Le chef du Département de chirurgie, Nicolas Demartines, a reconnu, mardi, dans La Matinale de la RTS qu'annuler des opérations chez des patients vaccinés pose un problème éthique.
Concrètement, seules les opérations dites électives, qui concernent «des patients qui ne sont pas en urgence vitale», sont annulées. C'est-à-dire:
Cela ne touche donc pas les opérations cardiaques, neurochirurgicales et oncologiques où il n'y a pas d'alternatives.
Nicolas Dermartines a rappelé, au passage, que chaque fois que l'on repousse une opération pour un cancer, la survie des patients diminue de semaine en semaine.
Il cite aussi l'exemple d'un patient récemment opéré d'un cancer du rectum avec la pose d'une poche qui n'a pas pu être refermée ensuite faute de place à l'hôpital.
Autre exemple?
Le choix se fait «de la manière la plus collégiale possible entre les chefs de chirurgie et ce, basé sur les urgences médicales». «Pour la première semaine, cela a très bien fonctionné entre collègues pour déterminer les priorités», explique le chirurgien.
Demartines ne cache pas une certaine frustration, partagée par ses équipes, face à la situation actuelle. Il fait remarquer:
Et selon lui, «cela pose aussi un problème éthique». «On parle toujours de solidarité. Mais où est la solidarité pour les patients qui sont vaccinés, qui ont tout fait juste et qui doivent reporter leurs opérations alors qu'ils en ont besoin?», s'interroge-t-il.
«Curieusement, ces patients-là, on les entend beaucoup moins que les antivax, c'est la majorité silencieuse, même si évidemment ils ne sont pas contents. Ils ont peur et ils sont frustrés», observe encore le médecin. Il dit d'ailleurs recevoir régulièrement des lettres et des téléphones de patients inquiets.
Malgré ce contexte, le chef du Département de chirurgie du Chuv insiste sur le fait qu'il n'est pas question de faire de différence entre les patients vaccinés et non vaccinés.
«Mais on doit aussi défendre les intérêts des patients qui ont besoin d'interventions chirurgicales importantes. C'est cette équation qui est extrêmement difficile à mener psychologiquement dans les hôpitaux aujourd'hui», souligne le spécialiste.
Les équipes médico-soignantes sont fatiguées et frustrées. Il y a beaucoup de burn-out, témoigne-t-il. Il y a beaucoup de départs dans les soins intensifs, dans les urgences et dans les blocs opératoires. C'est un phénomène que l'on ne retrouve pas seulement en Suisse, mais dans de nombreux pays, selon son expérience. (ats/mbr)