La justice zurichoise a prononcé, mercredi matin, son verdict dans le procès de l'ex-patron de Raiffeisen et de ses six co-accusés. La justice a reconnu l'ancien chef de Raiffeisen coupable de plusieurs abus de confiance, de plusieurs actes de gestion déloyale et de faux dans les titres. La Cour le relaxe, en revanche, sur les accusations d'escroquerie et de corruption passive. Vincenz a déjà annoncé qu'il porterait l'affaire devant la Cour suprême.
En plus de la peine de prison, Vincenz écope d'une peine pécuniaire avec sursis de 280 jours-amende à 3000 francs, avec un délai d'épreuve de deux ans. Le tribunal a condamné Vincenz pour:
En outre, Vincenz devra rembourser 236 000 francs à la Banque Raiffeisen.
Le juge a estimé que la faute de l'ancien chef de Raiffeisen était «considérable». Dans le cadre de ses participations dans des entreprises, il a parfois fait preuve d'une grande énergie criminelle. Il a abusé de sa position de confiance. Mais il faut lui reconnaître que ce sont surtout des banques qui ont été lésées et non de «simples citoyens». De plus, Raiffeisen n'avait pas de mécanisme de contrôle, selon le juge.
Le tribunal a également critiqué la manière dont Vincenz gérait ses frais. Les nombreuses visites dans des clubs de strip-tease et des cabarets dans toute la Suisse n'auraient «pas été dans l'intérêt de la Raiffeisen». Cette conception selon laquelle toutes les dépenses sont considérées comme des frais va «nettement trop loin». L'entretien des relations a aussi ses limites.
De plus, Vincenz a également comptabilisé des voyages privés, par exemple à Dubaï ou à Majorque avec son club de cuisine, comme des dépenses professionnelles. Il s'est donc rendu coupable de gestion déloyale.
Selon le juge, il n'était pas non plus légal que Vincenz comptabilise un rendez-vous Tinder dans un restaurant coûteux et la rénovation d'une chambre d'hôtel saccagée sur la Raiffeisen. Dans ce cas, il a clairement «quitté sa fonction de chef de la Raiffeisen». Lors du procès, Vincenz avait qualifié le rendez-vous Tinder d'«entretien d'embauche».
Le banquier a, toutefois, été acquitté sur plusieurs points, car le ministère public n'a pas pu présenter de preuves solides. Le procureur avait en vérité requis une peine d'emprisonnement de six ans. Le tribunal ne l'a donc suivi qu'en partie.
Cependant, la peine aurait tout de même été plus élevée. En raison du nombre de reportages et de fuites impliquant la divulgation de documents secrets ont également été cités, le tribunal a toutefois réduit la peine de neuf mois.
Le deuxième accusé principal, l'ancien chef d'Aduno, Beat Stocker, a été condamné à une peine de prison de quatre ans. Cette peine a également été prononcée par le tribunal sans conditionnelle. En plus de la peine privative de liberté, Stocker écope d'une peine pécuniaire avec sursis de 160 jours-amende à 3000 francs.
Le tribunal a reconnu Stocker coupable de gestion déloyale, d'incitation à la gestion déloyale, d'escroquerie, de tentative d'escroquerie, de corruption passive, de violation du secret commercial et de faux dans les titres à plusieurs reprises. On ne sait pas encore si Stocker fera appel du jugement. Son avocat veut encore l'analyser.
Pierin Vincenz et son acolyte Beat Stocker auraient placé des participations occultes dans des sociétés destinées à être rachetées par Raiffeisen ou Aduno, dans le seul but de s'enrichir. Pierin Vincenz était aussi accusé d'avoir financé de grosses dépenses privées à travers des notes de frais.
Vincenz et Stocker doivent, en outre, rembourser ensemble 2,6 millions de francs à une entreprise rachetée et donc lésée, soit 1,3 million chacun. Vincenz doit, en outre, rembourser à la Raiffeisen les dépenses qu'il a engagées pour «entretenir ses relations» dans des clubs de strip-tease, ainsi que ses voyages privés et sa chambre d'hôtel saccagée, soit un total d'environ 300 000 francs.
(jah/ats)