Sarma Melngailis, ce nom ne vous dit peut-être rien mais il a défrayé la chronique au pays de l'Oncle Sam. Une aubaine pour Netflix, grand pourvoyeur des sujets frauduleux pour rassasier ses abonnés.
Après Anna Delvey et notre ami Simon Leviev, le légendaire «arnaqueur de Tinder», le destin de la reine du véganisme nourricière de l'élite de Manhattan vous fera sûrement sourire et vous scotchera sur votre sofa pour la soirée.
Le destin d'une femme si crédule, à la tête d'un empire culinaire en devenir, où le gratin new-yorkais se presse au portillon pour casser la croûte. Bien avant la tendance vegan, Melngailis avait réussi à attirer les stars dans son repaire.
Son succès et sa bienveillance vous rendront le personnage intéressant, touchant à bien des égards. Mais son innocence, sa sensation de se sentir différente des autres, la pousse à boire les paroles d'un illustre inconnu, repéré sur le compte Twitter d'Alec Baldwin – oui, parce que madame a repoussé l'acteur –, pour tomber sous le charme du mystérieux casanova virtuel. Sa plus grande erreur. Céder aux avances de ce Shane Fox – en 2011 –, un agent secret en opération spéciale qui bosserait pour la CIA ou l'armée américaine. On ne sait pas. Mais ça va l'aspirer dans une boucle infernale, tantôt mystique, tantôt terrifiante.
Ce Shane serait sous l'emprise d'un grand frère, d'une famille qui fonctionnerait comme Big Brother. Si la jeune femme décide de ne pas appliquer les règles, Shane pourrait être abattu. Simon Leviev, sors de ce corps!
Ces quatre épisodes ont une saveur crue et bien indigeste tant on ne peut s'empêcher de sourire à propos de ce mystérieux bonimenteur. Il promet à Sarma de rendre son toutou immortel, en l'occurence la prunelle de ses yeux. Mais pour ce faire, il lui faut...de l'argent, pour charpenter leur «conte de fées». Tout pouvait être effacé comme par magie, tout n'était pas réel et Leon, le fameux chien, deviendrait éternel. Difficile de ne pas ricaner.
Le bougre se mouvait tel un spectre insaisissable, voyageant dans différents endroits. Il était au-dessus des lois terrestres, au-dessus du monde; Shane était une entité surhumaine dans notre sphère de béotiens boiteux. Ces forces mystérieuses que Shane – ou plutôt Anthony, mais vous l'apprendrez plus tard – brandit, vont se déchaîner si la restauratrice ne respecte pas le chemin défini.
A travers la lentille de la «Bernie Madoff végan», comme elle était surnommée par la presse américaine, Bad Vegan: Arnaque au menu portraiture une femme fragile, bonne entrepreneuse. A travers une myriade d'entretiens d'anciens employés, ou encore son père, sa sœur et un journaliste de Vanity Fair, Melngailis est cette jeune femme peu sociale, se sentant en décalage avec son environnement, fuyant le brouhaha urbain et mondain.
Toujours est-il que dans ce docu-série, c'est un équilibre à trouver pour le spectateur: démêler le vrai du faux; isoler les faits réels pour cerner cette histoire rocambolesque.
Chris Smith, le réalisateur derrière l'excellent documentaire Fyre, dépeint le stratagème perché d'un homme rompu à la tromperie, capable de faire avaler des histoires grotesques à une femme candide. Deux millions extorqués et une prophétie sur l'immortalité canine plus tard, Anthony (ou Shane) a essoré psychologiquement la golden vegane. Une série excellemment torchée, digne d'un sort jeté sur l'innocente Samra, poussée dans un gouffre financier et mystique.
Disponible depuis le 16 mars sur Netflix
I wrote a short thing. https://t.co/jw2nCzZAyU
— Sarma (@sarma) March 16, 2022