Giorgio et Leonardo, ça va déjà très bien ensemble. C'est le genre de prénoms qu'on verrait bien collés sur la boîte aux lettres d'une petite maison de Toscane. Les deux défenseurs italiens ont fait un autre choix: leur complicité, ils ont décidé de la cultiver sur le terrain. Au fil des années, ils ont vécu 426 matches ensemble (372 à la Juve, 54 en sélection), ce qui n'est pas loin d'être un record du monde pour une charnière centrale (l'axe de la défense).
Leur mariage remonte au 3 mars 2010 contre le Cameroun. Ce soir-là, les deux hommes découvrent qu'ils se ressemblent assez pour se comprendre, mais cultivent suffisamment de différences pour se compléter (on dirait une punchline de Meetic mais on n'a pas fait exprès). Comme un symbole des beaux jours à venir, leur première titularisation dans une défense à trois empêche leurs adversaires de marquer. Score final: 0-0.
Giorgio (Chiellini) et Leonardo (Bonucci) resserrent très vite les liens pour empêcher les attaquants adverses de passer. La répartition des tâches est immédiate entre ces deux profils bien distincts que dresse Valentin Pauluzzi, correspondant pour L'Equipe dans la Botte.
Les automatismes sont si bien rodés qu'aucun d'eux n'a jamais souhaité prendre le dessus sur l'autre, dans une zone du terrain (la défense centrale) où il s'agit pourtant de s'affirmer en patron. «Je n'ai pas le souvenir de la moindre friction», assure le journaliste qui les suit de longue date.
Leur chemin s'est séparé une seule fois, pour le pire, lorsque Bonucci a signé au Milan AC en 2017. Il a été méconnaissable au côté de Romagnoli, un défenseur qui lui ressemblait beaucoup trop. Il devait rester cinq ans en Lombardie. Il est retourné auprès de Chiellini après une seule saison. Quelques mois plus tard, Giorgio et Leonardo scellaient leurs retrouvailles sur la pelouse d'Old Trafford par une masterclass qui fera dire à José Mourinho, entraîneur défait (1-0) de Manchester United:
Au terme de la rencontre, RMC avait produit une vidéo de 258 secondes dans laquelle on pouvait observer les liens sacrés du mariage footballistique entre les deux défenseurs turinois.
Le problème, avec les vieux couples, c'est qu'ils prennent de l'âge. Giorgio a 36 ans, Leonardo en a 34. On les dit sur le déclin. Valentin Pauluzzi dément. «En défense centrale, l'âge offre une expérience précieuse. On le sait mieux que personne en Italie, puisque Maldini, Costacurta ou encore Cannavaro ont joué jusque très tard. Certes, Chiellini a des problèmes physiques depuis plusieurs années mais ils n'ont jamais eu d'impact sur ses prestations. Le seul point d'interrogation pour lui dans cet Euro concerne l'enchaînement des matches. »
L'Italie sait tout l'avantage qu'elle aurait à se qualifier contre la Suisse ce soir, pour reposer ensuite ses cadres lors du dernier match de groupe face aux Gallois. Giorgio et Leonardo pourraient alors suivre la partie du banc, c'est à dire côte à côte, comme toujours.