L'enquête sur l'accident du téléphérique de Stresa en Italie prend une tournure de plus en plus alarmante: les freins d'urgence de la cabine n'ont pas fonctionné parce qu'ils ont été manipulés.
C'est ce qu'ont déclaré la procureure Olimpia Bossi et le lieutenant des carabiniers de Verbania, Alberto Cicognani, après une nuit d'interrogatoires qui a débouché sur l'arrestation des trois responsables présumés du drame. Il s'agit du directeur de l’entreprise qui exploitait le téléphérique, du chef des opérations et d'un ingénieur.
L'analyse des débris trouvés sur place a permis de démontrer que le système de freinage d'urgence de la cabine avait été trafiqué. Concrètement, les deux «fourchettes» permettant de désactiver le frein avaient été insérées. La première a été trouvée encore en place et la deuxième, qui a peut-être été arrachée par l'impact, a été retrouvée mercredi matin à côté des débris de la cabine.
Les trois hommes ont reconnu les responsabilités qui leur sont imputées, écrit Repubblica. Ils ont notamment admis ne pas avoir activé volontairement le frein d'urgence.
Mais que s'est-il passé? Cela faisait un mois que des anomalies dans le système de freinage de l'une des deux cabines du téléphérique avaient été détectées. Des travaux d'entretien avaient été demandés, mais n'avaient pas permis de résoudre le problème.
Pour réparer l'anomalie, une intervention prolongée aurait donc été nécessaire. Ce qui aurait signifié la fermeture de l'exploitation, rouverte depuis peu après le confinement. Pour éviter ce scénario, les personnes arrêtées ont manipulé le système de freinage, explique Il Giornale.
Cette décision a été prise dans la certitude que le câble de traction ne se romprait jamais, ce qui s'est produit dimanche. Les enquêteurs devront comprendre pourquoi.
Les trois hommes sont poursuivis pour «homicide involontaire coupable multiple, désastre coupable et retrait des outils pour prévenir les accidents aggravés par le désastre et les blessures très graves». Selon le procureur, les suspects auraient été «matériellement conscients» que la cabine de Stresa a voyagé sans freins pendant plusieurs jours. (hkr/asi)