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Super League: Daniel Wermelinger revient sur les problèmes d'arbitrage

Basels Arthur Cabral, links, diskutiert mit Schiedsrichter Sandro Schaerer im Fussball Meisterschaftsspiel der Super League zwischen dem FC Basel und den Berner Young Boys, am Sonntag, 29. August 2021 ...
Le Bâlois Arthur Cabral en pleine discussion avec l'arbitre Sandro Schaerer lors du match de Super League entre Bâle et Young Boys, le 29 août dernier.Image: KEYSTONE
Interview

Le chef des arbitres: «La semaine passée, on a eu un weekend terrible»

L'arbitrage en Super League le week-end dernier a fait couler beaucoup d'encre et fait jaser pas mal de fans, notamment ceux de Servette et YB. Même Sandro Schärer, star du sifflet en Suisse, semble parfois à côté de ses pompes cette saison. Le chef des arbitres, Daniel Wermelinger, explique comment il veut remonter le niveau des hommes en noir. Interview.
24.10.2021, 22:4225.10.2021, 09:42
françois schmid-bechtel / ch media
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Luca Piccolo aurait dû siffler un pénalty pour Servette à Saint-Gall dimanche dernier et annuler le but victorieux des Brodeurs dans les arrêts de jeu, à cause d'une faute évidente sur un Genevois. La veille, à Berne, Stefan Horisberger refusait injustement une réussite de Young Boys contre Lucerne pour un hors-jeu présumé.

Le chef des arbitres suisses Daniel Wermelinger parle d'un «week-end noir» pour l'arbitrage helvétique, qui traverse une période délicate. Le boss reconnaît lui-même le problème et explique comment y remédier.

Comment évaluez-vous la saison actuelle du point de vue de l'arbitrage?
DANIEL WERMELINGER:
On a une marge de progression, mais tout n'est de loin pas mauvais, je tiens à le souligner. Sur la scène internationale, nos arbitres réalisent de très bonnes prestations. Au niveau national, cependant, elles ne répondent pas à nos attentes, du moins lors des dernières journées.

Comment expliquez-vous ces performances parfois mauvaises?
D'une part, par les nombreux matchs internationaux que nos meilleurs arbitres vont siffler, qui leur ajoutent une charge. De l'autre, il y a des courbes de forme qui existent, comme dans une équipe. Depuis la mi-septembre, il y a une baisse de niveau, alors on doit remonter la pente le plus rapidement possible.

Daniel Wermelinger, en 2007, lorsqu'il était encore arbitre.
Daniel Wermelinger, en 2007, lorsqu'il était encore arbitre. image: keystone

On a l'impression que les prestations des arbitres étaient meilleures quand il n'y avait pas de spectateurs dans les stades.
On sent aussi le changement. Le nombre d'avertissements pour les seuls entraîneurs a énormément augmenté depuis que les supporters sont de retour dans les stades. En ce moment, par rapport aux deux dernières saisons, on doit donner beaucoup de cartons jaunes aux entraîneurs.

Il le faut vraiment?
Oui. Depuis qu'on rejoue devant du public, on doit plus souvent sanctionner le comportement des entraîneurs.

«Les joueurs sont aussi boostés par les spectateurs. Il y a définitivement plus d'adrénaline sur et en dehors du terrain que pendant la période de huis clos»

Les arbitres étaient-ils plus détendus durant cette période sans public?
Les arbitres sont comme dans un tunnel pendant un match. Bien sûr, on entend le bruit autour. Mais il n'a aucune influence sur les performances. Par contre, dans un stade vide, l'arbitre entend chaque mot. C'est une supposition, mais c'est peut-être la raison pour laquelle les entraîneurs et les joueurs se sont contenus au niveau des réclamations.

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Depuis que les spectateurs sont revenus dans les stades, les arbitres doivent plus souvent avertir les entraîneurs.Image: KEYSTONE

A l'époque, trois personnes suffisaient pour arbitrer un match de haut niveau. Aujourd'hui, avec la VAR, il y a six arbitres par match de Super League. Le système VAR est-il en train de surcharger l'arbitrage suisse?
Non. C'est la charge de travail qui a augmenté, surtout pour les arbitres de très haut niveau. Ils sifflent des matches de Ligue des champions, d'Europa League et de Conference League. Ça signifie qu'ils sont de service trois fois par semaine. La règle voulait que les arbitres aient un week-end de congé toutes les quatre semaines. Ce n'est actuellement pas possible.

