L'Ukraine n'a reçu que huit Himars des Etats-Unis, mais les quelques lance-roquettes déploient déjà leurs effets. Dans les zones occupées à l'est et au sud du pays, des dépôts de munitions et des postes de commandement russes explosent chaque jour depuis fin juin, souvent à des dizaines de kilomètres derrière le front.
Cette situation est vivement critiquée par des blogueurs de guerre russes: il s'agit de personnalités très influentes, s'exprimant dans des chaînes Telegram suivies par des centaines de milliers de personnes. Ils voient d'un mauvais œil l'invasion de Poutine au vu de ces attaques dévastatrices.
«Le commandement de l'armée russe pensait pouvoir déplacer la frontière ville par ville vers l'ouest, mais l'armée ukrainienne a désormais un antidote, elle détruit les dépôts d'armes», écrit par exemple sur Telegram le blogueur Dmitryev à propos de l'effet des lance-missiles américains:
La Russie ne peut désormais ni se retirer en sauvant la face, ni s'installer dans l'est de l'Ukraine, estime Dmitryev: «Les missiles voleraient dans tous les sens pendant des années et l'Ukraine serait détruite dans les combats. Et je ne vois pas comment ce scénario pourrait être évité.»
Le blogueur est suivi par plus de 108 000 utilisateurs sur Telegram. Le service de messagerie n'étant pas soumis au contrôle du Kremlin comme les médias d'Etat russes, les discussions dans certains groupes de la plateforme donnent une impression plus authentique de la perception des événements de guerre en Russie. Et Dmitryev n'est pas le seul observateur à voir l'armée russe sur la voie de la défaite.
«Ces derniers jours, dix grands dépôts d'artillerie et d'autres munitions ont été touchés, dix postes de commandement et plusieurs dépôts de pétrole», écrit l'ancien leader séparatiste pro-russe Igor Girkin sur Telegram:
Girkin demande ainsi des frappes aériennes sur les installations ferroviaires «de la soi-disant Ukraine», par lesquelles des lanceurs de missiles comme les Himars et des obusiers occidentaux seraient acheminés dans la zone de combat.
L'ancien leader séparatiste a participé à l'occupation russe de l'est de l'Ukraine en 2014 et serait responsable de la destruction du vol MH17 qui a fait 298 morts. Selon lui, les défenses aériennes russes se sont révélées largement inutiles contre les nouveaux missiles américains. Il est suivi par plus de 400 000 utilisateurs sur Telegram.
Le reporter de guerre russe Alexander Sladkov, suivi par près de 900 000 utilisateurs sur Telegram, touche encore plus de monde. Il y écrit:
Le Russe Roman Saponkov, suivi par plus de 25 000 utilisateurs sur Telegram, se dit plutôt impressionné par les récents succès ukrainiens.
Saponkov y raconte qu'il a assisté à une attaque de missiles Himars sur l'aérodrome militaire de Tchornobaïvka, dans le sud de l'Ukraine occupée. «J'ai déjà subi des tirs d'artillerie, mais ce qui m'a vraiment impressionné, c'est que les cinq ou six missiles sont tombés quasiment sur un seul point.» Normalement, les roquettes d'artillerie se répartissent sur une grande surface lors de l'impact.
Il serait, toutefois, inapproprié de céder à la panique, selon Saponkov: «Bien sûr, ce n'est que le début, les Ukrainiens vont frapper toutes les installations russes sur lesquelles ils ont des informations. Mais je suis sûr que des contre-mesures seront prises. Il n'y a pas une arme miracle qui permette de gagner une guerre.»
Les missiles Himars permettent à l'Ukraine d'atteindre des cibles situées jusqu'à 85 kilomètres de distance, avec une précision de quelques mètres. D'autres missiles pour ce système peuvent même voler à plus de 300 kilomètres, mais le gouvernement américain refuse de les livrer à l'Ukraine. La crainte d'une nouvelle escalade avec la Russie est trop grande si Kiev devait utiliser ces missiles pour des attaques loin sur le territoire russe.
La semaine dernière, le gouvernement américain a annoncé la livraison de quatre lanceurs de missiles Himars supplémentaires à l'Ukraine, qui disposera alors de douze systèmes de ce type. Le Royaume-Uni et l'Allemagne veulent envoyer à l'Ukraine des lanceurs supplémentaires de type Mars II, le modèle précédent des Himars.
Sources:
(t-online, mk, sas)