Presque tous les gouvernements du monde appliquent une taxe sur l’essence et la plupart des gens pensent que l’usage d’énergies fossiles représente une source de revenus pour les Etats. C’est pourtant l’inverse, et dans des proportions gigantesques: à l’échelle mondiale, les subventions des gouvernements aux énergies fossiles représentent plus de 440 milliards de dollars par année (selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie - IEA). Cela peut sembler paradoxal, et à vrai dire absurde, mais les énergies renouvelables ne bénéficient que de 20% des subventions versées au secteur de l’énergie!
De nombreux pays subventionnent en effet directement les producteurs d’énergies fossiles, par des garanties à l’exportation et en contribuant à des projets de recherche, voire d’extraction, ou indirectement en leur accordant des réductions fiscales.
Les énergies renouvelables ont donc toujours la réputation d’être plus chères que les sources fossiles. Or, non seulement les progrès ont déjà rendu le solaire et l’éolien moins chers que le charbon, le gaz et le pétrole sur la moitié de la planète, mais ils contiennent dans leur prix la totalité de leur coût, alors que les énergies fossiles n’incluent ni leurs externalités (CO2 et pollution), ni leur véritable prix puisqu’elles sont subventionnées. Cela représente, depuis des années, une distorsion inacceptable du marché au profit des sources les plus polluantes.
On ne peut donc que souhaiter que les membres du G7 parviennent à s’entendre pour mettre fin à cette politique absurde de subventions ce week-end. Selon les premiers éléments du texte élaboré:
Cette décision historique serait aussi logique qu’écologique: soumettre les énergies fossiles aux mêmes règles de marché que les autres mettrait fin à une injustice qui freine depuis trop longtemps l’essor des énergies vertes. Leur attractivité serait automatiquement renforcée, leur développement accéléré, avec comme conséquence rapide une baisse encore plus marquée de leur prix. Je fais le pari que ce cercle vertueux se révèlera bien plus efficace qu’une réorientation des subventions en leur faveur. Car la force d’innovation n’est jamais aussi puissante que lorsqu’elle répond à un vrai besoin du marché.
Par ces mécanismes de subsides, les gouvernements ont voulu éviter aux populations de subir les fluctuations des prix de l’énergie, et aider les classes défavorisées à se chauffer et se déplacer. Alors même que ces classes défavorisées sont aussi les principales victimes de la pollution. Bien sûr, mettre fin à ces subventions aura un impact sur les prix, et il faudra inventer des systèmes de compensation afin d’accompagner cette évolution.
Une piste intéressante, déjà explorée par certains pays comme la Suisse et le Canada, consiste à taxer les émissions de CO2 et redistribuer ces montants aux citoyens vertueux qui limitent leur consommation et prennent les transports en commun. De tels prélèvements peuvent aussi servir à la modernisation des bâtiments, sur le modèle de la stratégie «Vague de rénovation» - mise en place par la Commission européenne - qui doit permettre de rénover 35 millions d’immeubles d’ici à 2030. Ce qui en fin de compte réduira la facture énergétique des habitants.
En décidant de mettre un terme aux subventions toxiques, les membres du G7 peuvent se saisir d’une occasion importante de montrer au monde qu’ils ont enfin compris que la transition écologique sera un avantage compétitif pour l’économie. Ce serait un signal important pour encourager d’autres pays à prendre le même chemin. La Fondation Solar Impulse sera là pour les accompagner, grâce aux 1000 solutions propres et rentables qu’elle a identifiées.
Faire le choix des énergies renouvelables et de l’efficience n’est pas seulement une décision déterminante pour l’avenir de la planète. C’est aussi un choix économique si l’on considère le vrai prix de l’énergie.
Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse