Le contrôle accru des exportations de vaccins hors de l'UE est, jeudi, au centre des discussions des dirigeants européens. Ils sont partagés sur la question, mais unis dans la volonté d'accélérer leurs campagnes face à la troisième vague de la pandémie. Joe Biden les rejoindra dans leur visioconférence.
La réunion se tient dans un contexte politique tendu. Critiquée pour sa naïveté, l'UE a décidé de muscler son jeu, notamment face au Royaume-Uni, qui a gardé les vaccins produits sur son sol, tout en recevant des livraisons depuis le continent.
La lenteur des vaccinations en Europe et la montée d'une troisième vague de contaminations a contraint plusieurs pays, dont la France et l'Allemagne, à durcir les restrictions face à des opinions publiques de plus en plus hostiles.
Au total, 77 millions de doses ont été expédiées vers 33 pays, sans compter les contributions à l'initiative internationale Covax, en faveur des pays défavorisés. Et 88 millions de doses sont restées dans l'UE, réparties entre les Vingt-Sept. Le rythme de la vaccination sur le continent demeure à la traîne non seulement par rapport au Royaume-Uni, mais aussi aux Etats-Unis.
Pour améliorer l'accès aux précieux flacons, l'UE a décidé de renforcer un mécanisme, inauguré en janvier, pour en contrôler les exportations. La démarche a déclenché les foudres du Royaume-Uni, premier destinataire des doses exportées par le continent (21 millions). Mais les deux parties ont affiché mercredi soir leur volonté de trouver une solution.
Ce mécanisme permet d'empêcher des exportations à destination de pays eux-mêmes producteurs de vaccins, composants ou équipements, et qui ne livrent pas l'Union européenne. Les exportations pourraient aussi être bloquées vers les pays dont la population est déjà largement vaccinée ou qui bénéficient d'une meilleure situation épidémiologique.
L'ancien président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a brocardé sur la BBC une «stupide guerre des vaccins» et estimé que la menace d'un blocage des exportations «endommageait la réputation de l'UE comme champion du libre-échange». (ats/ade)