Aujourd'hui, le mouvement pour le climat a les banques dans son viseur. Ce vendredi 30 juillet, une semaine d'action de désobéissance civile débute à Zurich sous le slogan «Rise up for Change», qui vise spécifiquement les pratiques néfastes pour l'environnement des banques suisses. Jonas Kampus, militant pour le climat, déclare à watson:
Les banques suisses continuent à investir des milliards dans les énergies fossiles. Par exemple, Credit Suisse et UBS ont pompé ensemble un bon 83 milliards de dollars dans le pétrole, le gaz et le charbon entre 2016 et 2019. Ce faisant, ils ont financé l'équivalent de 20 fois les émissions de gaz à effet de serre que la Suisse provoque par ses émissions domestiques. Les militants écologistes demandent l'arrêt des investissements dans les énergies fossiles et la divulgation des flux financiers dans ce secteur. Contactée par nos soins, Frida Kohlmann, de Collective Climate Justice, en conclut:
Les activistes climatiques ont installé leur «camp de base» avec cuisines, toilettes, etc. sur le terrain vague du stade du Hardturm. «Nous avons de la place pour plusieurs centaines de participants», déclare Frida Kohlmann, porte-parole de Rise Up for Change. Contrairement à l'occupation de la Place fédérale, tout est légal cette fois-ci: la ville de Zurich a approuvé la tenue du camp mercredi.
Des formations-actions y seront organisées. Les militants seront également informés de la manière dont ils doivent se comporter en cas de répression policière éventuelle. Des entretiens avec les représentants des banques sont également prévus mercredi pour discuter des revendications et des solutions possibles.
La banque Credit Suisse, qui a été critiquée par les activistes climatiques, n'a pas été en mesure de donner une réponse à une question de watson dans les deux jours, pour savoir si elle participerait aux négociations.
Dans les jours à venir, les écologistes veulent (symboliquement) clouer les banques au pilori et secouer la population par des actions créatives, non violentes et néanmoins sensationnelles. Il y avait eu un avant-goût en 2020: à l'époque, les militants du mouvement radical Extinction Rebellion avaient bloqué la circulation pendant des heures sur le pont Quaibrücke de Zurich. En 2019, les grévistes du climat avaient occupé les succursales d'UBS à Bâle et à Lausanne.
Les grandes banques de Zurich doivent maintenant s'attendre à des blocages et autres actions perturbatrices la semaine prochaine. Y compris sur la Paradeplatz de Zurich? Les organisateurs de «Rise up for change» ne veulent pas révéler ce qui est exactement prévu.
Le patron du WWF, Thomas Vellacott, travaillait lui-même comme banquier. Il connaît donc les pratiques des institutions financières sur le bout des doigts. Dans une interview accordée à nos collègues alémaniques, il déclare que les banques sont de plus en plus conscientes des risques environnementaux. «Cependant, les institutions financières évoluent beaucoup trop lentement», nuance-t-il. Autrement dit, pas à une vitesse qui serait à la hauteur de la gravité et de l'urgence de la crise climatique.
«Si les banques et les entreprises prennent le développement durable au sérieux, elles doivent réorganiser leur cœur de métier», ajoute Vellacott. Il pense que les banques ont certainement été impressionnées par de telles semaines d'action. «La pression montre que le public est très attentif. C'est extrêmement important.» Tout aussi importante est la pression exercée par les régulateurs et les investisseurs pour que les banques informent de manière transparente sur les risques climatiques de leurs actions dans leurs rapports.
Avec l'occupation de la Place fédérale, qui avait duré plusieurs jours, le mouvement climatique n'a que superficiellement réussi ce qui est jusqu'à présent son plus grand coup. L'effet des images historiques s'est rapidement estompé. Les messages des grévistes du climat étaient trop diffus: «Nos revendications ont été à peine remarquées à l'époque», se souvient le militant du climat Jann Kessler.
Avec la place financière, le mouvement climatique s'attaque à un adversaire plus simple: les demandes susmentionnées peuvent être formulées en lettres capitales sur une page A4. En échange, le mouvement climatique renonce à plaider pour un changement total de système – ce qui déplaît à certains de ses sympathisants.
Le militant Jonas Kampus formule ainsi le grand objectif de son groupe:
L'idée est que la pression exercée sur les insitutions bancaires, pour qu'elles réduisent effectivement les investissements nuisibles au climat, augmenterait grâce à cette prise de conscience populaire.
Adapté de l'allemand par jof, le texte original ici.