Suisse
Economie

Veganuary ou comment j'ai survécu sans viande (et surtout sans fromage)

Veganuary 2023: J'ai tenté et j'ai craqué (un peu)
Immersion

Veganuary: comment j'ai survécu un mois sans viande (et sans fromage!)

Eliminer temporairement la viande, le lait, le fromage, les œufs et même le miel, c'est possible. Mais ce n'est pas simple. Voici le bilan honnête d'un mois passé à me priver. Est-ce que c'était un sans-faute? Euh...
01.02.2022, 19:0802.02.2022, 17:36
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

Cette année, le Veganuary a enregistré un nombre record d'inscriptions avec des participants dans presque tous les pays du monde. D'après un communiqué de presse, plus de 629 000 personnes provenant de 228 pays se sont inscrites pour tenter le végétalisme pendant 31 jours. Ce qui en fait le plus grand Veganuary jamais organisé.

Pour watson, j'ai tenté l'aventure👇

C'est quoi être vegan?

D'après The Vegan Society, une association caritative fondée en Angleterre en novembre 1944, être vegan c'est «une philosophie et un mode de vie qui visent à exclure toutes les formes de cruauté envers les animaux pour l'alimentation, l'habillement ou toute autre fin. En termes diététiques, elle désigne la pratique consistant à se passer de tous les produits dérivés en tout ou partie des animaux».

Pour ce challenge, je me suis surtout intéressée à la partie diététique (végétalisme). Je tiens à préciser: j'aime les animaux. Les reportages sur les conditions d'élevages modernes me font froid dans le dos. Mais, pour moi, aimer les animaux ne rime pas forcément avec «ne pas en manger» (ça ne rime pas d'ailleurs), mais plutôt avec «respect» (qui ne rime pas non plus). Et ce, autant dans la façon de produire que de consommer les aliments issus de l'agriculture animale.

Dans un récent rapport, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) conseille l’adoption d’un régime alimentaire «flexitarien», qui consiste à consommer plus de protéines végétales que de protéines animales. Dans l’idéal, il faudrait que chacun puisse diminuer d’environ 70% sa consommation de viande, et de 50% sa consommation d’œuf et de lait. Perso, j'approuve.

Pourquoi tenter l’expérience?

Une chose est sûre: veganuary, c’est un excellent moyen de rendre le mois de janvier encore plus déprimant qu’il ne l’est déjà. Le froid? La neige? Le gris? Omicron? Allez, je me prive en plus de ce qui me fait plaisir (la bouffe), histoire de bien commencer l’année.

Personnellement, j’ai voulu tenter l’expérience par simple ennui. Et aujourd'hui, 1er février, je dois avouer que je suis fière de moi (je ne me suis jamais autant privée de quoi que ce soit), mais que je suis aussi sur les genoux. Fatiguée, surtout, du temps consacré à me soucier du contenu précis des produits. C'est une question d'habitude diront certains. Oui, mais n'empêche: c'est fatigant.

Avec cette expérience, je me suis rendu compte qu'on consomme beaucoup trop de produits laitiers. Le lait, le beurre ou la crème sont vraiment partout. Et ce n'est qu'en les supprimant qu'on comprend. Les éliminer complètement de mon alimentation m'a permis de me sentir beaucoup mieux physiquement. Moralement, comment dire: ne pas me tartiner du St.Marcellin sur un toast grillé le soir, c'était nul.

Ça m'a permis de découvrir mon nouveau légume préféré: le colrave ou le chou-pomme (sur la photo, ça ressemble à une pomme de terre!).
Ça m'a permis de découvrir mon nouveau légume préféré: le colrave ou le chou-pomme (sur la photo, ça ressemble à une pomme de terre!).

Aucun entraînement nécessaire

Le meilleur moyen de se conditionner pour le veganuary? Ne pas se préparer. Pour moi, l'idée d'éliminer tous ces aliments de mon quotidien était tellement énorme qu'elle se suffisait à elle-même. J'ai donc été radicale et, du jour au lendemain, j'ai tout coupé. Inévitablement, je me suis retrouvée seule, au beau milieu de la Coop, ne sachant plus où aller ni quoi acheter, avec une seule question en tête:

«Est-ce que c'est vegan?»

Et cette question, vous allez vous la poser très souvent si vous tentez l'aventure. La vérité, c'est qu'il y a une sorte de paranoïa qui s’installe après les dix premiers jours: la peur de faire une erreur, le doute que du lait en poudre puisse être un ennemi (qui ne l'est pas d'ailleurs, même s'il provient de produits laitiers, il est uniquement listé comme allergène).

Cette question, on la pose pour tout, tout le temps et à tout le monde. On en vient même à se demander s’il y a des traces d’œuf dans son café.

Moi, quand je dois manger un brocoli

GIF animéJouer au GIF

Un conseil: faites simple

On se rend assez vite compte que ça ne va pas être facile, mais pas impossible non plus. Les supermarchés sont plutôt bien équipés aujourd'hui. On peut presque tout remplacer par une alternative végane. Les produits «Karma» de la Coop sont facilement identifiables, et le compte instagram «Swiss Vegan Finds» rassemble tous les produits «autorisés» et disponibles dans les supermarchés en Suisse. (Spoiler: le beurre végétal, c'est pas si mauvais.)

En plus des produits à disposition dans les magasins, il y a énormément de recettes en ligne que l'on peut faire chez soi facilement. Le but étant aussi d'apprendre comment mieux cuisiner les légumes. Et là, je dois avouer qu'on manque tous de connaissances, parce que le steak de chou-fleur d'Ottolenghi est incroyable (par exemple). Le chef a aussi développé l'une des meilleures recettes de bolognaise vegan, à base de champignons. Et le résultat est...bluffant.

