Invité lors de l'Etape Gourmande du Tour de Romandie vendredi dernier à Montreux, Bernard Hinault a fait un petit crochet en Valais, chez son pote Gaby Micheloud, ancien chef de l'Office Jeunesse et Sport auprès de l'Etat du Valais. L'émission «Sport Première» de la RTS a profité de lui tendre le micro, et lui de répondre à «bâtons rompus».
Le «Blaireau» évoque une nouvelle génération aux dents longues, un plaisir retrouvé après des années où les courses demeuraient statiques et peu spectaculaires.
S'il évoque d'entrée de jeu l'importance d'avoir «un gros moral» et la passion (obligatoire) pour conquérir de grandes épreuves, l'entretien dévie sur le cyclisme actuel qui n'a plus froid aux yeux.
Hinault explique qu'une nouvelle génération est venue rebattre les cartes. «Depuis 2-3 ans, les Evenepoel, Van Aert, Van der Poel, Pidcock, Pogacar, ils sont partout. J'ai beaucoup d'admiration pour eux. Ils sont comme nous à l'époque, ils peuvent tout faire.»
L'homme aux dix Grands Tours avoue que sa passion est revenue avec celle d'une nouvelle génération qui ne se pose pas de questions. Il est même sous le charme.
Foncer sans se retourner, laisser ses poumons sur le bitume, des tentatives au long cours, le Français est heureux de voir une philosophie qui change des dix ou quinze dernières années, où les tactiques de course étaient cadenassées - clin d'oeil à la domination du Team Sky ou à la grande époque des US Postal. Le quintuple vainqueur du Tour de France sent un nouvel élan sur le cyclisme.
Bernard Hinault souligne également la nouvelle mentalité dans les pelotons. Un facteur qui, d'après lui, manque à ses compatriotes dans le vélo.
L'autre thème abordé par Hinault est lié à la condition physique et au ménagement des jeunes coureurs professionnels. Sont-ils capables de suivre ou vont-ils se fatiguer? «On verra dans deux ou trois ans. Je pense que les Pogacar ou Bernal ont les capacités physiques pour être compétitifs plusieurs années.»
Si le «Blaireau» parle de la compétition comme «fabuleuse», c'est surtout son humilité et sa passion pour la petite reine qui transpirent de cette interview à la RTS. Tout est dans l'attitude, dans l'instinct, dans le plaisir de courir, semble-t-il expliquer. «Tous les anciens ont envie de retrouver ce cyclisme que nous avons fait. On a envie que les jeunes le pratiquent de la même manière que nous auparavant. Qu'ils nous fassent rêver!»
Il avoue un gros faible pour Tadej Pogacar, qui prend le vélo comme un jeu.
Une nouvelle génération qui le (re)fait vibrer, le retour d'un panache qu'Hinault et Eddy Merckx incarnaient dans leurs grandes années. Cash, il profite d'attaquer les cyclistes français qui ne se remettent pas en question et ont peur d'aller au charbon:
L'homme que le milieu taxait (un peu) de vieux con, pose un regard critique; l'oeil du champion, vieillissant mais loin d'être sénile, est précis et salvateur. (svp)