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Super League: Alain Geiger fâché contre la VAR

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L'arbitre n'a pas utilisé la vidéo lors de Servette-LS et il a eu raison

L'entraîneur de Servette, Alain Geiger, a critiqué la non-utilisation de l'assistance vidéo samedi lors du derby lémanique contre Lausanne. Il estime que le Vaudois Suzuki aurait dû être expulsé pour un coup de coude sur Stevanovic. Mais deux experts sont formels: les arbitres ont bien fait leur travail.
27.09.2021, 19:0628.09.2021, 15:39
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Samedi soir 25 septembre, Stade de Genève. Arrêts de jeu de la première mi-temps du derby lémanique de Super League. Ballon aérien dans la profondeur en direction du Servettien Miroslav Stevanovic, à la lutte avec le Lausannois Toichi Suzuki. Le corps de celui-ci vient heurter le maître à jouer des Grenat, qui s'effondre sur le dos et se tient le visage dans les mains. L'arbitre, Stefan Horisberger, ne siffle rien.

C'est la consternation dans le camp genevois, y compris sur les réseaux sociaux officiels du club. Sous le post, un fan remonté questionne sarcastiquement le rôle de la VAR (Assistance vidéo à l'arbitrage), qui n'a pas réagi suite à la (non)décision du directeur de jeu.

L'entraîneur servettien Alain Geiger a lui aussi exprimé sa colère après le match:

«Il lui donne un coup de coude au visage, sans le ballon, pour l’arrêter. Je ne sais pas ce que fait la VAR. C’était Sandro Schärer qui était devant l’écran, je m’étais dit avant le match qu’il n’allait pas beaucoup intervenir…»
Alain Geiger, entraîneur du Servette FC

Et pourtant, les choses ne sont pas si simples. «Je comprends la frustration des Servettiens, mais ceux qui voient un coup de coude au visage ont des capacités visuelles hors norme», s'avance Christophe Girard, président de la commission des arbitres de l'association suisse de football (ASF). Sébastien Pache, qui a sifflé au plus haut niveau national, appuie: «Comme téléspectateur, je n'ai pas vu d'image assez claire prouvant qu'il y a eu précisément ce geste».

Une VAR version light

Tout le problème est là: les officiels chargés de la VAR pour ce match n'ont pas reçu plus d'images de la scène que les fans derrière leur télévision. «En Super League, on a une VAR version light», se défend Christophe Girard. «Il n'y a pas 32 caméras au bord du terrain comme en Ligue des Champions ou à la Coupe du monde. Ces limites techniques nous empêchent parfois d'avoir un bon angle de vue.»

Faute d'avoir du matériel d'analyse suffisant, les suppositions sont trop nombreuses. Impossible donc dans ce cas de prendre le risque d'infliger un carton rouge à Suzuki, même s'il semble avoir commis une faute sur Stevanovic. «On n'arrive pas à distinguer quelle partie du corps du Genevois a été touchée, ni comment le Lausannois a donné son coup. Si le torse ou même le cou sont touchés, ce n'est que carton jaune. Le rouge n'est donné que si c'est le visage», décortique Christophe Girard.

Eviter le discrédit

L'enjeu de la crédibilité du corps arbitral et plus généralement de la Swiss Football League décourage aussi toute velléité de décision hasardeuse:

«Si l'arbitre VAR demande le carton rouge et que quelques jours plus tard, un spectateur diffuse une vidéo qu'il a prise montrant clairement que le coup n'a pas été porté au visage, on perd tout crédit»
Christophe Girard, président de la commission des arbitres de l'ASF

Comme en justice, le doute profite à l'accusé. L'idée colle bien à la philosophie de la Fédération internationale de football association (Fifa), qui donne le ton en matière d'utilisation de la VAR. «L'objectif de la Fifa et de l’Union des associations européennes de football (Uefa) est de minimiser son utilisation», observe Sébastien Pache. «Parce qu'on peut très vite basculer dans le schéma inverse, où tout est discuté avec la vidéo. Ça amènerait un jeu haché et on perdrait la dimension humaine de l'arbitrage. Alors dans les situations de zone grise, on demande à la VAR de ne pas intervenir.»

