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En Israël, quatrièmes élections en quatre ans pour Netanyahou

Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu, center, tours the Mahane Yehuda market while campaigning a day before national elections, in Jerusalem, Monday, March 22, 2021. The March 23 vote is Israel�� ...
Une dernière olive verte pour la route avant le verdict des urnes. Le Premier ministre israélien sur un marché de Jérusalem, lundi 22 mars. Image: AP
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En Israël, un référendum pour ou contre Netanyahou

L’inoxydable Premier ministre sauvera-t-il encore une fois sa peau dans les urnes ce mardi 23 mars? Cinq enjeux de ces quatrièmes élections en quatre ans.
23.03.2021, 06:0523.03.2021, 15:41
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Pourquoi ces scrutins à répétition?

Parce que Benyamin Netanyahou n’est plus assez fort pour gagner, mais pas encore assez faible pour perdre. Au pouvoir sans discontinuer depuis mars 2009, soit douze ans (et trois de plus si l’on compte un premier mandat entre 1996-1999), l’homme fort du Likoud (droite) est celui qui a passé le plus de temps à la tête du gouvernement depuis la fondation d’Israël en 1948.

«C’est le gardien de but de la nation et il ne laisse aucun ballon entrer. C’est pourquoi il est toujours au pouvoir.»
Colin Shindler, professeur à la School of Oriental and Asian Studies de Londres

Mais il y a un problème : il faut disposer d’une majorité absolue pour gouverner, 61 sièges sur les 200 à la Knesset (parlement). Or elle est impossible à trouver depuis deux ans. A chaque fois, il a fallu monter des coalitions bancales après des mois de tractations laborieuses. Signe de cette instabilité, les dernières élections en date (2 mars 2020) n’ont débouché sur un compromis entre partis que deux mois plus tard, et le gouvernement n’a tenu que sept mois.

Quel est le principal rival du Premier ministre actuel?

Il y en avait un, il n’y en a plus. Entré en politique il y a deux ans, un ancien Chef d’État-major de Tsahal, l’armée israélienne (qu'il dirigeait lors de l'offensive à Gaza en 2014), a brièvement semblé pouvoir écarter Netanyahou du pouvoir. Avec sa nouvelle formation centriste «Bleu-Blanc», le Général Benny Gantz avait fait match nul avec le Likoud dans les urnes l’an dernier. Mais dans les négociations pour former un gouvernement qui ont suivi le vote, il n’a pas su résister aux roueries expertes de «Bibi» Netanyahou.

En fin de compte, Gantz a accepté la main tendue par ce dernier, sous le prétexte impérieux d’un «gouvernement d’union nationale» en temps de pandémie, et avec la vague promesse de devenir Premier ministre à son tour au bout de six mois. Mais en devenant… ministre de son rival, Gantz a juste oublié la principale motivation de ses propres électeurs: tout sauf Netanyahou. Résultat, plus personne ne veut entendre parler du général, dont le parti aura bien du mal à atteindre le seuil de 3,5% des voix pour envoyer un député à la Knesset.

N'y a-t-il pas d'autres opposants?

Au contraire, ils sont légion! Plusieurs ex-alliés de Netanyahou se dressent désormais contre lui, comme Yaïr Lapid, à la tête de Yesh Atid ! (« C’est l’avenir ! », centre), qui pourrait obtenir 18 sièges. Ancien présentateur d’un talk-show télévisé, Lapid a été ministre des finances en 2013-2014 – il n’a pas laissé un souvenir impérissable. Mais il aurait «gagné en consistance» ces dernières années, à en croire les analystes de la scène politique israélienne.
Qui notent par exemple qu'il ne ferait jamais de concessions aux électeurs ultra-orthodoxes – le fameux «vote religieux» de l'extrême droite pèse depuis une éternité sur la politique israélienne. Pourrait-il déloger «Bibi»? Pour cela il faudrait déjà qu’il s’entende avec les deux autres principaux challengers, beaucoup plus à droite que lui.

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Un Juif ultra-orthodoxe devant les affiches électorales de Netanyahou et de Yaïr Lapid, à Jérusalem lundi 22 mars.Image: EPA

A commencer par l’avocat Gideon Saar, un ancien cacique du Likoud avant de le quitter il y a trois mois pour lancer «Nouvel Espoir » - ce nouveau parti plafonne dans les sondages (entre 8-10 sièges). Encore plus à droite se trouve Yamina («Le Foyer Juif»), la formation du roi du logiciel Naftali Bennett. Son fonds de commerce: non à un Etat palestinien, et poursuite des colonies de peuplement, au besoin en annexant des pans entiers de la Cisjordanie. Yamina recueillerait aussi 8-10 sièges à la Knesset.

Où est passée la gauche?

Les travaillistes ont quasiment disparu d’une scène politique qu’ils se sont longtemps partagée avec le Likoud. Qu’on se souvienne: c’était le parti de David Ben Gourion, père de l’État hébreu, mais aussi de figures historiques comme Golda Meir, Yitzhak Rabin, assassiné en 1995, ou encore Ehud Barak, son dernier Premier ministre.
Mais comme dans de nombreux autres pays démocratiques, les sociaux-démocrates israéliens se sont effondrés ces dernières années. Il y a douze mois, ils n’ont obtenu que deux députés. Feront-ils moins pire cette fois-ci?

Peut-être. Depuis janvier, le parti est dirigé par une femme de 54 ans, Merav Michaeli, qui veut sauver HaAvoda - le travail en français -, le parti qui a longtemps dominé la vie politique israélienne au siècle passé. Candidate par défaut, elle a pris la tête de la formation en capilotade en janvier. Les sondages s’accordaient alors pour prédire zéro parlementaire aux travaillistes dans la future Knesset issue des élections de ce 23 mars. Créditée à la veille du scrutin d’une demi-douzaine de sièges, sa liste pourrait sauver les meubles.

En résumé, c'est un référendum sur «Bibi»

POUR

La campagne de vaccination en Israël: 90% des adultes ont reçu au moins une injection, et 50% ont reçu les deux.
Netanyahou, qui est anglophile et apprécie les jeux de mots, a d’ailleurs fait campagne sous le slogan «Vaccine nation.»
Il est inoxydable: l’opposition est tellement fragmentée qu’à la fin c’est toujours lui qui rassemble les pièces du puzzle.

CONTRE

Népotisme, trafic d’influence, abus de confiance: L’homme a été mis en examen dans trois affaires différentes de corruption. Son procès doit d’ailleurs reprendre en avril, quel que soit le résultat électoral. Pour ses opposants, qui manifestent depuis bientôt cinq ans dans la rue Balfour à Jérusalem, il est avant tout le «Crime Minister.»

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