Trois matchs par semaine à arbitrer, c'est trop?
En principe non. Mais quand vous ajoutez des voyages fatigants, c'est un peu trop. On ne va pas changer ça: un arbitre a besoin d'au moins deux jours de repos entre deux matchs. Nos arbitres sont au mieux des semi-professionnels. C'est différent dans de nombreux pays européens. Là-bas, les meilleurs arbitres sont des professionnels à part entière.

Demandez-vous plus d'argent pour offrir des postes à temps plein aux arbitres?
Non, on ne le fait pas. Mais on doit continuer à optimiser l'utilisation de nos ressources.

Où voyez-vous une urgence?
On doit être en mesure d'offrir aux arbitres internationaux, qui voyagent beaucoup, les meilleures conditions possibles.

«On a par exemple un arbitre qui travaille comme enseignant. Lundi, il s'envole pour Milan pour un match de la Youth League. Mardi, il siffle Inter Milan - Sheriff Tiraspol en Ligue des champions. Il rentre en avion mercredi. Le jeudi et le vendredi, il reprend ses fonctions d'enseignant»

Pour l'instant, cet arbitre est employé chez nous à 50%. L'objectif est de lui offrir un 70 ou 80%.

On peut être effrayé en constatant que la figure de proue de l'arbitrage suisse Sandro Schärer a déjà réalisé deux mauvaises prestations en Super League alors que la saison a commencé il n'y a pas longtemps. Comment l'expliquez-vous?
C'est votre opinion. Il n'a pratiquement jamais mal arbitré ces dernières années. Même le numéro 1 doit avoir droit à une erreur de temps en temps. Parce qu'il n'est pas une machine.

Sandro Schärer.
Sandro Schärer.image: keystone

Le week-end dernier a été particulièrement faible au niveau de l'arbitrage. Prenons le match Saint-Gall - Servette: le Saint-Gallois Stillhart commet une faute sur le Servettien Rodelin dans la surface de réparation. Mais le jeune arbitre Luca Piccolo ne va même pas voir la vidéo. Alors on se demande: que se passe-t-il entre le VAR et l'arbitre?
La procédure est toujours la même. Pendant un match, de nombreuses scènes sont vérifiées avec la VAR: chaque but, chaque scène de pénalty, chaque hors-jeu. Plus il y a de situations à vérifier dans une même action, plus le risque est grand de passer à côté de quelque chose. Prenons le cas de YB...

... le but contre Lucerne qui a été refusé à tort par l'arbitre pour une position de hors-jeu?
Oui. Différentes choses ont été vérifiées: pénalty, ballon sorti ou non des limites, hors-jeu, y avait-il une faute au début de l'action? Malheureusement, sous une forte pression, il peut arriver que vous consultiez les mauvaises images. Ou que vous oubliez de regarder certaines images.

Alors les arbitres VAR devraient prendre plus de temps.
C'est l'une des leçons apprises le week-end dernier. Mais c'est subtil: d'un côté, le check doit être effectué aussi rapidement et correctement que possible, mais de l'autre, il ne doit pas faire stresser. Quand on a besoin de deux minutes pour un contrôle, on nous dit autour: «Ne traînez pas!» Pour revenir au cas de Young Boys-Lucerne: ils ont bien vérifié le hors-jeu, mais ils n'ont pas contrôlé par qui le ballon a été joué, en l'occurence le Lucernois Wehrmann. Les images ne sont pas toujours aussi claires qu'on pourrait le croire.

De quel type d'images disposez-vous? Parce que si on regarde la scène une fois au ralenti, on voit qu'il n'y a pas de hors-jeu.
Revenons à la scène litigieuse de Saint-Gall - Servette évoquée avant: la VAR à Volketswil demande à l'arbitre sur le terrain: «Qu'as-tu vu?» Il répond: «Je vois que les deux joueurs vont vers le ballon.» Ils vérifient à Volketswil.