L'ancien arbitre voit encore une autre explication à la frilosité d'usage de cette assistance technique. Elle va au-delà du souci de justice sur la pelouse.

«Pour se faire respecter, un arbitre doit se montrer sûr dans ses décisions. S'il est souvent appelé par la VAR ou qu'il demande fréquemment son avis, il risque de se discréditer auprès des acteurs et du public ou de ternir les relations avec ses assistants s'il conteste leurs décisions»
Sébastien Pache, ancien arbitre de Super League

Et donc, dans tous ces cas, de perdre le fil de son match.

Der Sittener Gennaro Gattuso, links, diskutiert mit Schiedsrichter Sebastien Pache, im Fussball Super League Spiel zwischen dem FC Thun und dem FC Sion, am Samstag 20. Oktober 2012, in der Arena in Th ...
Sébastien Pache en discussion avec Gennaro Gattuso lors d'un match de Super League entre Sion et Thoune, le 20 octobre 2012.Image: KEYSTONE

Christophe Girard assure, lui, que les directeurs de jeu helvétiques ont «vite appréhendé l'outil et accepté l’idée qu’ils peuvent se faire déjuger rapidement».

Les arbitres perdent le fil chez les Brodeurs

Mais il reconnaît que des erreurs ont été commises ces dernières semaines en Super League. Notamment sur le pénalty qui aurait dû être accordé au FC Sion à Saint-Gall fin août, où ni l'arbitre ni son collègue de la VAR n'avaient reconnu la faute pourtant évidente de Lüchinger sur Stojilkovic. ««Sur ce coup, la VAR a zéro excuse», tranche-t-il. «Son responsable aurait dû être focalisé sur cette action et sanctionner la faute.»

Une autre scène litigieuse a eu lieu dans ce même Kybunpark (SG) mercredi dernier lors de la défaite des Brodeurs face au FC Bâle (0-2). A la 54e minute, le Saint-Gallois Alessio Besio se présente seul dans les seize mètres devant le portier rhénan. Juste avant d'armer sa frappe, il est poussé dans le dos par le défenseur Raoul Petretta. Résultat: une frappe en déséquilibre facilement captée par Heinz Lindner. Là non plus, l'homme en noir, Sandro Schärer, n'a pas bronché.

L'action en vidéo

«Pour moi, il y a pénalty car le défenseur ne joue pas le ballon», avoue Christophe Girard. La journal saint-gallois Tagblatt s'étonnait de la décision et de l'inaction de l'assistance vidéo. Pourtant, celle-ci est bel et bien intervenue.

«Il y a eu une discussion entre son préposé et l'arbitre, Sandro Schärer», explique Christophe Girard. «L’arbitre a argumenté sa décision et le responsable VAR l'a validée en affirmant qu'il n'y avait rien pour la contredire.»

Discussions invisibles

Plus que son verdict, c'est le comportement de Sandro Schärer que regrette le président de la commission des arbitres de l'ASF:

«J’aurais aimé qu'il aille au moins voir la vidéo. Il en avait le droit. Ça aurait calmé les esprits et fait taire les rumeurs sur l’inaction et l'inutilité de la VAR»
Christophe Girard

Parce que c'est aussi ça, le problème: l'assistance vidéo intervient sur beaucoup d'actions, mais les discussions dans les oreillettes entre ses responsables et l'arbitre sur le terrain passent souvent inaperçues. De quoi rendre la VAR invisible pour le public.

Christophe Girard espère que les directeurs de jeu demanderont davantage à consulter la vidéo dans le futur en cas de doutes. Sébastien Pache a le même souhait. Le Vaudois va même plus loin: «Je regrette que dans le championnat suisse, la VAR sollicite l'arbitre seulement quand elle est sûre de pouvoir le faire changer d’avis, quand les situations sont évidentes». Il en veut pour preuve les derniers matchs qu'il a regardés, «où les arbitres ont très rarement maintenu leur décision après avoir consulté la VAR».

Les hommes en noir devront donc sortir de leur zone de confort en se remettant en question publiquement, au centre d'un stade de football rempli, pour faire progresser l'arbitrage. Pas facile, même pour des personnes habituées à supporter la pression et les critiques.

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