Le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi s'est dit prêt, lundi, à céder le pouvoir au futur chef de gouvernement désigné par le président Kaïs Saïed. Ce dernier a suspendu dimanche le Parlement, projetant dans l'inconnu la jeune démocratie en crise depuis des mois en Tunisie, le résumé ici 👇.
Le parti au pouvoir, Ennahdha, qui soutenait Hichem Mechichi, avait qualifié les mesures prises par Kaïs Saïed de «coup d'Etat».
Le président a, par ailleurs, limogé, lundi, le ministre de la Défense Ibrahim Bartagi et la porte-parole du gouvernement Hasna Ben Slimane, également ministre de la Fonction publique et ministre de la Justice par intérim.
Selon Ennahdha, le bureau du Parlement, réuni en dehors du siège Parlement, a appelé l'armée et les forces de sécurité à «se placer du côté du peuple et à remplir leur rôle de protection de la constitution».
La crainte d'un retour en arrière sur les libertés a été accentuée après la fermeture, lundi, du bureau de la chaîne qatarie Al-Jazira à Tunis par des policiers, sans décision de justice ni explications. Amnesty International et Reporters sans frontières ont condamné cette fermeture et appelé les autorités à garantir la liberté d'expression.
En fin de journée, la présidence a annoncé que le couvre-feu nocturne officiellement instauré pour lutter contre le Covid-19 avait été étendu de deux heures, désormais de 19h à 6 heures. Elle a aussi interdit des rassemblements de plus de trois personnes. Le pays de douze millions d'habitants a enregistré officiellement plus de 560 000 cas de Covid-19, dont plus de 18 000 décès.
Signe d'un début de concertation, le président Kaïs Saïed a rencontré, lundi soir, les représentants de l'Union générale des travailleurs tunisiens, de la ligue des droits de l'homme et du patronat, des acteurs qui avaient tiré la Tunisie d'une précédente crise en 2013.
«La situation a atteint un stade inacceptable dans toutes les institutions de l'Etat», a déclaré Saied à l'issue de cette réunion pour justifier ses décisions, évoquant «la corruption».
Pour l'analyste d'International Crisis Group Michael Ayari, «il y a un objectif de restaurer l'efficience de l'Etat, mais il faudra s'assurer d'impliquer un large nombre d'acteurs». L'expert complète:
Les développements en Tunisie, pays souvent représenté comme le seul où a réussi le Printemps arabe, ont suscité l'inquiétude à l'étranger. La France a dit souhaiter un «retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions». Elle a appelé à éviter toute violence, tandis que les Etats-Unis, «préoccupés», ont appelé au «respect des principes démocratiques». (jah/ats)