L'équipe de Suisse n'aura finalement attendu que 24 heures après sa victoire cruciale contre la Turquie dimanche (3-1). Oui, le soulagement est arrivé lundi soir déjà: elle est assurée de terminer parmi les quatre meilleurs troisièmes de groupe. Et donc, de disputer les huitièmes de finale de l'Euro.
Cet heureux dénouement ne pouvait pas tomber plus vite. La raison? Un scénario parfait pour la Nati lundi soir lors des matchs des groupes B et C.
Mais il reste plusieurs inconnues pour les hommes de Vladimir Petkovic: ils ne savent pas contre qui ils joueront, ni quand et où. A plusieurs égards, leur situation ressemble à celle de l'Albanie il y a cinq ans.
Lors de l'Euro 2016 en France, la sélection balkanique avait héroïquement décroché la troisième place d'un groupe très relevé comprenant aussi la France, la Suisse et la Roumanie. Mais le sort s'était montré plus cruel avec les «Kuq e Zinjtë» (les «Rouge et Noir»): ils avaient attendu longtemps. Trois jours. En vain. «Jusqu'au dernier match de la phase de poule, on a espéré, rembobine Burim Kukeli, ancien milieu de terrain des Aigles. Après notre victoire contre la Roumanie, on a regardé tous les matchs ensemble à l'hôtel, l'équipe entière. C’était difficile, parce qu'à chaque fois on se disait "La qualification, c’est maintenant, c’est maintenant!"»
Au final, l'Albanie sera éliminée, coiffée au poteau par le Portugal – futur champion d'Europe –, dans la course aux quatre meilleurs troisièmes. Avec des regrets. Le milieu de terrain Migjen Basha en a eu: «Durant ces trois jours d'attente, on s’est fait pas mal de films sur l’occasion ratée par Shkelzen Gashi face à Yann Sommer lors du premier match contre la Suisse, se souvient le natif de Lausanne. Si on avait égalisé à 1-1, on aurait eu 99% de chances de passer.»
Mais, chez les footballeurs albanais – qui disputaient seulement leur deuxième grand tournoi – l'allégresse remplace vite l'amertume de l'élimination. «La déception était grande, logiquement. Mais notre fierté et notre joie l'étaient encore plus. Avec un peu de recul, on est vite conscient de la chance d'avoir vécu une aventure si incroyable. L'énergie transmise par les fans, ces stades pleins, nos belles performances, tout ça était énorme!», s'extasie encore aujourd'hui Burim Kukeli.
Une euphorie qui atteindra son paroxysme à l'occasion du retour de France du Soleurois d'adoption et de ses coéquipiers. A Tirana, les membres de la sélection sont accueillis en héros nationaux par des milliers de supporters et reçoivent tous un passeport diplomatique.
Yann Sommer et ses collègues n'auraient pas eu droit à pareils honneurs s'ils avaient été éliminés de l'Euro 2020 à la troisième place de leur groupe. Non, parce que la Suisse, contrairement à l'Albanie, est une habituée des huitièmes de finale de grands tournois. Et une non-qualification aurait été un échec.
Mais les défis de la Nati sont les mêmes que ceux de l'Albanie il y a cinq ans: bien gérer ces quelques jours d'incertitude. A commencer par le béaba. «Durant cette attente, c'est important de rester fit et en bonne santé pour la suite du tournoi», prévient Burim Kukeli. L'ancien Sédunois poursuit:
Migjen Basha voit un autre point crucial: «Pendant notre mise au vert de trois jours, on essayait aussi de relâcher la pression. Il y avait beaucoup de stress durant ce tournoi, sur le terrain et en dehors. Notamment à cause des longs et nombreux déplacements en bus et avion à travers la France et le très pesant dispositif de sécurité, renforcé après les attentats de 2015.»
Avant un grand tournoi, une sélection bénéficie de nombreux mois pour décortiquer les moindres détails du jeu de ses adversaires en poule, connus dès le tirage au sort des groupes. Tout le contraire en phase à élimination directe. Le staff de Vladimir Petkovic devra être d'autant plus efficace pour préparer les séquences vidéo à éplucher.
Et même s'improviser devin: quelle équipe visionner? «Comme la Suisse aujourd'hui, l'Albanie avait plusieurs adversaires potentiels en huitièmes, rappelle Burim Kukeli. L'Allemagne en faisait partie, alors j'avais commencé à étudier son jeu». Contrairement à l'ancien milieu du FC Sion, Migjen Basha ne voulait pas voir si loin:
Le défi logistique vient davantage brouiller la vision à court terme déjà bien floue de la Nati pour ces prochains jours. Basée à Rome, elle jouera son prochain match le dimanche 27 juin à Séville, le lundi 28 à Bucarest ou le vendredi 29 à Glasgow. On espère que son intendant a quelques compétences dans les réservations de last minute...
Dank der Ergebnisse in den Gruppen B & C steht die Schweiz im Achtelfinale. Die möglichen Spiele:
— 🇨🇭 Nati (@nati_sfv_asf) June 21, 2021
🆚 B1 (🇧🇪), 27.6, 21h00, Sevilla
🆚 F1 (🇫🇷 🇩🇪 🇵🇹), 28.6, 21h00, Bucarest
🆚 E1 (🇸🇪 🇸🇰 🇪🇸 🇵🇱), 29.6, 21h00, Glasgow pic.twitter.com/npMuD444M5