Ça y est, on y est. En pleine campagne pour le mariage pour tous.
Les portraits de familles homoparentales nageant dans le bonheur et les témoignages de couples gay fatigués d'attendre comme de devoir se justifier se succèdent dans la presse. A côté des sermons de Jean-Pierre, 24 enfants, qui a peur qu'on vienne lui effriter son institution sacrée.
Ce qui me choque le plus, dans toute cette histoire, c'est qu'on nous demande de voter sur comment les gens doivent vivre leur vie. Quand est-ce qu'on m'a demandé, à moi, si ça me plaisait que Roger épouse sa cousine, qu'ils pondent des imbéciles qui vont venir faire fleurir NRJ12, à coup d’allocations familiales?
Non parce que, quand on y pense (en se payant le luxe d'un minimum d'honnêteté intellectuelle): ceux qui se reproduisent le plus dans nos contrées, ce sont les cons. Les autres doutent, hésitent, calculent, prennent en compte l'impact climatique, etc...
Des cons qui eux-mêmes vont éduquer d'autres cons et ainsi de suite, jusqu'à parvenir à la fameuse Idiocracy dans laquelle on arrive à saute-mouton.
Du coup ouais, j'avoue que ça m'irrite légèrement de devoir écouter ou lire ces mêmes cons argumenter sur le drame d'un enfant dont le noyau familial ne correspondrait pas, trait pour trait, à la famille Ingalls.
Pas comme si les faits étaient là et qu’on leur demandait juste de légiférer afin que tout le monde soit juridiquement couvert, et de ne pas pinailler avec leurs bigoteries. Ni d’accepter une réalité déjà constituante de leur univers! Nooooon...
Moi, je ne rentre plus là-dedans. J’ai déjà vécu ça en 2013. Vous savez, quand la France avait instauré le mariage pour tous, y a près de dix ans. Non sans peine d'ailleurs. Il a fallu se taper les inepties de la Manif pour tous pendant des mois, comme les passes d'arme délirantes à l'Assemblée nationale (ouais, j'ai suivi le truc, j'étais à fond).
Comme quoi, en Suisse, on prend notre temps. Mais même si les mentalités sont censées évoluer, on entend toujours les mêmes conneries, dix ans après. Faut le faire.
En gros, d'ici au 26 septembre je vais me la jouer singes de la sagesse en tentant de slalomer entre les arguments surannés, les insultes assumées et l'énergie dépensée pour essayer de garder un contrôle moribond sur une société qui avance, sans attendre les cons.
Je laisserai donc le soin de la conclusion à Christiane Taubira qui aura marqué la politique française par son combat acharné contre la bêtise la plus profonde:
penelope.page@watson.ch