«En fin de compte, ce contrôle n'a pas non plus été fait avec assez de prudence, il s'est fait trop rapidement et a mené à une erreur manifeste de la part de la VAR à Volketswil»

C'est absolument incompréhensible que l'arbitre, Monsieur Piccolo, passe à côté de la faute saint-galloise juste avant que Saint-Gall marque le but de la victoire, le 2-1, dans le temps additionnel. Qui plus est après avoir vérifier la scène à la vidéo.
L'arbitre doit déjà voir la faute sur le terrain. Il avait dans sa tête l'image de la façon dont il percevait la scène en temps réel. Et c'était malheureusement une mauvaise représentation.

Luca Piccolo lors du match Saint-Gall - Servette.
Luca Piccolo lors du match Saint-Gall - Servette. image: keystone

Mais vous pouvez alors complètement arrêter avec la VAR si les arbitres ne sont pas capables de réviser leurs décisions.
La VAR fait partie de l'évolution du football, elle a ses forces et ses faiblesses. Elle devrait réduire au minimum les erreurs évidentes, mais elle ne peut pas les éliminer complètement. On a réussi à le faire dans 51 cas la saison dernière.

«En fin de compte, les arbitres sont des êtres humains et non des robots. C'est vrai, on a eu un week-end noir la semaine passée. Mais il serait tout à fait faux de remettre en cause la VAR à cause de ça. On n'était tout simplement pas bons. Ni dans le stade, ni dans la salle vidéo. Point»

Vous dites que les contrôles vidéo ne devraient pas prendre trop de temps. Mais vous pourriez utiliser cette pause pour offrir aux spectateurs une autre expérience: leur faire entendre la discussion entre l'arbitre et la VAR pendant la retransmission télévisée.
C'est vrai qu'on a une marge de progression au sujet de la transmission entre Volketswil et le stade. Le spectateur, qu'il soit dans le stade ou à la maison, devrait être mieux informé du processus de décision.

Piccolo ne s'est pas expliqué après le match Saint-Gall - Servette. C'est une bonne ou une mauvaise chose selon vous?
On parle d'un arbitre de 29 ans, le plus jeune de la Super League, qui a dû arbitrer un match délicat. Je le comprends et c'était juste qu'il ne fasse pas de déclaration sous ces influences et sous cette pression.

Vous l'avez muselé au niveau communication?
Non, je ne fais jamais ça.

La meilleure formation pour tous les arbitres, c'est de jouer au football une fois par semaine pour améliorer leur sens du jeu. Pourquoi êtes-vous contre?
Je ne m'y oppose pas. Cette semaine, on a commencé un projet intéressant avec Andy Egli. Notre objectif est d'attirer d'anciens joueurs et anciennes joueuses de haut niveau dans notre équipe par le biais d'une formation raccourcie. On est déjà en contact étroit avec plusieurs anciens joueurs et anciennes joueuses de niveau national. On sent une grande volonté de réaliser ce projet.

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Andy Egli (à droite), ancien joueur, entraîneur et consultant, va aider les arbitres suisses à recruter d'anciens footballeurs de haut niveau.Image: KEYSTONE

De quels joueurs s'agit-il?
C'est encore trop tôt pour en parler.

Mais l'arbitrage est la dernière option pour la plupart des gens, après avoir échoué en tant qu'entraîneur, directeur sportif ou agent de joueurs. Lorsqu'ils en arrivent là, la plupart d'entre eux ont déjà 40 ans et l'arbitrage se termine à 45 ans. Ça n'a pas beaucoup de sens.
C'est pourquoi on recherche aussi le contact avec des joueurs et joueuses de haut niveau mais qui n'ont pas réussi à franchir la dernière étape pour devenir pro quand ils étaient junior. En plus, on peut offrir aux anciens footballeurs professionnels, compte tenu de leur expérience, un saut vers l'arbitrage en Super League plus rapide que la« voie conventionnelle».

Adaptation française: Yoann Graber

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