissement de l'accord est historique. LFI et EELV constituent les deux forces de gauche en dynamique depuis plusieurs années, la première aux présidentielles de 2017 et 2022, la seconde lors des élections intermédiaires depuis les européennes de 2019.
Un accord de LFI avec le Parti socialiste serait tout aussi historique, tant la brouille était profonde depuis le départ de Jean-Luc Mélenchon de Solférino en 2008. Mais il devra attendre. Les négociations ont commencé plus tardivement et se poursuivent logiquement dimanche soir.
«Si les discussions ne se finissent pas cette nuit, alors ça ne se terminera jamais», a lancé dans le défilé parisien de la Fête du Travail le chef de LFI Jean-Luc Mélenchon.
Un accord cette nuit? «Cette nuit, moi, je dors», a répondu à quelques dizaines de mètres de là Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS: «Il n'y a pas de 'deadline', il faut réussir. On voit bien qu'on n'est plus si loin que ça d'un accord. On continuera de parler ce soir.»
Quelques minutes plus tard, les politiciens Faure et Mélenchon se sont serré la main, avant d'engager une brève conversation devant les caméras aux cris d'«Union populaire!» dans la foule.
Délai tenu ou pas, sur BFMTV en fin de journée, le député insoumis Alexis Corbière (LFI) s'est montré optimiste: «Il y a une union politique qui est en train de se faire, c'est joyeux, c'est positif, c'est majoritaire.»
Le socialiste Olivier Faure négocie avec LFI sous la pression d'une opposition interne de plus en plus véhémente. Son prédécesseur à la tête du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a publié dimanche une lettre ouverte évoquant notamment les velléités de LFI de «sortir des traités européens», ramener la retraite à 60 ans et lancer des «dépenses vertigineuses impraticables», tous des points qu'Anne Hidalgo avait vivement critiqués pendant la campagne présidentielle.
Le PS avait aussi reproché à Jean-Luc Mélenchon ses critiques envers un soutien à l'Ukraine envahie par la Russie, et son rejet de l'Otan.
Contempteur régulier d'Olivier Faure, Stéphane Le Foll - par ailleurs proche de François Hollande - a lâché ses coups dimanche dans une interview au Point: «L'urgence pour Olivier Faure est de se sauver lui-même. Il est prêt à brader toute l'histoire socialiste pour un accord sur 20 circonscriptions, c'est inacceptable». (ats/jch)