C'est la rentrée universitaire depuis ce lundi. Depuis l’annonce de l’extension du certificat Covid aux hautes écoles, la colère gronde. Et pas qu’un peu: des centaines d’étudiants s’organisent, écrivent aux autorités cantonales, aux directions des établissements. Ils lancent des pétitions en ligne et se préparent aussi à manifester, notamment ce mardi 21 septembre. A Lausanne, une «manifestation spontanée» serait prévue à la Riponne en fin de journée.
Particulièrement prisée par les groupes d’intérêts, la messagerie Telegram concentre en ce moment un grand nombre de chambres de discussions virtuelles à propos de la rentrée universitaire. Et il y a de tout: des groupes plus généraux composés des milliers de membres et d'autres, spécifiques à chaque établissement, qui abritent entre 50 et plusieurs centaines de membres. Point commun: ils ont poussé comme des champignons. Et en quelques heures. Il y a l’Université de Lausanne (Unil), l’Université de Fribourg (Unifr), l’Université de Genève (Unige), l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL). Mais aussi des Hautes écoles spécialisées (HES).
Dans ces fils de discussion, difficile d’y trouver un slogan rassembleur, entre les propos argumentés et les thèses plus douteuses. Reste un dénominateur commun: «La discrimination», nous confirme Alix, une Valaisanne qui doit reprendre ses études à l’Unil et qui précise parler en son nom uniquement. Autour d'elle, plusieurs profils d'étudiants, comme:
Au final, «qu’importe qu’on soit vacciné ou non, tout le monde y voit un problème», lance Alix. «On nous dit que de toute façon, les non-vaccinés ne sont qu’une minorité. Depuis quand on se fout des minorités?», s’insurge-t-elle.
Et puis, on annonce la possibilité de suivre les cours à distance, ce qui n’est pas une solution acceptable pour Alix. «Après la dernière année universitaire marquée par le sceau de la pandémie, de nombreuses études ou travaux ont montré que l’enseignement à distance n’était pas idéal, que cela poussait les étudiants à la dépression.»
«Pour l’heure», ajoute-t-elle, «la seule option proposée est la vaccination».
Notons toutefois que plusieurs hautes écoles proposent des tests gratuits pour les étudiants pendant un certain temps afin de limiter les absences à la rentrée.
Pire encore: il y a cette réjouissance de reprendre les cours, de se retrouver, qui semble déjà gâchée. La vie universitaire ne se limite pas à l'apprentissage. «Tout s’est écroulé en deux jours… C’est effrayant!», se désole l’étudiante.
Et d’évoquer l’ambiance maussade à laquelle elle s’attend ces prochains jours, entre agents de sécurité aux entrées pour contrôler les certificats et les barrières installées ces derniers jours autour d’une cafétéria de l’Unil pour filtrer efficacement les étudiants et autres collaborateurs.
«Elles sont vraiment hautes. Ils auraient pu mettre des rubans, cela aurait suffi», témoigne une collaboratrice administrative. «Là, c’est trop. Ça fait peur. On dirait que nous sommes en guerre. C’est choquant, tant pour les détenteurs du certificat que pour les autres.»
L’employée enfonce le clou: «Tout le monde est étonné. Cela entre en contradiction avec les valeurs et les symboles que véhicule l’université: la liberté de penser, la liberté d’expression… Nous ne sommes quand même pas des animaux!» Un sentiment partagé par beaucoup sur le campus.
Reste que la collaboratrice reconnaît que la situation est délicate, que l’université a été prise de court et que d’accorder campus universitaire – une petite ville faite de classes, de restaurants, de salles de sports, de salles d’étude, etc. – et certificat sanitaire est d’une complexité inhabituelle.