C'est la nouvelle option dont se vante Facebook: pouvoir cacher le nombre de likes reçus sur une publication. Le géant des réseaux sociaux, qui possède également Instagram, se targue de vouloir prendre soin de la santé mentale de ses utilisateurs. Il sera donc possible de masquer à la fois le décompte des mentions «J'aime» sur vos propres publications, et sur celles qui apparaissent sur votre fil d'actualité. Mais cette mesure est-elle vraiment efficace pour lutter contre les problèmes de comparaison et de validation sociale? Le Washington Post a interrogé plusieurs spécialistes.
Bien qu'elle trouve l'idée intéressante, Sophia Choukas-Bradley doute du réel impact sur le bien-être mental des internautes. Spécialisée dans l'étude des effets des réseaux sociaux sur les adolescents à l'université du Delaware, elle recommande de tester l'outil, mais reste sceptique sur ses véritables effets. «Ça peut être une étape dans la bonne direction pour certaines personnes, mais je ne crois pas que ce sera un changement majeur.»
Jeff Hancock, directeur du Stanford Social Media Lab, approuve ce propos, mais reconnait que l'initiative est bien pensée. Il se félicite du choix qui est donné aux utilisateurs: «Ça me semble être une façon très intelligente et simple de répondre à certaines préoccupations concernant les likes, qui peuvent être dangereux si les gens en deviennent obsédés.»
De fait, des études ont montré que les «likes» peuvent avoir des effets très puissants, aussi bien négatifs que positifs. Les adolescents, plus sensibles à l'approbation des autres et à la validation sociale, y sont particulièrement vulnérables. «C'est agréable quand les gens que nous connaissons réagissent de manière positive, explique Jeff Hancock. C'est dangereux uniquement si on a tendance à y accorder trop d'importance ou à organiser nos vies et notre comportement en fonction de cette forme très réduite de validation sociale.»
Pour Facebook, qui travaillait sur cette option depuis deux ans, c'est avant tout un moyen de «donner plus de contrôle aux utilisateurs». Kamla Modi, membre de la Jed Foundation, qui travaille sur la santé mentale avec Instagram, y voit une réponse aux problèmes de comparaison sociale. Pour elle, c'est une manière de montrer qu'Instagram «s'engage à s'assurer que l'utilisateur est protégé». Mais elle admet que cet outil ne suffira pas à résoudre les problèmes qui peuvent affecter les utilisateurs.
D'autant que les réglages par défaut affichent toujours le nombre de «J'aime», et que beaucoup ne prendront pas la peine de faire le changement. Et s'ils le font, ils pourront encore regarder le décompte des likes en un seul clic. «Pourquoi ne pas proposer aux personnes qui le souhaitent de supprimer complètement les likes de leur expérience?», conclut Sophia Choukas-Bradley. Dans un communiqué, Facebook a assuré avoir testé cette option: «Nous n'avons pas remarqué d'impact significatif sur la santé mentale des gens, c'est pourquoi nous avons préféré donner le choix aux utilisateurs.»
Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original