La valse des plateformes peut donner la nausée à force de basculer de l'une à l'autre. Sur les Netflix, Prime Video, Disney+, Apple TV+, Mycanal et tout le tintouin, les productions n'arrêtent pas de fleurir et nous, à force de courir après la moindre sortie, de pleurer et de s'essouffler.
Comme chaque fin d'année, il est temps de faire un résumé d'une année sérielle plutôt intéressante (bien, mais pas top).
Et le moment venu de présenter nos top respectifs, les propositions et les arguments ont fusé pour défendre les meilleurs séries de l'année 2022. Grâce à un système de votes de dernière génération, nous avons le plaisir de vous présenter notre top sériel de l'année 2022.
Voilà notre grande gagnante: Severance, critique acerbe du capitalisme et grinçante du monde du travail, avant de basculer en formidable étude de caractère. Terrifiante et brillante, la création de Ben Stiller est prodigieuse à de nombreux égards.
Une fois branchés sur Disney+, nous voilà à huis clos, dans l'arrière-boutique d'un casse-dalle défraîchi de Chicago.
La cadence est maîtrisée, mais infernale. La pellicule est chaude, mais granuleuse. Les dialogues canardent autant d'insultes que de jargon du métier. Et la bande-son est d'ailleurs si dense que The Bear pourrait s'écouter les yeux fermés. (Mention spéciale à l'élégance musicale, de Pearl Jam à Sufjan Stevens.)
Et dire que la production HBO ne devait compter qu'une saison. Ils ont été nombreux à vibrer devant cette deuxième salve. Une formule renouvelée en terres italiennes (exit Hawaï), en Sicile, là même où Hadès a violé Perséphone. Un lieu paradisiaque où s'entrechoquent romantisme et violence, physique et émotionnelle. L'excellent créateur Mike White a réussi un coup de maître, jusqu'à un final ébouriffant.
Portée par un casting brillant, Black Bird nous ramène à la série Mindhunter, on pense au film Les poings contre les murs ou encore à Escape at Dannemora. Une série qui s'attaque au profiling, à la folie stressante des autorités pour coincer un homme soupçonné de choses atroces.
Le spectateur est face à l'hypothétique folie dormante d'un tueur, et soudain, Larry devient un être pervers, aux antipodes de la fragilité décrite par les flics de son patelin. Un polar noir et addictif.
Elle était attendue comme jamais et elle n'a pas déçu: House of the Dragon a réussi à s'extirper de l'ombre de Game of Thrones pour entamer sa propre aventure et s'approprier son propre style. Et même si le début s'avère poussif, la suite s'offre quelques moments épiques, pour enfin trouver son rythme de croisière.
Un peu de Johnny Cash et de Leonard Cohen pour accompagner la formule; des gueules et des paroles semblables à des grognements, Outer Range avance lentement et panse les plaies d'une famille d'éleveurs de bétail, emmenée par Royal Abbott (sublime Josh Brolin).
Outer Range est une sacrée série, fiévreuse et imprévisible, un gros morceau sériel qui offre une percée remarquable et vertigineuse.
WeCrashed, c'est la parfaite illustration de notre époque. Ces bonimenteurs brassant des millions, des milliards de dollars, qui réussissent à lever des fonds colossaux par leur simple force de discours.
Adam Neumann est l'homme qui désirait à travers ces espaces de coworking «élever la conscience du monde», rien que ça. Il s'est posé en oracle pour une génération Y hypnotisée et avide d'un maître spirituel.
Des yakuzas et de la corruption, Tokyo Vice est une série mafieuse bougrement captivante. Une enquête journalistique teintée de thriller néo-noir, les sombres ruelles de la mégapole japonaise rugissent silencieusement et tiennent leurs promesses.
Ils ont été nombreux à crier, écrire qu'Andor était la meilleure série depuis longtemps. L'exploration des faces les plus sombres de la saga en a marqué plus d'un.
La seule série estampillée Netflix qui trouve place dans notre top. La série de Baran Bo Odar façonne un récit énigmatique et crée une ambiance à la paranoïa galopante, cristallisant les mystères autour des protagonistes. Tout peut s'embraser sur ce navire fantôme, une poudrière sur le point d'exploser.