Suite à la réouverture des cinémas, le public suisse semble être heureux de retourner dans les salles obscures. Mais l'affluence est quatre à six fois plus faible qu'habituellement. En cause? La jauge limitée à 50 personnes.
Si certains cinémas ont réouvert le 19 avril dernier, la plupart n'ont réouvert leurs salles que le 22 avril, le temps d'effectuer des travaux préparatoires. Claude Ruey, président de ProCinéma, la faîtière des exploitants de salles de cinéma et des distributeurs de films suisses, annonce les chiffres suivants, en termes de fréquentation:
L'affluence moyenne, en temps normal, varie entre 180 000 et 240 000 spectateurs par semaine, à l'échelle suisse. «On est donc bien en-dessous, entre quatre et six fois moins de monde», souligne-t-il. La moyenne des salles de cinéma helvétique compte environ 170 places.
«La reprise est proportionnellement meilleure en Suisse romande qu'en Suisse alémanique, car il y a actuellement de meilleurs films à l'affiche du côté francophone, avec notamment «Adieu les cons» et «Drunk». Côté germanophone, il est plus difficile d'obtenir des films connus en ce moment», explique encore Claude Ruey.
Cependant, plusieurs responsables de cinémas se disent «étonnés en bien» et que l'intérêt du public est évident. Pour certains cinémas, il n'est pas rare que les 50 places autorisées soient complètes.
Chez Pathé, chaîne de cinéma présente dans sept villes suisses avec huit multiplexes pour 79 salles, «les chiffres de fréquentation dépassent les attentes, surtout les jours de pluie», selon la porte-parole du groupe. «La plupart des salles ne sont pas complètes, mais sont bien fréquentées». Au vu de la demande, «nous allons étendre nos heures d'ouverture dès mercredi prochain», annonce-t-elle.
Si le public est ravi de retourner dans les salles obscures, la situation n'est en revanche absolument pas rentable, et cela, dans tous les cinémas de la chaîne:
Pour rappel, les salles ne peuvent pas recevoir plus de 50 personnes, ceci sans dépasser un tiers de la capacité de la salle pour les plus petits cinémas. Le port du masque est obligatoire et la consommation de boissons, pop-corn, chocolats ou glaces est interdite.
Le maintien de la fermeture des kiosques ou bars dans les cinémas est un grand manque à gagner pour les exploitants. La vente de boissons et de nourriture représente entre 20% et 30% du chiffre d'affaires total, rappelle le président de ProCinéma.
«Bien que les cinémas ne gagnent rien et que ce soit dur pour eux, la situation n'est pas totalement catastrophique, notamment grâce aux aides étatiques pour le secteur culturel», nuance encore le président de ProCinéma. Et selon lui, aucune faillite n'a été déclarée jusqu'ici. Cette réouverture restreinte «est à vrai dire surtout une sorte de service pour le public».
La faîtière du cinéma a désormais deux revendications prioritaires pour la deuxième phase d'assouplissement des mesures liées au Covid-19. Le conseiller fédéral Alain Berset en a déjà été informé, lors de la dernière séance culture à Berne:
(ats/jch)