Sans Filtre est un nouveau format dans lequel vous, watsoniens, pouvez témoigner sur des sujets tabous de manière anonyme.
Notre premier témoignage est signé OXO. Il a 36 ans et il vient des Alpes vaudoises.
Premièrement, je tiens à dire que je suis quelqu’un de TRÈS imaginatif et que d’ordinaire, même mes rêves sont fous. Je vous passe les détails, mais entre les kidnappings par des aliens dauphins en Crocs roses ou des ébats en apesanteur, je me défends pas mal! Bref.
J’avais un peu moins de 18 ans lors de ma première expérience avec la drogue, excepté la weed que je fumais depuis l’âge de treize ans. Un vendredi après-midi, après une journée de skateboard, on est allés avec des amis près de Taveyanne (VD) pour cueillir des champignons hallucinogènes. «Les grands» nous avaient dit de ne pas les croquer car ça pouvait nous trouer les dents. J’imaginais déjà la galère avec des dents en mode emmental donc on a pris le conseil méga au sérieux.
Emballés dans un assemblage de feuilles à rouler, les champignons n’attendaient plus que de goûter à mes sucs gastriques… Pour se chauffer, on a bu quelques Smirnoff Ice et plusieurs grammes de weed étaient de la partie.
Retour à la maison pour prendre nos affaires de camping. Ça allait être plus cool de triper en forêt. Une fois bien installés tous autour d'un feu, on a sorti nos parachutes de champi pour se les enfiler. Le problème, c'est que ça passe pas dans la gorge facilement. Heureusement, un ami avait amené un méga pot de yaourt vanille. Son grand frère avait dit: «Balancez-les dedans et gobez-moi tout ça». Effectivement, c’était une bonne idée.
Après 30 minutes, on en a repris parce que «ça faisait rien», le fameux. Tout à coup, j'ai eu l’impression de voler littéralement au-dessus du feu, d'avoir des rollers et de glisser sur les nuages. Je pouvais me déplacer légèrement de gauche à droite à environ un mètre du sol. Tout en me marrant continuellement, je suis resté plusieurs minutes dans cet état d'apesanteur et, au moment où j'ai voulu redescendre vers les autres, j'ai pris peine à fixer un pote dans les yeux. C'était impossible, je me focalisais sur ses joues mais elles prenaient une forme bizarre. Et là, j'ai réussi à faire apparaître des boutons sur son visage, qui se sont transformés en fenêtres. Oui, j’ai réussi à transformer mon pote en bâtiment. Pas n’importe quel bâtiment, celui à côté de chez moi. Je me souviens avoir pensé à ce moment-là que c’était une idée géniale de prendre des champignons car j’étais quand même conscient... enfin, je crois.
Plus tard, quelqu'un est arrivé vers moi en me jetant des spaghettis bolognaise au visage et en chantant des trucs pires aigus. C’était une femme avec un casque avec cornes en mode gaulois. C’est beaucoup plus flou comme souvenir, à mon avis c’était l’apothéose du délire.
Le jour se lève, ma tête tourne toute seule. Un ami à côté de moi se réchauffe les mains près du feu, mais il est éteint. Je le lui fais remarquer mais il dit que les flammes l’apaisent. Je me marre trop, genre pendant cinq minutes, je suis en fou rire.
Les esprits de presque tout le monde reviennent excepté un ami qui pleure sans arrêt, car il a peur. On le rassure du mieux qu’on peut. Il ne peut pas expliquer pourquoi il pleure. Il nous dit juste que «ça lui fait mal.» Là, je me suis dit que la prochaine fois, je réfléchirai à deux fois avant de bouffer autant de champignons.
J’avoue avoir testé encore plein de drogues durant deux ans. Mais j’ai toujours pu arrêter à temps. Après ces deux années de test, j’ai trouvé ma voie et je suis devenu quelqu'un de tripé mais sans drogue.