Ce nouveau variant du Sars-Cov-2 présente un nombre «extrêmement élevé» de mutations, selon les scientifiques sud-africains qui l'ont découvert. Il en regroupe à lui seul 32 au niveau de la protéine Spike, ce qui est particulièrement sensible, car elle est ciblée par les vaccins.
Pour Tom Peacock, virologue à l’Imperial College, il s'agit d'un profil «vraiment horrible».
D'un point de vue purement scientifique, son apparition n'est pas anormale. «Il est dans la nature des virus de muter souvent et de manière aléatoire», explique dans le Guardian la microbiologiste britannique Meera Chand. La souche initiale du Sars-Cov-2 a donné vie à plusieurs mutations jusqu'à présent.
C'est encore trop tôt pour le dire. Tout l'enjeu est de savoir si ce nouveau variant est résistant aux vaccins. Si c'est le cas, cela vaudrait dire qu'il faudrait tout recommencer.
Une partie des 32 mutations du B.1.1.529 sont «associées à une résistance aux vaccins», estime le chercheur Etienne Simon-Lorière dans les colonnes du Parisien. Mais pour l'instant, «on n’est pas vraiment capable de prédire leur impact réel». Il se peut qu'elles soient un «groupe étrange» peu transmissible, estime de son côté Tom Peacock.
Il faudra patienter quelque temps avant d'avoir la réponse. Les résultats des études menées actuellement par les chercheurs sud-africains pourraient tomber d’ici deux à trois semaines.
Le ministre sud-africain de la Santé, Joe Phaahla, est beaucoup plus catégorique. D'après lui, l'apparition du variant est sans «doute à l'origine de l'augmentation exponentielle des contaminations ces dernières semaines».
Quoi qu'il en soit, le Royaume-Uni a déjà pris des mesures. Dans la soirée de jeudi, les autorités ont annoncé que les voyageurs en provenance de plusieurs pays d'Afrique australe devront être mis en quarantaine.
Pour l'instant, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) n'a pas encore pris de mesures. Il analyse les données disponibles et est en train d'échanger avec tous les acteurs au sein et en dehors de l'administration.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) doit encore se prononcer sur la variante du coronavirus B.1.1.529 et sa dangerosité. Son évaluation aura également une influence sur la suite de la procédure en Suisse, ajoute l'OFSP. Dès que des décisions auront été prises, l'OFSP a laissé entrevoir de nouvelles informations.
Une centaine de cas ont été recensés au total dans trois pays: le Bostwana, Hong-Kong et, surtout, l'Afrique du Sud. Pour l'instant, il s'agit donc d'un phénomène très marginal. A titre de comparaison, rien que ce jeudi, 8042 nouvelles infections ont été comptabilisées en Suisse.
Cela pourrait bientôt changer. Selon Etienne Simon-Lorière, le B.1.1.529 semble bien parvenir à se diffuser de «manière compétitive». Il ne reste qu'à attendre les résultats des études. (asi)