De mon côté, j'ai toujours mis la priorité sur la facilité et, dans un premier temps, j'ai décidé de remplacer plutôt que de totalement innover. En pratique: j'ai fait mes courses normalement, et j'ai cuisiné ce dont j'avais envie. Si ce n'était pas vegan, je me demandais simplement par quoi je pouvais remplacer tel ou tel ingrédient. Un katsu curry avec du tofu pané par exemple, ça fonctionne.

Fromage conseillé par une inconnue lors d'un moment de solitude au supermarché. Verdict: c'est meilleur que ce que l'on pense.
Fromage conseillé par une inconnue lors d'un moment de solitude au supermarché. Verdict: c'est meilleur que ce que l'on pense.

Le problème des restos

Ce qui manque encore, à mon avis, ce sont de plus larges possibilités de manger vegan au restaurant. Et par restaurant, j'entends un endroit où le brouhaha des couverts se mêle à celui des conversations. Un endroit où le plancher grince et les serveurs font des vas-et-vient. Pas un «café» au décor scandinave et au nom un peu trop évident.

Ah oui: oubliez les brasseries durant le veganuary. Elles n'ont en général pas de plats vegan. J’en ai fait l’expérience et je me suis retrouvée avec une poêlée de légumes et une portion de frites. A la montagne, c'est pareil. Sauf à Zermatt, au Bazaar, un restaurant végétarien et vegan. Lumière tamisée et cuisine ouverte, c'est le seul endroit où j'ai su retrouver cette ambiance qui m'a tant manquée. Ouvrir une brasserie végane en Suisse? Un grand oui de ma part!

Au restaurant indien par contre, on vous accueille à bras ouverts, avec pas mal de choix pour les plats végétaliens. Mais là encore, tout est une question de perspective: quand mes amis se sont régalés à base de poulet korma, je me suis retrouvée avec un plat d'okra. Alors c'est très bon oui, mais ce n'est pas un poulet korma quoi. La pire chose qui me soit arrivée? Manger une pizza végétarienne sans fromage. Plus jamais.

Coeur pour le burger aux lentiles du restaurant «Alive» à Genève.
Coeur pour le burger aux lentiles du restaurant «Alive» à Genève.

Est-ce que j'ai craqué?

Pendant exactement 31 jours, j'ai mangé vegan 99% du temps. C'est-à-dire que mon petit-déjeuner, mon déjeuner et mon dîner ne contenaient jamais de viande, d'œufs ou de produits laitiers. J'ai aussi fait quelques erreurs: le miel n'est pas vegan par exemple, car les abeilles travaillent dur pour en produire. Et mes Dr. Martens ne sont pas véganes non plus (une version végane existe).

Une fois, j'ai craqué. Oui, j'ai craqué parce que je n'avais pas d'autres alternatives et que je ne prends personnellement pas de plaisir à me torturer volontairement. La newsletter officielle du «veganuary» m'a dit que ce n'était pas grave. (Ouf!) Un conseil: faites le plein de chocolat et de biscuits véganes. Quand on a vraiment envie d'un truc sucré, vouloir combler cette envie avec des raisins secs, ça ne fonctionne pas.

Bonne nouvelle: les Pringles sont vegan.
Bonne nouvelle: les Pringles sont vegan.

Manger, c’est notre identité

C'est peut-être cet aspect qui est le plus difficile à avaler: la façon dont on mange, c'est un reflet de notre personnalité. Ce qu’on choisit de manger et comment on le mange fait intégralement partie de notre identité, de notre culture et de nos valeurs. Changer ces aspects-là, c'est compliqué.

Or l'expérience journalistique, je ne crois pas que j'aurais tenu le coup. J'ai un grand respect pour les personnes qui sont véganes à temps plein: vos convictions sont admirables. Et on va tous inévitablement devoir se poser la question un peu plus souvent, car, qu'on le veuille ou non, notre nourriture a des conséquences directes sur notre environnement.

Epilogue

En 2018, une étude publiée dans la revue Science affirme que la seule manière de réduire notre impact sur la planète, c'est d'éviter la viande et les produits laitiers.

La recherche a démontré que sans consommer de viande et de produits laitiers, l'utilisation des terres agricoles mondiales pourrait être réduite de plus de 75% (une superficie équivalente à celle des Etats-Unis, de la Chine, de l'Union européenne et de l'Australie réunis), et nous pourrions quand même continuer à nourrir le monde.

Enfin, en ce qui concerne veganuary, j'ai pris de bonnes habitudes que (surprise) je vais très certainement garder: grignoter des noix et des fruits secs, boire du lait d'amande et goûter plus de plats végétariens au restaurant.

Des châteaux «à la Française» clés en main au Vietnam
1 / 12
Des châteaux «à la Française» clés en main au Vietnam
source: source : akisa.vn / akisa.vnquelle: akisa.vn / akisa.vn
partager sur Facebookpartager sur X
The Bureau: épisode 1 - Veganuary
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Le Tribunal fédéral confirme la prison ferme pour Alain Soral
Le Tribunal fédéral maintient la condamnation du Français pour discrimination et incitation à la haine en raison de l'orientation sexuelle envers une journaliste.

Le Tribunal fédéral (TF) confirme la condamnation de l'idéologue d'extrême-droite Alain Soral pour discrimination et incitation à la haine en raison de propos homophobes tenus en 2021 à l'égard d'une journaliste. Pour des raisons de procédure, sa peine privative de liberté passe de 60 à 40 jours.

L’article