Au moins 2000 civils ont été tués depuis le début de la guerre décidée par la Russie, relatent les autorités ukrainiennes. Côté russe, les chiffres sont minutieusement glissés sous le tapis, dissimulant les soldats sacrifiés au front.
Alors que de nombreux médias tentent d'avoir une vision globale du chaos sur le champ de bataille, les chiffres sont difficilement vérifiables. Il faut s'en remettre aux organisations internationales, plus indépendantes dans le conflit, pour se donner une idée plus ou moins concrète. Mais la réalité du terrain reste très complexe à analyser. «Les chiffres réels sont, je le crains, considérablement plus élevés», a déclaré la Haute Commissaire de l’ONU aux droits humains, Michelle Bachelet.
Une autre problématique vient entraver le bon déroulement des opérations: la situation trop dangereuse pour les membres des ONG. Certaines ont été obligées de quitter le pays. C’est le cas de Médecins sans frontières, comme le rapporte Le Parisien. Il est donc impossible de continuer le recensement, dans les hôpitaux ou avec le système de santé sur place.
Les opérations menées par les organes indépendants sont particulièrement compliquées à plusieurs égards. Comme l'explique le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), il est préférable de ne pas donner le nombre de personnes (civiles ou militaires) décédées. Il faut éviter de donner l’impression «d’être partie prenante car il y a une instrumentalisation qui peut être faite des chiffres annoncés, qui frappent les esprits», insiste Frédéric Joli, porte-parole de l’organisation, toujours dans l'article du Parisien.
Dans l'intervalle, le gouvernement ukrainien a même mis en ligne un site internet et des groupes Telegram, exhibant les captifs et les victimes russes de la guerre.
La Russie reste précautionneuse, jusqu'à diffuser des programmes télévisuels mensongers. Les médias et chaînes de télévision russe ont reçu l’ordre strict de ne pas prononcer les mots «guerre» ni «invasion» par exemple, indique le politicologue canadien Dominique Arel, dans le Journal de Montréal. Tous les moyens sont bons pour modeler une fausse réalité.
L'Ukraine, elle, s'est décidée à créer un site pour relever les soldats russes tués et capturés. Le président ukrainien a, par ailleurs, annoncé «plus de 9000 soldats tués dans la bataille.» Tandis que dans le camp rival, les hautes autorités russes ont fait état de «498 militaires russes morts dans l’exercice de leurs fonctions», précisait Igor Konachenkov, porte-parole des forces armées russes. Une censure de la Russie face à une nation ukrainienne qui (peut-être) gonfle les pertes. Difficile de s'y retrouver.