Leur fusée Soyouz s'est arrachée à la gravité terrestre comme prévu à 07h42 GMT (9h42 heure suisse) du cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan. Pour l'occasion, le lancement de Soyouz était décoré du profil blanc et bleu de leur illustre prédécesseur, dont le premier vol remonte au 12 avril 1961.
Environ neuf minutes après le décollage, la séparation du vaisseau Soyouz, baptisé pour l'occasion du nom de Gagarine, s'est faite sans encombre à environ 200 km d'altitude.
Chaque année, l'anniversaire du vol de Gagarine est célébré avec dévotion et une immense fierté, notamment en Russie, où des fleurs sont déposées au pied des nombreux monuments à sa gloire.
Oleg Novitski et Piotr Doubrov, de l'agence russe Roscosmos, et Mark Vande Hei, de la NASA, partent pour un séjour de six mois sur l'ISS. La capsule doit se fixer au véhicule spatial, peu après 11h00 GMT (13h00 heure suisse).
Lors de la traditionnelle conférence de presse pré-départ, ils ont naturellement confirmé qu'ils célébreraient, le 12 avril, l'exploit de leur prédécesseur.
La mission de Gagarine, d'une durée de 108 minutes, fut une grande victoire pour l'URSS dans la course à l'espace qui l'opposait aux Etats-Unis. Le cosmonaute, à son retour sur Terre, fut logiquement mis à profit par la propagande soviétique, jusqu'à sa mort tragique dans un accident d'avion aux circonstances troubles, en 1968.
Les célébrations de la mission de Gagarine ne cachent cependant pas les difficultés du secteur spatial russe. Bien que profitant d'une grande expérience et de matériel fiable, comme la légendaire Soyouz datant de la période soviétique, la Russie souffre de difficultés à innover et a subi plusieurs déconvenues techniques, lors de récentes missions, ainsi que des problèmes de financement et de corruption.
L'année dernière, la Soyouz a aussi perdu le monopole des vols vers l'ISS, concurrencée par SpaceX, la société d'Elon Musk. Une nouvelle réalité qui pourrait signifier un gros manque à gagner pour Roscosmos, qui jusque-là facturait plusieurs millions de dollars à la NASA chaque place vers l'ISS.
Le patron de l'agence russe se vante toujours de grands projets, allant de la construction d'une station lunaire avec la Chine, à la construction d'un nouveau vaisseau ultra-moderne. Mais les moyens manquent.
D'année en année, les ressources de Roscosmos sont amputées au profit notamment de projets militaires, prioritaires pour le Kremlin. Les tensions russo-américaines ont aussi fragilisé la coopération spatiale, l'un des rares secteurs d'entraide préservés entre les deux ennemis géopolitiques.
Le projet de l'ISS, lancé en 2000, doit pour sa part arriver à son terme avant 2030 et aucun autre grand projet ne semble encore se profiler pour maintenir une coopération internationale équivalente.
Les équipages, eux, restent les meilleurs promoteurs de la nécessité de s'entraider pour progresser. «Nous étions en concurrence au début des vols habités, et c'est une des raisons qui expliquent nos succès», a souligné jeudi l'astronaute Mark Vande Hei. (ats/mndl)