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Le clitoris, on veut le montrer cash, même à la télé publique

Le clitoris on veut le montrer cash, même à la télé publique

Female reproductive system. Clitoris with flowers and petals on pink background. Hand painted watercolor illustration.
Le clitoris, organe du plaisir invisible devenu symbole féministe et œuvre d'art.Image: Shutterstock
La RTS diffuse jeudi une émission spéciale sur le clitoris. Cash, sans tabou, même assez crue. Surprenant pour le service public? Pas tant que ça. Après des siècles de négation, le clito est réhabilité.
10.03.2021, 21:0811.03.2021, 15:35
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Vous l'avez peut-être vu trôner à côté de la Tour Eiffel, immense, rouge et militant, ce lundi 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes. Vous le verrez peut-être aussi à la télé ce jeudi tard dans la soirée, dans l'émission «Ramdam» de la RTS.

Le clitoris, on veut qu'il prenne de la place depuis quelques années. Et sur la RTS ce jeudi, il sera montré comme vous ne l'aurez sûrement jamais vu sur votre petit écran.

A la télé parce que «c'est d'utilité publique»

Reposons le contexte. «Ramdam», c'est le nouveau programme culturel de la RTS. Jeudi à 22h45, l'émission projettera «Mon nom est clitoris» (2019), de Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond. Ce documentaire donne la parole à des jeunes femmes qui partagent sans tabou autour de la sexualité féminine.

La bande-annonce de «Mon nom est clitoris»

«Ramdam» a aussi été à la rencontre d'artistes romands travaillant sur ces questions. Vous y verrez des vulves géantes pailletées, une effeuilleuse burlesque fascinante et... des images crues de clitoris et de sexe féminin. Sans aucun caractère pornographique, évidemment. Et très encadrées éditorialement.

Joëlle Rebetez, la productrice et co-présentatrice, a porté son émission avec détermination. Pour elle, il y a une vraie «utilité publique» à montrer le clitoris et le sexe des femmes aux yeux du plus grand nombre. Pour que le tabou s'efface toujours plus. La journaliste lance:

«Cette partie du corps est peu valorisée. Comment voulez-vous que les filles aient confiance en elles dans un monde comme cela? Des informations doivent leur être données»
Joëlle Rebetez, journaliste à la RTS

Casser un tabou millénaire

Des informations. Si on le médiatise à fond, si on le rend pédagogique, si on le décrypte aujourd'hui, c'est parce qu'il n'a pas eu son heure de gloire avant. Vraiment pas.

Durant des millénaires, il était niché à l'intérieur des corps féminins comme une sorte de fantôme à la forme invisible et méconnue. On le voyait comme un petit cercle peu abordé sur les planches d'anatomie ou comme un «bouton magique» dans nos lits. C'est tout.

Le clito, l'histoire et la science:
pas copains du tout

Et ça, c'est parce que l'organe du désir a eu une relation (très) compliquée avec les sciences, l'histoire et la politique. Pour faire court: retenez que le clitoris a été longtemps et volontairement abandonné par les experts parce qu'il ne servait pas à faire des bébés.

Il a aussi été condamné parce qu'il était vu comme un mini pénis qui aurait pu mettre la supériorité des hommes en danger, et donc menacer l'ordre mis en place. Entre autres.

Bref, la science a boudé le clito, l'éducation sexuelle aussi. Et de notre côté, forcément qu'on n'a pas toutes et tous compris vraiment à quoi il ressemblait et comment il fonctionnait. Et qu'on traîne quelques lacunes.

La preuve? Personne (ou presque) ne sait le dessiner, encore aujourd'hui. Mais on vous spoile une scène de «Ramdam», là.

Un clito politique aussi

Et si on parle du clitoris aussi ouvertement dans l'espace public, si on le dévoile parfois en immense, c'est aussi parce qu'il est devenu un véritable emblème féministe.

Dans le sillage du mouvement #MeToo, l'organe est devenu politique. Dans une vidéo de Brut, l'activiste Elvire Duvelle-Charles résume très bien le pourquoi du comment: «C'est le symbole du plaisir confisqué, du contrôle sur les corps des femmes».

On le brandit alors dans les manifestations, on le spraie dans la rue pour lutter pour l'émancipation sexuelle et la réappropriation des corps.

Enfin, le clitoris convoque une autre question. Julia Pietri, la fondatrice du groupe Gang du Clito (qui a installé le clitoris géant à Paris) a expliqué devant les caméras lundi:

«L'éducation sexuelle, c'est la base pour pouvoir parler de consentement. Si on dit qu'on n'a rien entre les jambes (...) on n'a rien à protéger, parce que rien n'existe»
Julia Pietri, fondatrice du Gang du clito

Le clitoris n'a en effet été que très récemment représenté dans les manuels d'éducation sexuelle. Réhabilité mais encore un peu méconnu, il va assurément continuer à faire parler de lui.

Et vous, connaissez-vous vraiment le clitoris? Faites le test!

Quiz

Si vous voulez en apprendre encore un peu:

Encore là? Si vous voulez connaître toutes les péripéties de l'organe du plaisir dans l'histoire, lisez «Politique du clitoris», un livre écrit par Delphine Gardey, sociologue, historienne et directrice de l'Institut des études genre de l'Université de Genève (IGEND). Si vous avez la flemme, cet article du Temps résume aussi tout très bien.
Et sinon, Brut dédie cette semaine du 8 mars au clito. C'est très instructif et c'est par ici.

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