«La Terre est le berceau de l'humanité. Mais on doit la quitter, on doit avancer pour élargir la conscience humaine», déballe Elon Musk, sourire en coin et regard au loin. Une phrase qui assoit sa passion, ses envies d'ailleurs et de conquête spatiale.
Penser à l'avenir et exporter la conscience humaine au-delà de notre habitat, le fondateur de Tesla est un idéaliste, convaincu de pouvoir coloniser Mars pour sauver l'Humanité.
Aujourd'hui, il est érigé en sauveur de la Nasa. Mieux, c'est grâce à son apport financier, grâce à son intransigeance que la société américaine a retrouvé de sa superbe et retrouve la pôle position dans le domaine aérospatial - après des années à traîner son spleen et dilapider des sommes exorbitantes. Jim Bridenstine, ancien administrateur de la Nasa, évoque même un «échec national». Musk accourt, Musk finance, Musk transcende.
Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin (auteur de l'excellent Free Solo), les deux réalisateurs, s'appuient sur le redoutable entrepreneur, l'orgueil et l'égo en toile de fond, et montrent pourquoi il est la pièce manquante dans la mécanique défaillante de la société américaine aérospatiale. Filmé en salle de contrôle, face caméra, le métrage isole la face entrepreneuriale du Sud-africain, loin de ses frasques.
Le fondateur de Tesla (et de SpaceX) est à la tête d'une société qui déborde de passion pour sa mission. Musk trône en catalyseur d'ambitions. Retour dans l'espace ne poursuit pas que les rêves de conquête spatiale de l'entrepreneur, mais aussi ceux d'une équipe soudée à l'amorce d'une remise à niveau de l'ambition spatiale américaine.
Une révolution qui passe par les destins de deux astronautes, ceux qui vont prendre place dans le premier vol habité de SpaceX: Bob Behnken et Doug Hurley. Le film se détache de Musk pour recentrer le récit autour des deux Américains, assis sur «une bombe contrôlée à distance et propulsée à 28 000 km/h», comme ils qualifient leur fusée. Ils incarnent la vie à bord, la vie au sein de l'ISS et des contraintes d'un tel métier.
Les échecs, SpaceX en connaît un rayon. Le film compile les nombreux accidents et les doutes, surtout les philosophies de deux entreprises. La Nasa résout tout sur le papier, tandis que SpaceX expérimente directement sur le terrain. Quitte à voir partir en fumée des années de travail.
Une approche bien différente, qui s'apparente à une prise de risque propre aux start-ups - et à son créateur. Et la réussite est au rendez-vous. Elon Musk est le quatrième à envoyer un vol habité en orbite, derrière les Etats-Unis, la Chine et la Russie. SpaceX est tout simplement le premier vaisseau privé à entrer en orbite.
Un désir intarissable et un travail remarquable de précision, emballés dans un documentaire immersif. Retour dans l'espace pose des arguments qui suscitent une vraie sympathie pour l'infatigable milliardaire sud-africain, messie d'une nouvelle génération d'entrepreneurs à la conquête de l'espace.