En ce moment, Fabrice souffre. C'est l'été, tout le monde porte des couleurs claires, mais pas lui. Il porte du noir de la tête aux pieds, comme 487 jours de l’année et il a chaud. Parfois, il ose une petite excentricité en portant une chemise gris foncé. C'est la vendeuse du magasin The Kooples qui l'a convaincu. Mais ça n’ira pas plus loin.
Pourquoi? Parce que Fabrice est dans son personnage, celui du quadra moitié rockeur, moitié dandy. Pas le rockeur un peu beauf, fan de Johnny Hallyday. Son truc? The Strokes et Alain Bashung.
Il aime également Led Zeppelin mais plus tellement depuis que Dior utilise Whole Lotta Love dans sa pub pour le parfum Homme. Ça aurait dû être lui à la place de Robert Pattinson dans la baignoire.
Il prétend également avoir un côté punk. Pas punk à chien, plus punk gentil qui écoute du Nirvana. Jadis, quand il était jeune, il s'était fait envoyer des cassettes (des tapes, comme il dit) pirates du concert à Rome. Quand Kurt Cobain est mort et que le concert est sorti en coffret, il était là: «putain moi je l'ai en cassettes ce concert, ce coffret c'est une profanation.» D'ailleurs, il prend bien soin de dire Kurdt Cobain, parce que le chanteur écrivait son nom ainsi. Seuls les vrais savent et Fabrice est un vrai donc il prend un malin plaisir à corriger les gens qui disent Kurt en racontant le fun fact qui n’est pas du tout fun.
Vous l’aurez compris, Fabrice est fan de rock. Même qu’il en fait. Il a un groupe avec qui il se réunit une fois par semaine. Ils ont sorti un album il y a quelques années... 8000 écoutes sur Spotify, il n’est pas peu fier. Malheureusement, 8000, c’est pas assez pour se faire de l’argent. Du coup, Fabrice a un vrai métier. Il est à son compte dans le domaine de la vidéo.
En plus de porter du noir 487 jours par année, Fabrice porte des lunettes de soleil 24 heures sur 24, comme Philippe Manœuvre (pas le juré de la Nouvelle Star, le critique musical).
Qu’il fasse beau ou moche, il les a sur le nez. C’est parce qu’il ne veut pas qu’on regarde au fond de son âme.
Le matin, quand il arrive au bureau telle une rockstar, il fonce avec ses Converse All Star noires qu'il a depuis 15 ans, droit à la cuisine pour se couler un café. Pas de sucre, pas de lait, noir… comme la vie. Il est 9 heures et c’est son quatrième. Vous ne le verrez jamais avec une bouteille d’eau, faudrait quand même pas avoir l’air trop sain. Quand il ne boit pas de café, il boit de la bière ou du vin rouge, toujours accompagné de son troisième bras, sa cigarette.
Fabrice est un fumeur, un vrai. Sans sa cigarette, il perd son charisme, sa personnalité. Il ose même se comparer à Gainsbourg: «T’as déjà vu Gainsbourg sans une clope, bah moi c’est pareil.»
Sans grande surprise, Fabrice n’est pas un grand sportif. Même qu’il les déteste, «eux là… qui courent en montagne.» Et à ceux qui lui disent: «Mais, t’as pas peur pour ta santé?» quand ils voient le cendrier de chez Fabrice au bord de l'explosion, il a une réponse toute trouvée: «Faut bien mourir de quelque chose». Et il boit une grande lampée de café.
Côté lectures, il lit du Virginie Despentes et des BD hyper niches que personne ne connaît, avec des dessins en noir et blanc (surtout pas de couleurs!). Niveau films, il adore Quentin Dupieux et se lance régulièrement dans des logorrhées verbales sur le film Réalité ou Mandibule comme s’il écrivait une critique pour Télérama.
Il est peut-être rock 'n' roll mais sur son feed Insta, rien ne dépasse. Bien sûr, il fait croire qu'il est à l'arrache en balançant un selfie miroir, barbe de trois jours, clope au bec, chemise à moitié dans le pantalon et cheveux en bataille.
Ne vous méprenez pas, tout ceci est calculé, maîtrisé, léché. Sur le réseau social, il partage des photos de son appartement, minutieusement décoré avec des meubles vintage. Il faut que ce soit cher mais que ça ait l'air un peu sale.
On souhaite bonne chance à Fabrice pour la suite de sa vie!